Au lendemain d’un week-end marqué par un record de contaminations au coronavirus, avec 252 cas enregistrés en deux jours, les réunions des comités chargés de lutter contre le Covid-19 se sont enchaînées hier pour évaluer la situation et éviter que le Liban n’entre dans la phase 4, celle de la transmission communautaire. Des réunions qui ont abouti à un renforcement des mesures de contrôle.
Réunie au Grand Sérail, la commission nationale chargée de lutter contre le Covid-19 a ainsi émis une série de mesures qui s’alignent sur les recommandations émises plus tôt dans la journée par la commission ministérielle chargée du suivi du coronavirus et de la commission scientifique de lutte contre les épidémies au sein du ministère de la Santé. Ces mesures sont entrées « immédiatement en vigueur » et « les ministres concernés doivent publier aujourd’hui les circulaires nécessaires à leur application », a expliqué à L’Orient-Le Jour Petra Khoury, conseillère du Premier ministre pour les affaires de santé et membre de cette commission. Elle a souligné dans ce cadre « que les personnes testées positives à partir du 1er juillet et qui restent contagieuses seront transférées dans des centres d’isolement ou dans les hôpitaux ». « Le ministère de la Santé doit à cet effet procéder à une réévaluation de leur état de santé, a-t-elle poursuivi. Une évaluation de leur situation sociale sera également effectuée. Une liste des personnes devant être transférées sera donnée au ministère de l’Intérieur et à la Croix-Rouge libanaise pour qu’ils prennent les mesures nécessaires. »
Mme Khoury précise à ce niveau que le ministère de l’Intérieur doit, dès aujourd’hui, charger les mohafez d’équiper et d’activer, d’ici à la fin de la semaine, huit centres d’isolement dans les différentes régions. Il s’agit d’un bâtiment dans le secteur de la Quarantaine, à Beyrouth, de l’hôpital libano-canadien et de l’hôtel Spa au Mont-Liban, du bâtiment de Saint-Antoine à Amchit, de Koura Residence au Liban-Nord, de l’école de Majdel Anjar dans la Békaa, ainsi que des centres Tell Hayat au Akkar (UNHCR) et de Sibline, dans le Chouf (Unrwa).
« De plus, ajoute Petra Khoury, toutes les personnes venant de pays où le test PCR n’est pas disponible seront tenues de s’isoler vingt-quatre heures durant, le temps que le résultat du test effectué à l’aéroport soit connu, dans un hôtel et à leurs propres frais. Évidemment, un deuxième test devra être effectué trois jours plus tard. »
Poursuites judiciaires
Mme Khoury souligne en outre que la commission a décidé de déférer devant la justice toute personne testée positive qui ne respecte pas la quarantaine « sous risque de se voir infliger une amende ou une peine de prison ». « Le port du masque reste obligatoire et un contrôle plus strict est envisagé, insiste la conseillère de Hassane Diab. Les contrevenants risquent une amende de 50 000 livres. Les institutions qui ne respecteront pas les mesures de prévention risquent la fermeture. Plus encore, chaque institution et entreprise doit afficher clairement les mesures de prévention, sachant que tout employé ou visiteur de ces établissements est invité à signaler aux autorités concernées une quelconque infraction. »
Par ailleurs, au grand dam des fumeurs et des restaurateurs, le narguilé sera de nouveau interdit dans les endroits publics. Par ailleurs, la commission compte quelque 2 000 universitaires volontaires qui seront mis à la disposition du ministère de la Santé pour l’aider à l’aéroport, mais aussi dans les opérations de traçage et de dépistage dans les différentes régions.
« L’aéroport ne sera pas fermé et un nouveau confinement n’est pas actuellement envisagé, rassure Mme Khoury. La situation est toujours contrôlable, à condition de se conformer aux recommandations. »
85 nouveaux cas
Le Liban se trouve sur « la pente raide de l’épidémie », prévient de son côté le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses et membre de la commission nationale chargée de la lutte contre le Covid-19. « Si les chiffres actuels de l’épidémie et le nombre des foyers épidémiques qui sont à l’échelle de la transmission communautaire ne sont pas pris au sérieux, nous risquons, avant la fin du mois, de faire face à une explosion épidémique qui dépassera rapidement les capacités des hôpitaux publics et privés », martèle-t-il. Se voulant toutefois rassurant, il déclare à L’OLJ : « En revanche, si les gestes barrières, à savoir le port de masque, le respect de la distanciation, le lavage répété des mains, sont bien respectés et les regroupements évités, nous avons encore la possibilité d’empêcher le coronavirus d’entrer dans nos foyers et d’affecter nos aînés et les personnes les plus vulnérables de la société. Cela nécessite un sursaut de conscience social tant de la part des personnes vivant sur le territoire que de celles qui arrivent de l’étranger. »
Hier, le Liban a enregistré 85 nouvelles contaminations au coronavirus, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé, faisant grimper à 2 419 le nombre des cas cumulés depuis le 21 février dernier, dont 36 décès et 1 425 guérisons. Parmi ces nouveaux cas, 77 ont été signalés localement et 8 parmi des personnes venant du Ghana, d’Afrique du Sud, du Nigeria, du Brésil, d’Irak et de Syrie. Parmi les contaminations locales, 23 ont été enregistrées dans le caza de Baabda, cinq à Aley, trois à Beyrouth et trois autres à Tyr, ainsi qu’un cas dans chacun des cazas du Metn, de la Békaa-Ouest et de Nabatiyé. Il reste à déterminer les cazas dans lesquels ont été signalés quarante autres cas. Actuellement, 45 personnes sont hospitalisées, dont 9 aux soins intensifs.
ON AVAIT TROP TABLE SUR LA BONNE VOLONTE DES GENS. OR ILS MECONNAISSENT LEUR BIEN.
07 h 12, le 14 juillet 2020