Le congrès général que tient le courant du Futur, le 25 juillet à la Seaside Arena à Beyrouth, est loin d’être une simple réunion partisane. Le meeting devrait constituer une opportunité pour le chef du mouvement, Saad Hariri, de tracer les grandes lignes de son action politique durant la prochaine phase, au vu de son positionnement de farouche opposant au pouvoir en place. Il s’agit donc d’une nouvelle occasion pour M. Hariri de s’adresser aussi bien à ses alliés qu’à ses adversaires, notamment le Premier ministre, Hassane Diab, et le Courant patriotique libre, cinq mois après la rupture de l’accord politique conclu en 2016 avec cette formation. Une entente qui avait mené le général Michel Aoun à la tête de l’État.
Outre ses attaques contre le CPL et son chef, Gebran Bassil, que le chef du Futur multiplie d’ailleurs depuis le 14 février dernier, date de l’enterrement définitif du compromis entre les deux partis, M. Hariri devrait profiter de l’occasion pour adresser des messages politiques au Hezbollah, deux semaines avant le jugement que le Tribunal spécial pour le Liban devrait rendre, le 7 août, dans l’affaire de l’assassinat de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Un crime dont quatre membres présumés du Hezbollah sont accusés. M. Hariri rompra-t-il avec son attitude jusque-là conciliante dans ce dossier ?
Sans vouloir dévoiler tous les détails du discours une semaine avant la tenue du congrès, Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Futur, déclare à L’Orient-Le Jour que « l’intervention de M. Hariri, lors de la séance inaugurale du congrès, sera principalement articulée autour du verdict du TSL ». « Il devrait également en profiter pour critiquer l’échec du gouvernement à résoudre la grave crise qui secoue le pays », ajoute-t-il. M. Hariri entend en outre « exhorter le Hezbollah à accomplir son devoir pour permettre au pays de se remettre sur la bonne voie, à savoir soutenir l’appel du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à la neutralité du Liban par rapport aux conflits », ajoute M. Allouche. Il indique, en outre, que Saad Hariri définira les grandes lignes de son action durant la prochaine phase. Cela semble débuter par des tentatives de normaliser les rapports perturbés du Futur avec les Forces libanaises et les Kataëb. En dépit des tensions observées récemment entre la Maison du Centre et Meerab, les FL devraient être conviées au congrès haririen. Un geste politique particulièrement significatif en direction des FL et qui pourrait être interprété comme traduisant une volonté de ces deux alliés traditionnels de normaliser leurs relations. Cette même volonté s’est déjà fait sentir chez les FL, dont le chef Samir Geagea est entré en contact avec Saad Hariri, il y a quelques semaines, à la suite d’informations portant sur une explosion près du convoi de ce dernier lorsqu’il était en tournée dans la Békaa le 17 juin dernier. Expliquant ce geste en direction des FL, un responsable du Futur explique que les divergences de points de vue ne signifient pas que les rapports devraient être totalement rompus. « Nous avons convié les partis amis, tels que le Parti socialiste progressiste, les Kataëb (en dépit des rapports en dents de scie entre Saïfi et la Maison du Centre du fait de l’opposition du parti aux deux cabinets Hariri formés sous le mandat Aoun), mais aussi les Marada de Sleiman Frangié. » Un tableau sur lequel se greffent naturellement le président de la Chambre, Nabih Berry, et Nagib Mikati, Tammam Salam et Fouad Siniora, trois anciens Premiers ministres alliés à M. Hariri. Contacté par L’OLJ, M. Siniora confie qu’il a été invité au congrès et qu’il entend, « en principe », y prendre part.
A contrario, et au vu de l’actuel positionnement politique de M. Hariri, le Futur n’a naturellement pas invité le chef de l’État, Michel Aoun, encore moins le Premier ministre Diab, le CPL et le Hezbollah.
Réorganisation partisane
Sur le plan strictement partisan, les participants au congrès – le premier depuis quatre ans –, principalement les cadres et responsables régionaux, devront étudier la vision économique que le parti défendra durant la prochaine phase, de même que son plan d’action politique. Ils devront également élire un nouveau chef de parti, Saad Hariri étant naturellement donné favori pour être reconduit à ce poste. Mais il reste que des changements majeurs sont prévus au niveau de l’organisation partisane, comme le veut M. Hariri lui-même dans une tentative de remédier aux lacunes observées récemment dans la gestion des affaires du mouvement, mais aussi des législatives de mai 2018, à l’issue desquelles le Futur a subi des pertes significatives.
Interrogé par L’OLJ, Abdessalam Moussa, responsable média au sein du mouvement, indique que le secrétariat général du Futur – actuellement dirigé par Ahmad Hariri, cousin de l’ex-Premier ministre – et le bureau politique seront remplacés par un « conseil présidentiel ». « Cette instance que dirigera le chef du mouvement remplira toutes les tâches du secrétaire général », souligne-t-il, avant d’assurer qu’Ahmad Hariri continuera à jouer un rôle au sein du Futur qui sera clairement défini lors du congrès. « Pour ce qui est de la composition du conseil présidentiel, il regroupe le chef du parti et les vice-présidents pour les affaires politiques et organisationnelles », poursuit M. Moussa. Il souligne aussi que le meeting partisan devrait déboucher sur la formation d’un « conseil central ». Il sera formé de cadres et responsables du parti, ainsi que des membres du bloc parlementaire du Futur et des anciens ministres et députés de la formation, et sera chargé des affaires politiques du Futur.
commentaires (6)
ON NE PEUT PAS ALLER TROP LOIN AVEC LES MÊME, HRIRI ET GEAGEA C'ÉTAIT BIEN EUX QUI NOUS ONT RAMENÉ AOUN AUR CETTE MAUDITE CHAISE. UNE PERTE DE TEMPS POUR UN LIBAN LIBRE.
Gebran Eid
22 h 39, le 18 juillet 2020