La ministre de la Défense, Zeina Acar, a affirmé mercredi qu'elle comptait sur les instances religieuses du pays pour empêcher que les dissensions politiques se transforment en conflit communautaire ou sectaire, alors que le Liban connaît sa pire crise économique et sociale depuis la fin de la guerre civile et a récemment été le théâtre de vives tensions intercommunautaires.
"J'ai insisté auprès du mufti sur le fait que nous comptons sur les instances religieuses du pays pour favoriser les espaces de dialogue entre les Libanais et empêcher que tout affrontement politique ne se transforme en lutte communautaire, sectaire ou confessionnelle", a-t-elle déclaré à l'issue d'un entretien avec le mufti de la République, le cheikh Abdel Latif Deriane.
Le mois dernier, des tensions entourant les revendications du mouvement de contestation, et notamment la question du désarmement du Hezbollah, avaient dégénéré en tensions communautaires, lorsque de jeunes chiites partisans du Hezbollah et du mouvement Amal avaient proféré des insultes à l'encontre de Aïcha, l'une des femmes du Prophète Mohammad et figure religieuse vénérée par les sunnites.
Mme Acar a également souligné que l'armée libanaise était "le modèle même de ce que doit être le Liban", notamment en ce qui concerne son unité et sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais. "Nous devons tous soutenir cette institution et renforcer notre confiance en elle, pour qu'elle puisse continuer à protéger la frontière", a ajouté la ministre. "La région toute entière passe par une phase difficile et connaît des conflits et des guerres autour de l'eau, des mers, du pétrole et des richesses, alors que les Etats luttent pour préserver leur unité nationale. Les Libanais, qui ont vécu des conflits, savent que les luttes sanguinaires et les échanges verbaux qui incitent à la sédition ne provoquent que des dommages et des rancœurs. Le mufti est une personnalité sage et attachée à la Constitution. C'est également ce que réclament les Libanais", a conclu la ministre de la Défense.
Critiques des députés joumblattistes
Ces déclarations de la vice-présidente du Conseil interviennent alors que depuis plusieurs semaines, les tensions sont palpables entre la majorité et l'opposition. Lors d'une réunion gouvernementale mardi, le chef du cabinet, Hassane Diab, avait accusé des formations politiques de vouloir "saboter de l'intérieur" le travail du gouvernement et faire obstacle à toute obtention d'aides étrangères, alors que le pays traverse une crise économique et financière sans précédent.
Plus tôt dans la journée, les députés affiliés au Parti socialiste progressiste (PSP) du leader druze Walid Joumblatt avaient de leur côté critiqué avec virulence le gouvernement et les formations politiques de la majorité. "Le gang au pouvoir prouve quotidiennement qu'il s'adonne à des politiques tortueuses et cherche tous les moyens possibles d'exploiter les crises au détriment des Libanais, sans aucune valeur morale ou nationale", a accusé le groupe parlementaire, principalement constitué de députés du PSP. La formation a encore estimé que les pratiques exercées par la classe dirigeante "ancrent l'effondrement total du Liban". Évoquant la crise économique et financière "inédite dans l'histoire du Liban", le groupe parlementaire a appelé le gouvernement à "prendre des décisions audacieuses pour sauver le Liban et l'éloigner des conflits".
Face à la crise "inédite" dans le pays, le bloc a réclamé qu'une hausse de salaires soit accordée aux fonctionnaires afin de compenser la perte de leur pouvoir d'achat en raison de la chute de la livre libanaise face au dollar. Les députés ont également appelé le Parlement à adopter leur proposition de loi concernant la mise sur pied d'un fonds de chômage, en soutien au secteur privé. Ils se sont aussi interrogés sur le devenir des 450 millions de dollars d'aides accordées par la Banque mondiale en soutien aux familles défavorisées, accusant l'exécutif de chercher à "confisquer" cette somme.
commentaires (4)
En d'autres termes : Elle nous dit " faut que Raï la ferme et arrête de déranger nos amis les barbus intégristes et leur milice surarmée". D'ailleurs, c'est ce qu'il a fait à la sortie de Baabda. Sachant que c'est au président de bouger et d'aller vers le patriache normalement. Ce n'est pas au patriache de se déplacer. Enfin, me semble t il.. Je ne suis pas sûr là dessus.
LE FRANCOPHONE
21 h 28, le 15 juillet 2020