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Nos Lecteurs ont la Parole

Beyrouth, ma blessure...

Il y a ceux qui ont quitté, par choix, par hasard, ou par nécessité.

Il y a ceux qui sont restés, par choix, par hasard, ou par nécessité.

Et lorsque l’on questionne les uns ou les autres, au Liban ou ailleurs, tous ont au fond de leurs yeux cette étincelle qui brille quand on évoque Beyrouth.

Tous ont la gorge un peu nouée quand ils parlent de Beyrouth.

Tous ont ce pincement au cœur qui leur rappelle qu’il y a Beyrouth.

On ne peut pas avoir vécu à Beyrouth et ne pas avoir été marqué par cette ville atypique.

Ceux qui ont vécu l’avant-guerre nous racontent la ville qu’ils ont aimée, où ils ont vécu sans réaliser qu’ils touchaient le bonheur du bout des doigts, et que ce bonheur-là pouvait être volatil et se dissoudre un jour, pour ne plus jamais réapparaître.

Ceux qui, comme moi, ont vécu la guerre se souviennent, tout comme les murs et les pierres se souviennent eux aussi des cendres et du sang, mais aussi des instants de bonheur et de malheur que l’on tentait de grappiller intensément parce qu’on les savait fugaces et éphémères... Et qu’il fallait tout prendre, le bon comme le mauvais. Tout prendre, en même temps.

Le temps n’existait pas, ou alors je n’en ai gardé aucun souvenir puisque tout se passait dans l’instant, lequel recommençait l’instant d’après, avec sa charge de bombes, de feu et de fureur, marqués au fer rouge dans notre mémoire.

Ceux qui ont connu l’après-guerre ont vécu de rêves, d’espoirs et d’illusions, alternés par des trêves, des révolutions et de petites guerres entre amis et entre ennemis.

Beyrouth est une blessure qui reste vive chez nous tous.

Tous ceux qui ont vécu à Beyrouth, qu’ils y vivent encore ou pas la ressentent.

Une blessure, des fois ouverte, des fois mal soignée, mais toujours pas cicatrisée.

Parce qu’on ne peut pas avoir aimé Beyrouth et cesser de l’aimer.

C’est une blessure à laquelle on tient, qu’on entretient, qui nous donne envie, les soirs où il fait chaud, de la toucher, même si elle fait mal, même si elle brûle, même si elle s’ouvre.

Ils auront beau faire pour détruire l’âme de Beyrouth, il existe des villes éternelles qui ne pourront jamais mourir, parce que ce qui meurt vraiment, c’est ce qu’on oublie.

Et Beyrouth n’est pas une ville que l’on oublie.

Parce que l’on n’oublie jamais une blessure.

Même si elle est douloureuse.

Surtout si elle est douloureuse...

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Il y a ceux qui ont quitté, par choix, par hasard, ou par nécessité.Il y a ceux qui sont restés, par choix, par hasard, ou par nécessité.Et lorsque l’on questionne les uns ou les autres, au Liban ou ailleurs, tous ont au fond de leurs yeux cette étincelle qui brille quand on évoque Beyrouth.Tous ont la gorge un peu nouée quand ils parlent de Beyrouth.Tous ont ce pincement au cœur qui...

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