S’affirmant de plus en plus comme farouche opposant au gouvernement, le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, s’en est une fois de plus pris au Premier ministre Hassane Diab.
Se livrant à son commentaire quotidien de l’actualité, M. Joumblatt s’est lancé dans une violente diatribe contre le chef du gouvernement. « La rancune, l’argent et l’ignorance se sont alliés avec le puits de science (le ministre) de l’Éducation et son chef, pour que soit émis un décret accordant un permis de construction de nouvelles branches de la LIU (Lebanese International University) aux dépens de l’Université libanaise, mais aussi du mérite et du (bon) niveau (académique). » Et le chef druze d’ajouter : « Le projet de destruction des fondements du Liban apparaît chaque jour et à tout moment de la part de la bande de malfaiteurs au pouvoir. »
Walid Joumblatt réagissait ainsi à une décision prise par le Conseil des ministres la semaine dernière. En vertu de ce texte, le cabinet autorise à la LIU de se doter de nouvelles branches à Beyrouth, Tripoli, Saïda et Nabatiyé, sur demande du ministre de l’Éducation Tarek Majzoub, que L’Orient-Le Jour n’a pas pu joindre hier.
Selon des sources concordantes, la LIU, dont Abdel Rahim Mrad, député pro-8 Mars de la Békaa-Ouest est le propriétaire, tente depuis plusieurs années d’obtenir ces permis pour élargir le champ de ses activités. Sauf que le Conseil supérieur de l’Enseignement supérieur au ministère de l’Éducation avait jusque-là refusé ces demandes, aussi bien sous Marwan Hamadé qu’Akram Chehayeb, tous deux ex-ministres joumblattistes de l’Éducation.
Une source proche du dossier confie dans ce cadre qu’en 2017, le Conseil supérieur pour l’Enseignement supérieur avait déjà refusé une demande d’ouvrir de nouvelles branches de la LIU parce qu’elle ne respectait pas les conditions juridiques requises. Et pour cause : un conflit aurait longtemps opposé les propriétaires de l’université à un wakf musulman de la Békaa, croit-on savoir dans des milieux proches du dossier. On souligne en outre que plusieurs interrogations ont été soulevées concernant le niveau de l’enseignement, des diplômes délivrés, des enseignants et des étudiants. Perçue sous cet angle, la décision du Conseil des ministres est, aux yeux de ceux qui suivent la question de près, « éminemment politique », selon l’ancien ministre Hamadé. Il estime qu’elle vise à adresser un message positif de la part de Hassane Diab à la Rencontre consultative, le sous-groupe de députés sunnites dont fait partie Abdel Rahim Mrad, et qui a soutenu le Premier ministre sur toute la ligne. D’ailleurs, le tweet de Walid Joumblatt n’a pas tardé à susciter des réactions de la part de ses adversaires politiques, notamment Wi’am Wahhab, chef du parti Tawhid, qui s’est adressé sur Twitter à M. Joumblatt en ces termes : « Le gouvernement de Hassane Diab s’est vu confier un pays détruit par votre gang. »
« Une atteinte à toutes les universités »
Interrogé par L’Orient-Le Jour, Marwan Hamadé reconnaît que la décision ministérielle revêt une dimension politique. Mais il stigmatise surtout « une atteinte à toutes les universités et une contribution à faire chuter le niveau académique au Liban ».
Le même souci se fait sentir dans les milieux proches de certaines universités connues pour leur bonne réputation. D’autant que Hassane Diab a accordé ce permis à la LIU aux dépens d’autres établissements prestigieux. De source informée, on apprend que l’Université américaine de Beyrouth avait, à titre d’exemple, formulé des demandes de permis pour des programmes de master, qui n’ont pas été approuvées en Conseil des ministres. Dans les mêmes milieux, on dénonce « un camouflet porté à l’Université libanaise que le gouvernement devrait réformer au lieu de se noyer dans des décisions qui ne peuvent s’expliquer que par des calculs politiques ».
Du côté du Sérail, on préfère ne pas alimenter la polémique. On se contente d’affirmer que le dossier de la LIU était le seul prêt et soumis à l’examen du Conseil des ministres.
C'est dingue quand même. Pendant 40 années ils nous ont grugés, bernés et maintenant ils se permettent de donner des leçons et faire la morale. Si le ridicule pouvait tuer.
19 h 07, le 15 juillet 2020