
Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf. Photo Michel Sayegh
Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a appelé mardi le ministre des Affaires sociales et du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé, à présenter "immédiatement" sa démission, estimant qu'il protège les agresseurs de l'avocat et activiste Wassef Haraké, qui s'était fait tabasser il y a une dizaine de jours à Beyrouth. Lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a condamné "les attaques de ces derniers mois contre des médecins, des journalistes, des juges et des avocats", M. Khalaf a dénoncé des "dérives sécuritaires sans précédent".
S'en prenant au ministre des Affaires sociales, il l'a accusé d'avoir eu "connaissance" de l'agression et de ne rien avoir fait pour l'empêcher, soulignant que les agresseurs étaient "sous sa protection". Il a notamment soulevé le fait que ces individus avaient utilisé une voiture relevant du ministère "pour accomplir leur opération et la préparer" et qu'ils étaient armés. "Ces armes appartiennent-elles au ministère, à toi ou à eux ?", a lancé M. Khalaf, à l'attention de Ramzi Moucharrafiyé. Il a encore dénoncé une attaque visant à "museler" l'activiste. "Nous allons suivre de près ce dossier", a-t-il prévenu, affirmant que le barreau ne permettrait pas que cette affaire soit abandonnée en cours de route. "Nous ne craignons pas de prendre position ou de nous opposer à certaines influences", a-t-il poursuivi.
L'ancien ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a lui aussi appelé M. Moucharrafiyé à la démission. "Le ministère du Tourisme a été créé dans le but de montrer le visage civilisé du Liban (...), a écrit M. Pharaon sur Twitter. Malheureusement, le ministère a été kidnappé et s'est transformé en un outil de la répression, la terreur et les attaques contre les citoyens. Que le ministre démissionne sur le champ."
De leur côté, le groupe de la société civile Beyrouth Madinati a appelé à "un sit-in ouvert" devant le siège du ministère du Tourisme à Hamra, afin de réclamer "la démission de M. Moucharrafiyé et sa traduction devant la justice pour attaque contre les révolutionnaires". Une centaine de personnes ont répondu à l'appel dans la soirée.
Le 3 juillet dernier, alors qu'il quittait les locaux de la Voix du Liban dans le quartier d'Achrafieh à Beyrouth, Wassef Haraké a été agressé, selon son récit, par quatre personnes qui circulaient à motocyclettes. Il a été frappé au moyen d'"objets tranchants" et ses assaillants ont tenté de lui dérober son téléphone portable.
Voiture du ministère du Tourisme
L'enquête des FSI avait permis l'arrestation de six Libanais et révélé qu'une des voitures qu'ils utilisaient était immatriculée au nom du ministère du Tourisme. Lors de cette arrestation, les agresseurs avaient tiré en direction des policiers, blessant l'un d'entre eux à la tête, selon le communiqué publié lundi par les FSI. Les agresseurs avaient avoué avoir mené cette attaque contre l'activiste en représailles d'un sit-in organisé par ce dernier au sein du ministère des Affaires sociales, il y a plusieurs semaines, et qu'ils appartenaient au Parti démocratique libanais (PDL) du député druze Talal Arslane, auquel le ministre Moucharrafiyé est affilié.
En fin de semaine dernière, Wassef Haraké avait annoncé, lors d'une émission télévisée, qu'il allait porter plainte contre le PDL, Talal Arslane et le ministre Moucharrafiyé. Lors de cet entretien, il avait indiqué avoir été suivi par ces hommes armés pendant une semaine.
Le ministre du Tourisme et des Affaires sociales avait pour sa part annoncé vendredi dernier qu'il avait porté plainte contre les agresseurs de Wassef Haraké, et la veille, il avait démenti des informations selon lesquelles l'agression de l'avocat serait liée à une action menée par le mouvement de contestation dans un bâtiment du ministère des Affaires sociales, à laquelle M. Haraké avait participé. Le chef du PDL, Talal Arslane, avait de son côté affirmé qu'il ne "cache pas les personnes impliquées" dans cette agression "inacceptable".
Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a appelé mardi le ministre des Affaires sociales et du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé, à présenter "immédiatement" sa démission, estimant qu'il protège les agresseurs de l'avocat et activiste Wassef Haraké, qui s'était fait tabasser il y a une dizaine de jours à Beyrouth. Lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a condamné "les...
commentaires (11)
Bravo Mr Khalaf vous êtes le courage même la lueur dans l obscurité de ce pays . Nous vous soutenons tous . Bravo .
Leyla Habib
23 h 47, le 14 juillet 2020