L’opposition continue de critiquer haut et fort le mandat du président Michel Aoun et le gouvernement de Hassane Diab. Mais ses composantes n’entendent pas, du moins pour le moment, fédérer leurs efforts dans le cadre d’un front unifié. Celui-ci existe donc « virtuellement », en attendant les actes concrets en temps voulu.
C’est ce qui ressort des propos tenus hier par le leader du courant du Futur, Saad Hariri. S’exprimant à l’issue d’un entretien avec le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, l’ex-Premier ministre a critiqué, une fois de plus, le cabinet Diab, notamment en ce qui concerne les réformes que le gouvernement tarde encore à mettre sur les rails. «Un Premier ministre devrait avoir les moyens de mener son action, notamment la nécessité d’avoir des experts – et non seulement des technocrates – à la tête des ministères. Ceux-ci devraient être conscients des véritables réformes au lieu de se contenter d’affirmer leur volonté de les opérer », a-t-il déclaré, avant de poursuivre : « Ce qu’ils (les protagonistes au pouvoir) font actuellement n’est autre que des réformes à leur guise. » Une allusion à peine voilée aux nominations des administrateurs d’Électricité du Liban, adoptées mardi en Conseil des ministres et qui, selon les opposants, obéissent à la logique de partage du gâteau.
M. Hariri a, par ailleurs, rappelé que tout comme (le leader des Forces libanaises) Samir Geagea et (le chef du Parti socialiste progressiste) Walid Joumblatt, il est contre le gouvernement actuel. « Mais chacun de nous s’y oppose à partir de son positionnement sur l’échiquier politique », a-t-il nuancé, précisant toutefois que « cela ne signifie pas que nous ne sommes pas en contact. Je suis en coordination permanente avec Walid Joumblatt ». « J’ai eu un entretien téléphonique avec Samir Geagea (à la suite de l’information portant sur une explosion survenue non loin du convoi de l’ex-Premier ministre dans la Békaa, en juin dernier). Et c’est tout », a-t-il ajouté.
À la question de savoir s’il entend se rendre à Meerab pour y rencontrer le chef des FL, Saad Hariri s’est contenté de répondre : « Je serai à la Maison du Centre. » Et de réitérer son refus de diriger un nouveau gouvernement. Une façon pour lui de faire barrage aux spéculations médiatiques portant sur des tentatives de former un nouveau cabinet dirigé par le leader du Futur.
La rencontre entre Saad Hariri et Mgr Audi intervient quelques jours après de virulentes homélies de la part du métropolite grec-orthodoxe, mais aussi du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Dimanche dernier, les deux prélats s’en étaient pris au pouvoir en place, critiquant la gestion des affaires du pays en période de crise aiguë. Le chef de l’Église maronite a même été jusqu’à appeler Michel Aoun à « briser le siège imposé à la légalité », et plaider pour la neutralité du Liban, un dossier qu’il devrait évoquer lors de sa visite au Vatican prochainement.
Une source informée confie dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que l’entretien avec Mgr Audi sera suivi d’une série de réunions entre M. Hariri et les chefs spirituels, à commencer par le patriarche maronite, qu’il rencontrera aujourd’hui à Bkerké à 11 heures. Les deux hommes devraient réaffirmer leur attachement à la neutralité du Liban et aux « constantes nationales », apprend-on de même source.
Sans vouloir confirmer ces informations, un proche de Saad Hariri contacté par L’OLJ assure que le Futur s’accorde avec Bkerké, mais aussi avec Meerab et Moukhtara, sur la neutralité du Liban et le maintien de la politique de distanciation. Mais il précise que les conditions de la formation d’un front d’opposition ne sont pas réunies à l’heure actuelle.
« Cela ne suffit plus »
Cette convergence de principe sur les questions stratégiques ne semble plus satisfaire Meerab, dont le chef s’est prononcé en faveur d’une opposition unifiée à plusieurs reprises. « Nous sommes conscients que nous convergeons avec le Futur et le PSP sur le plan politique et que chacun de ces trois partis s’exprime à partir de son positionnement politique. Mais cela ne suffit plus. Il faut penser sérieusement à unifier les opposants pour plus d’efficacité », déclare un responsable FL à L’OLJ, estimant que « les contacts menés par l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, et l’escalade pour laquelle a opté le patriarche Raï » pourraient bien dynamiser les efforts d’unification des opposants. « Mais il faut d’abord que MM. Hariri et Geagea se réunissent pour normaliser leurs rapports », dit-il.
Marwan Hamadé, député du Chouf, se veut plus optimiste. « Le front existe virtuellement et s’étend à d’autres composantes de la vie politique, ce qui se traduit par une opposition fragmentée mais de plus en plus forte », dit-il à L’OLJ. « Selon les différentes forces, cette opposition prend des formes et une vigueur différentes. Mais elle démontre que la politique, sur le double plan interne et externe, du cabinet Diab, battue en brèche par ses opposants et que les erreurs du mandat essoufflé de Michel Aoun suscitent l’indignation. D’autant qu’il n’est plus acceptable de voir le Hezbollah contrôler la décision officielle. »
commentaires (12)
assure que le Futur s’accorde avec Bkerké, mais aussi avec Meerab et Moukhtara, sur la neutralité du Liban et le maintien de la politique de distanciation. ca nous arrange bien si vous vous accordez pour nous indiquer les voleurs du trésor et les corrompus ca règlera une partie du probleme des libanais
youssef barada
00 h 16, le 11 juillet 2020