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Société - Crise économique

Dans la rue depuis 15 jours, des migrants soudanais demandent à être rapatriés

Sans ressources après avoir perdu leur emploi, ils dorment tous les soirs dans la rue et s’alimentent grâce à la générosité des passants et de quelques ONG.

Dans la rue depuis 15 jours, des migrants soudanais demandent à être rapatriés

Des dizaines de migrants sans emploi et sans papiers sont postés depuis des jours sur le trottoir, non loin de l’ambassade du Soudan. Photo Z.A.

Après le scandale des travailleuses domestiques éthiopiennes abandonnées par leurs employeurs, ce sont les migrants soudanais qui font les frais de la crise économique au Liban. Au moins une cinquantaine d’hommes dorment sur le trottoir tous les soirs, non loin de l’ambassade du Soudan dans le quartier du Bristol, à Beyrouth. Âgés de 20 à 40 ans, ils ont perdu leur emploi et se sont retrouvés à la rue. Certains campent devant l’ambassade depuis 15 jours, en attendant d’être rapatriés, leurs affaires accrochées sur les branches des arbres ou posées à même le sol. Entassés les uns sur les autres et livrés à eux-mêmes, sans nourriture et sans ressources, ces hommes comptent sur la générosité des passants et de quelques ONG qui leur offrent régulièrement des repas et de l’eau potable. Contrairement aux migrantes éthiopiennes, dont certaines ont été hébergées par des associations, ces hommes semblent avoir été oubliés par la plupart des ONG humanitaires.

Walid, 27 ans, est arrivé au Liban il y a un an et demi, mais il a rapidement déchanté lorsque le pays a commencé à sombrer dans l’inflation. « Je dors dans la rue depuis 13 jours. Je n’ai plus de travail à cause de la situation du pays et du Covid-19 », explique le jeune homme à L’Orient-Le Jour. Comme la plupart des migrants qui souhaitent être rapatriés, Walid travaillait comme agent d’entretien et gagnait 600 000 LL par mois, soit l’équivalent de 400 dollars avant la dépréciation brutale de la livre (le dollar frôlait les 9 000 LL hier). « Le salaire que je touchais équivaut quasiment à 40 dollars aujourd’hui. Si je rentre au Soudan, je travaillerai dans n’importe quel domaine. Mais au moins je serai chez moi », confie-t-il. Pour rentrer au pays, ces migrants doivent payer 350 dollars pour le billet d’avion. Et comme la plupart d’entre eux se trouvent au Liban de manière illégale, après être entrés via la frontière syro-libanaise grâce à des passeurs, ils doivent également s’acquitter d’une amende de 650 000 LL chacun avant de pouvoir quitter le territoire libanais.

Zakaria, 35 ans, est dans la rue depuis 8 jours. Arrivé au Liban il y a 6 ans, il vivait dans le quartier populaire de Basta, à Beyrouth. « Je n’ai pas le sou et je ne peux pas me payer un billet d’avion. J’espère que l’ambassade nous aidera, mais elle nous ignore pour le moment. Quelquefois, certains passants nous offrent à manger », raconte-t-il.


La plupart de ces migrants n’ont pas les moyens de se payer un billet d’avion pour rentrer au Soudan. Photos Z.A.


Priorité à ceux qui ont les moyens

À l’heure actuelle, 2 733 Soudanais travaillant au Liban souhaitent rentrer au pays, selon leur ambassade à Beyrouth. Interrogée par L’Orient-Le Jour, une porte-parole de la chancellerie indique qu’un vol de rapatriement était prévu mercredi, mais qu’il n’a pas obtenu les autorisations nécessaires à temps. « Nous organiserons en premier le départ de ceux qui peuvent payer le prix du billet d’avion. Nous essaierons ensuite de trouver une solution pour ceux qui n’ont pas les moyens de le faire », explique la porte-parole, sans plus de précisions. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook le 26 juin, l’ambassade du Soudan précise que son chargé d’affaires a rencontré la Sûreté générale libanaise pour s’enquérir des modalités de départ des migrants qui demandent à être rapatriés. Les discussions auraient porté sur une possible annulation des amendes exigées par la SG pour les sans-papiers.

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Interrogé par L’OLJ, un migrant soudanais de 34 ans qui campe devant l’ambassade depuis plusieurs jours dénonce pour sa part « l’indifférence de la mission diplomatique et des autorités soudanaises face à la souffrance des migrants ». « Cela fait deux mois que nous essayons de trouver une solution avec l’ambassade mais ils nous mentent en permanence », déplore-t-il.

« Il faut que l’ambassade s’entende avec les autorités libanaises pour que nous puissions partir sans payer les contraventions exigées par la Sûreté générale. Nous voulons qu’on nous affrète un avion pour partir le plus vite possible », lance Moussa, chef pâtissier, dans la rue depuis 11 jours. « Je travaillais dans un restaurant qui a fermé il y a 8 mois. Je payais 250 dollars de loyer et j’arrivais à mettre un peu d’argent de côté et à l’envoyer à ma famille. Ce n’est plus possible maintenant », confie-t-il.

Ces dernières semaines, des dizaines de migrants soudanais ont tenté d’entrer illégalement en Israël, dans l’espoir d’y trouver du travail. Depuis début mai, au moins 16 d’entre eux ont été interpellés alors qu’ils tentaient de traverser de nuit la frontière sud du pays, gardée par les soldats de la Finul et de l’armée. Le dernier avait été retrouvé fin juin par des soldats israéliens, caché dans une canalisation d’eau. Il a été interrogé par l’armée israélienne, avant d’être renvoyé de l’autre côté de la frontière. Ceux qui optent pour une tentative de départ vers l’État hébreu auraient des proches ou des connaissances au sein de la communauté soudanaise en Israël. Selon des informations récoltées par l’armée israélienne, il s’agit notamment d’employés du secteur de la restauration, qui avaient organisé leur fuite via les réseaux sociaux.


Après le scandale des travailleuses domestiques éthiopiennes abandonnées par leurs employeurs, ce sont les migrants soudanais qui font les frais de la crise économique au Liban. Au moins une cinquantaine d’hommes dorment sur le trottoir tous les soirs, non loin de l’ambassade du Soudan dans le quartier du Bristol, à Beyrouth. Âgés de 20 à 40 ans, ils ont perdu leur emploi et se sont...

commentaires (3)

Quel dévissage de notre Humanité....

Christine KHALIL

11 h 57, le 10 juillet 2020

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Commentaires (3)

  • Quel dévissage de notre Humanité....

    Christine KHALIL

    11 h 57, le 10 juillet 2020

  • FIATES PAYER A CHAQUE EMPLOYEUR LES FRAIS DE RAPATRIEMENT DE SON OU SES EMPLOYES ET RENVOYER-LES A LEURS PATRIES RESPECTIVES QU,ILS SOIENT SOUDANAIS OU AUTRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 40, le 10 juillet 2020

  • Une situation dramatique après l'autre...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 20, le 10 juillet 2020

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