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Économie - Interview

Rodolphe Saadé : CMA CGM continue d’investir au Liban malgré la crise

Le PDG de l’un des leaders mondiaux du transport maritime et de la logistique, le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, détaille pour « L’Orient-Le Jour » les différents projets que son groupe finance au Liban, à un moment où l’activité économique du pays est quasiment à l’arrêt.

Rodolphe Saadé : CMA CGM continue d’investir au Liban malgré la crise

Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM. Photo DR

La crise que traverse le Liban est sans précédent tant au niveau de ses conséquences sur l’économie que sur la société. A-t-elle poussé le groupe à revoir sa stratégie de développement dans le pays ou à repousser certains projets ?

J’étais à Beyrouth pendant trois jours la semaine passée et j’ai constaté à quel point la situation était difficile. Le pays est au ralenti, pour ne pas dire à l’arrêt. Mais il y a aussi des raisons d’espérer, à commencer par la résilience des Libanais dont je salue le courage.

Nous avons toujours été aux côtés du Liban. Nous croyons encore dans le Liban. Nous sommes là pour le soutenir, l’aider à sortir de cette crise. C’est pour cela que nous poursuivons les projets en cours et en lançons de nouveaux. Nous continuons de recruter et d’investir. Par nos actions, nous voulons porter un message d’espoir et encourager d’autres Libanais à avoir la même démarche.

CMA CGM a lancé fin 2019 un projet de « Hub Digital », un centre numérique basé à Beyrouth. Où en est le développement de ce projet ?

Avec le Covid-19, le numérique a pris une place prépondérante dans nos vies et est devenu un outil indispensable. Les jeunes Libanais sont innovants, agiles, compétents et très bien formés sur les métiers du numérique. Ces métiers à forte valeur ajoutée sont l’avenir. Et le Liban peut devenir une référence en la matière.

Nous avons effectivement créé, en fin d’année dernière, « The Hub », un centre de développement numérique dont les locaux sont actuellement au Beirut Digital District (BDD). 20 personnes ont d’ores et déjà été recrutées et nous prévoyons d’en recruter encore 40 d’ici à la fin d’année. Pour accompagner ce développement, nous avons acquis, entre les rues Foch et Allenby, un immeuble de cinq étages dont un sera entièrement dédié au Hub.

L’objectif du Hub est de répondre aux besoins de CMA CGM en matière de transformation numérique en développant les projets numériques du groupe. Ces projets étaient jusque-là développés en Inde ou en Chine. Je préfère qu’ils le soient ici au Liban.

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Vous envisagez de recruter vos spécialistes du numérique sur le marché local, où certains profils très spécialisés sont rares dans ce domaine. Pensez-vous investir également dans des formations ?

Je crois beaucoup dans la formation. Cela permet de renforcer le niveau de compétences et de développer l’emploi. Nous avons donc comme projet de créer une académie dédiée aux métiers du numérique, que ce soit en matière de blockchain, d’intelligence artificielle, ou encore d’internet des objets. Je souhaite impliquer dans sa création de grands groupes numériques pour qu’ils puissent apporter tout leur savoir-faire.

Cette académie nous permettra de former nos collaborateurs du Liban et au-delà. Nous l’ouvrirons aussi à d’autres entreprises libanaises pour la formation de leurs propres salariés.

Vous avez enfin lancé plusieurs projets qui visent à développer votre présence au Liban dans vos deux principaux corps de métier, à savoir le transport et la logistique. Pouvez-vous faire le point sur les dossiers en cours ?

Avec l’acquisition de Ceva Logistics par CMA CGM, nous avons désormais deux activités principales : le transport maritime et la logistique. Ce sont deux activités essentielles au développement économique d’un pays. Afin d’accélérer le développement de l’activité logistique au Liban, nous avons plusieurs projets dont deux à court terme.

Le premier est un entrepôt dans la zone franche du port de Beyrouth, pour compléter l’offre de services de Ceva Logistics. Son activité démarre la semaine prochaine. Le second est la construction d’une packing station (un centre de conditionnement) à Taanayel, soit 6 000 m2 d’entrepôts frigorifiques sur un terrain de 55 000 m2 où est déjà installé un dépôt. Il s’agit d’un investissement important qui vise à valoriser la production agricole de la vallée de la Békaa en la mettant aux standards internationaux pour l’exporter dans le monde entier.

Le groupe CMA CGM a une véritable expertise en matière de transport réfrigéré de fruits et légumes que nous mettons au service du Liban. Tous ces projets sont créateurs d’emplois et contribuent à soutenir l’économie. Ils sont menés à bien par Joe Dakkak, notre directeur général à Beyrouth, et ses équipes.

