
L’entrée de l’hôpital de l’AUB, à Hamra, devenu le lieu privilégié des sit-in des employés congédiés de l’institution. Photo ANI
Les personnes victimes du plan social à l’AUB et à l’hôpital universitaire de l’université (AUBMC) ont effectué hier un nouveau sit-in devant l’entrée principale de l’hôpital à Hamra, avec un nombre de syndicalistes et d’activistes venus les soutenir. C’est le comité de suivi des ouvriers et employés de l’AUB et la Fédération nationale des syndicats des travailleurs qui avaient appelé à cette nouvelle manifestation hier, en signe de solidarité avec les 650 employés et 200 contractuels congédiés par cette grande institution, et en signe de refus de ce qu’ils appellent « des politiques injustes ».
L’affaire prend une nouvelle ampleur : des plaintes seront présentées auprès du ministère du Travail et de l’Organisation internationale du travail, ainsi que l’a annoncé hier la Fédération nationale des syndicats des travailleurs. Il faut dire que le nombre de licenciements dans cette institution a laissé les employés congédiés en état de choc. Lundi, ils s’étaient retrouvés au même endroit, pour crier leur désarroi face à la perte de leur emploi, et leurs témoignages étaient poignants (voir L’OLJ du 21 juillet). Les licenciements, dont on parlait depuis plus d’un mois, ont été mis à exécution le 17 juillet. Ils interviennent dans un contexte de crise économique et financière sans précédent au Liban.
Hier, les manifestants ont coupé la route devant l’hôpital à toutes les voitures, à l’exception des ambulances se dirigeant vers l’hôpital. Des slogans hostiles au président de l’AUB, Fadlo Khuri, étaient scandés, revendiquant sa démission. Les manifestants ont également accusé le syndicat des ouvriers et salariés de l’AUB d’être complice de l’administration, refusant la proposition qui leur a été faite de présenter des « demandes de grâce ». Les employés licenciés estiment en effet que la manière dont on leur a signifié leur congé était « humiliante » et que les indemnités qu’on leur offre sont négligeables, notamment dans un contexte de crise économique et monétaire. « On nous a sacrifiés », ont-ils encore assuré hier. « Les demandes de grâce sont réservées à ceux qui sont coupables d’une quelconque malversation, pas à ceux qui ont sacrifié les meilleures années de leur vie au service de l’hôpital », a lancé Ahmad Moqdad, membre du comité de suivi.
Licenciements abusifs ?
Castro Abdallah, président de la Fédération nationale des syndicats des travailleurs, a, pour sa part, qualifié la vague de licenciements de « massacre ». « Nous ne devons pas considérer ces licenciements comme une affaire ordinaire, surtout que l’université ne souffre d’aucune crise économique », a-t-il lancé. Il a déploré qu’après quatre jours de mouvements dans la rue, aucune réaction significative n’a encore émané de la part de l’administration.
« Nous avons préparé, avec un groupe d’avocats, une plainte qui sera présentée auprès du ministère du Travail et du Comité des libertés syndicales au sein de l’Organisation internationale du travail, a-t-il poursuivi. Nous attendons d’obtenir le texte de la décision d’arbitrage de la part du ministère, qui ne nous a malheureusement pas encore été délivrée. Et cela est honteux. » Il a révélé par ailleurs que les avocats collectent des images et des photos de l’important dispositif militaire et policier qui avait été déployé aux premiers jours qui ont suivi l’annonce des licenciements, ce qui avait alors fait scandale et poussé le président de l’AUB à reconnaître que ces licenciements « auraient pu et dû être mieux gérés » (voir L’OLJ du 20 juillet).
Dans ce cadre, l’avocat Achraf Moussaoui a précisé que, suivant l’article 50 du code du travail, « il est du droit des avocats, et de celui des travailleurs licenciés, de prendre connaissance de la décision d’arbitrage, or on tarde à nous en livrer une copie, ce que nous interprétons comme un manque de transparence ». Il a assuré qu’à la lumière de la lecture de ce document, les mesures d’escalade seront décidées, estimant que s’il est prouvé que l’université ne souffre d’aucune difficulté économique, ces licenciements seront considérés comme abusifs.
Les employés licenciés et les activistes qui les soutiennent poursuivent leur mouvement : ils observeront un nouveau sit-in aujourd’hui à 14h30 au même endroit. Auparavant, ils tiendront une conférence de presse à 10h ce matin à l’Agenda légal.