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Monde - Focus

Entre Hong Kong et Covid, Pékin multiplie les antagonismes

Entre Hong Kong et Covid, Pékin multiplie les antagonismes

La chef de l’exécutif de Hong Kong Carrie Lam le 1er juillet 2020. Reuters/Kevin Li/TMHK

Stimulé par sa maîtrise du Covid-19 et l’isolationnisme du grand rival américain, le pouvoir chinois multiplie les terrains d’affrontement avec le reste du monde, sans crainte apparente des condamnations ni des sanctions internationales. Fort de sa puissance économique, le géant asiatique a remisé la retenue diplomatique sous la férule du président Xi Jinping qui, depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, a « dégainé le sabre », observe le sinologue Steve Tsang, de l’École des études orientales et africaines de Londres (SOAS). « Le moment est venu pour la Chine de se faire sa place au soleil », résume-t-il.

Une assurance qui peut s’expliquer par des besoins de politique intérieure : même s’il a considérablement réduit la contagion, le pays reste aux prises avec les graves conséquences économiques du nouveau coronavirus, note la politologue Ling Li, de l’Université de Vienne. La fermeté de Pékin « l’aide à consolider la légitimité du Parti (communiste chinois, PCC) et des dirigeants », estime Li Mingjiang, de l’Université nationale de technologie Nanyang à Singapour. « Toute politique extérieure chinoise a une résonance intérieure. Le nationalisme et la célébration de la force semblent même l’emporter sur le marxisme », note le sinologue François Godement, de l’Institut Montaigne.

Guerre du Covid avec les États-Unis, guerre commerciale, technologique et diplomatique, sanctions réciproques. L’affrontement entre les deux premières puissances mondiales a pris une extension spectaculaire sous Donald Trump et s’est exacerbé avec le coronavirus, le président américain ne perdant pas une occasion de rappeler que l’épidémie est apparue en Chine. Mais l’incapacité des pays occidentaux d’endiguer la maladie a « dopé le PCC, regonflé sa confiance et l’a poussé à agir plus audacieusement », observe Ling Li. « De boulet, la crise du Covid est devenue un atout tactique pour la Chine », souligne M. Godement.

Sécurité nationale

Ignorant les avertissements des pays occidentaux, Pékin est passé en force en promulguant mardi une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, qui fait craindre un recul sans précédent des libertés dans l’ex-colonie britannique. Le texte a été adopté à huis clos et en moins de six semaines par le Parlement chinois, contournant le Conseil législatif hongkongais. « Cela ne vous regarde pas », a lancé en réponse aux menaces de sanctions occidentales Zhang Xiaoming, un haut responsable des affaires hongkongaises à Pékin, alors que les premières arrestations intervenaient à Hong Kong. « Le temps n’est plus où les Chinois dépendaient du bon plaisir des autres pour leur survie. »

Querelle des passeports avec Londres

L’ancienne puissance coloniale a provoqué l’ire de Pékin en annonçant son intention d’élargir l’accès à la nationalité britannique pour potentiellement des millions de citoyens hongkongais. Pékin se réserve le droit de prendre « des mesures adéquates » à titre de rétorsion.

Menaces aériennes avec Taïwan

Pour le pouvoir taïwanais, le comportement du régime communiste à Hong Kong est la preuve que le principe « Un pays – deux systèmes », que Pékin propose aussi à l’île rivale, n’est pas viable. L’armée chinoise a multiplié ces derniers mois les incursions dans l’espace aérien taïwanais.

Guerre à mains nues avec l’Inde

Des morts dans l’Himalaya. Pour la première fois depuis 45 ans, soldats chinois et indiens ont péri lors de combats à mains nues le 15 juin à leur frontière contestée. Les deux États se rejettent la faute, mais New Delhi déplore 20 morts alors que Pékin n’a pas publié de bilan. En réponse, le gouvernement indien a bloqué des dizaines d’applications chinoises très populaires dans le pays, tandis que les consommateurs boycottent les produits chinois. Front judiciaire au Canada, Chinois et Canadiens sont à couteaux tirés depuis l’arrestation fin 2018 à Vancouver de Meng Wanzhou, haute dirigeante du géant privé chinois des télécoms Huawei, à la demande des États-Unis. À peine 10 jours plus tard, Pékin arrêtait deux Canadiens, accusés d’espionnage, et ne se cache désormais presque plus de les utiliser comme monnaie d’échange. Les relations risquent de tomber au plus bas si Ottawa extrade Mme Meng vers les États-Unis.

Sanctions économiques pour l’Australie

Pékin a très mal pris une suggestion australienne d’ouvrir une enquête internationale sur l’apparition du nouveau coronavirus fin 2019 à Wuhan (centre de la Chine). Le régime chinois a bloqué des importations australiennes, tandis que Canberra annonce une politique de réarmement pour faire face à la montée en puissance du pays du Milieu. Bruits de bottes en mer de Chine Pékin mène cette semaine des exercices militaires en mer de Chine méridionale, une zone qu’elle conteste aux autres pays riverains. Le Vietnam a condamné ces manœuvres, de même que les États-Unis, qui envoient régulièrement sur place des navires de guerre au nom de la « liberté de navigation », au risque de provoquer « un incident », selon Pékin.

Patrick BAERT et

Jing Xuan TENG/AFP

Stimulé par sa maîtrise du Covid-19 et l’isolationnisme du grand rival américain, le pouvoir chinois multiplie les terrains d’affrontement avec le reste du monde, sans crainte apparente des condamnations ni des sanctions internationales. Fort de sa puissance économique, le géant asiatique a remisé la retenue diplomatique sous la férule du président Xi Jinping qui, depuis...

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