Le Liban est très bien situé géographiquement. Ses ports jouent un rôle essentiel pour les importations et les exportations du pays et de la région.

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Envisagez-vous toujours d’asseoir davantage votre position dans les deux principaux ports du pays, à Beyrouth et Tripoli ?

Nous augmentons notre participation à 78 % dans la société qui gère le terminal à conteneurs de Tripoli (Liban-Nord), Gulftainer Liban, en rachetant les parts d’un actionnaire actuel. À Beyrouth, nous attendons toujours que la procédure d’adjudication soit relancée. Nous nous sommes alliés avec MSC pour présenter une offre commune. Nous représentons à nous deux près de 80 % des volumes du port de Beyrouth. Nous aimerions avoir de la visibilité sur le calendrier.

Nous menons tous ces projets structurants pour l’économie malgré la situation très difficile que traverse le pays et les Libanais. Nous croyons dans le Liban. Nous voulons l’aider. Je suis convaincu que le Liban sortira de cette crise. Mais, pour cela, il faut que les réformes nécessaires se mettent en place et redonnent confiance aux investisseurs étrangers.

La crise que traverse le Liban est sans précédent tant au niveau de ses conséquences sur l’économie que sur la société. A-t-elle poussé le groupe à revoir sa stratégie de développement dans le pays ou à repousser certains projets ? J’étais à Beyrouth pendant trois jours la semaine passée et j’ai constaté à quel point la situation était difficile. Le pays est au ralenti,...

commentaires (9)

Qui n'investirait dans un pays où le prix des salaires et des biens est à la baisse ? Sachant que si on cultive toutes les terres du Liban, on aura que 10% des besoins des libanais comblés en terme d'agriculture. En gros, CMA va exporter et rapporter quelques livres aux agriculteurs et le Liban va importer davantages des pays environnants des produits de moindre qualité, ce qui est déja fait. Pour ce qui est de l'informatique, c'est une très bonne inniative !

Alors...

16 h 30, le 23 juillet 2020

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Commentaires (9)

  • Qui n'investirait dans un pays où le prix des salaires et des biens est à la baisse ? Sachant que si on cultive toutes les terres du Liban, on aura que 10% des besoins des libanais comblés en terme d'agriculture. En gros, CMA va exporter et rapporter quelques livres aux agriculteurs et le Liban va importer davantages des pays environnants des produits de moindre qualité, ce qui est déja fait. Pour ce qui est de l'informatique, c'est une très bonne inniative !

    Alors...

    16 h 30, le 23 juillet 2020

  • Chapeau pour ces initiatives de lespoir ! nous en avons tellement besoin. Bravo

    Elkhazen maud

    15 h 56, le 23 juillet 2020

  • Chapeau a ces belles initiatives . Une lueur d espoir grqce aux Saade. Bravo

    Elkhazen maud

    15 h 52, le 23 juillet 2020

  • Très très bonne nouvelle pour l'export de produits agricoles, plus de problème de passages des frontières. Chargez les bateaux et vogue la galère ! YESSSSS !!!

    Desperados

    15 h 10, le 23 juillet 2020

  • oui super... ca fait du bien de lire ceci et de voir des initiatives , au dela de la plainte

    Nicole Hamouche

    13 h 38, le 23 juillet 2020

  • Bravo pour ces initiatives et quoi qu'en disent les rabats-joies, le Liban a besoin de ce genres d'actions positives...

    In Lebanon we (still) Trust

    11 h 41, le 23 juillet 2020

  • Enfin une bonne nouvelle! Bravo OLJ! Quelqu’un d’intelligent fait des choses constructives. Il est évident que lorsqu’on a les moyens et que l’horizon est le très long-terme, le meilleur moment pour investir est quand tout le monde est prêt à sortir. Il suffirait que les réformes démarrent pour que ce genre de choses commence à arriver de plus en plus.

    Fady Abou Hanna

    11 h 04, le 23 juillet 2020

  • ON CHOISIT DES INVESTISSEMENTS SANS RISQUES ET QUE QUAND IL LE FAUT PEUVENT ETRE VENDUS OU DEMONTES FACILEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 38, le 23 juillet 2020

  • Je pense qu il dit des balivernes , et s il investit vraiment au Liban c est qu il a contracté le syndrome de la vache folle .

    Robert Moumdjian

    05 h 15, le 23 juillet 2020

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