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Société - Sécurité

Braquages, hold-up et cambriolages suscitent l’inquiétude des Beyrouthins

Les cambriolages d’habitations et de commerces se sont accrus de 32,7 %, mais les vols à l’arraché ont baissé de 45 %, nuance Joseph Moussallem, chef du département des relations publiques des FSI.

Braquages, hold-up et cambriolages suscitent l’inquiétude des Beyrouthins

Nadim Gemayel, député de Beyrouth, avec des habitants et commercants de Furn el-Hayek. Photo ANI

Caché derrière un masque médical, une visière couvrant la moitié de son visage, le regard camouflé derrière des lunettes de soleil, un homme pointe son revolver en direction de deux employés de pharmacie assis derrière un comptoir, leur ordonnant de lui fournir des couches pour enfants. On le voit et l’entend dans la vidéosurveillance leur enjoindre de les placer dans un sac et d’y ajouter les billets de banque qui se trouvent dans la caisse. « L’argent change de mains, c‘est ce qu’ils veulent dans ce pays », lance-t-il froidement, en référence aux responsables politiques. « Ce sont eux qui doivent être arrêtés », lâche-t-il en quittant les lieux.

La scène illustre en quelques secondes la situation d’insécurité alarmante causée par des individus qui, dans le marasme socio-économique inédit, se retrouvent convertis en malfaiteurs pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Sur les réseaux sociaux, la publication massive de séquences similaires montrant braquages, cambriolages, hold-up et vols à l’arraché alimentent la psychose auprès des Libanais, chacun craignant d’être attaqué à tout moment dans la rue ou de voir sa maison ou son établissement cambriolé. Sous couvert d’anonymat, plusieurs victimes d’agressions récentes racontent leurs mésaventures à L’Orient-Le Jour, recommandant en connaissance de cause de redoubler de vigilance, comme le conseille fortement le chef du département des relations publiques des Forces de sécurité intérieure (FSI), Joseph Moussallem. Joint également par L’OLJ, il indique que les chiffres ne traduisent pas partout une augmentation de vols. Il révèle que si durant ces cinq derniers mois le nombre de cambriolages d’habitations et d’établissements commerciaux s’est accru de 32,7 % par rapport aux cinq derniers mois de 2019, les vols à l’arraché ont pourtant baissé de 45 % pour la même période. Non parce que la sécurité est meilleure, mais probablement parce que les gens se sont peu déplacés en raison des mesures de confinement.

Le jour et la nuit

C’est surtout dans la capitale que les agressions ont lieu. À tout moment de la journée et de la nuit. Pas plus tard que mardi à 19h15, Nadine* rentrait chez elle après avoir récupéré son fils de 9 ans qui venait de passer l’après-midi chez son ami, rue Schéhadé (Achrafieh). Au niveau de Mikado, un magasin de fleurs situé à la rue Sélim Bustros (Tabaris), elle voit surgir devant elle un homme à la stature colossale, qui tente de lui arracher son sac à main. Elle se débat avec vigueur. « Je ne sais pas d’où j’ai puisé ma force », déclare cette banquière, attribuant son courage probablement au fait qu’elle tient à son téléphone portable qui, renfermant beaucoup d’éléments en rapport avec son travail, se trouvait dans le sac. La jeune femme relève que dans la ruelle qu’elle avait empruntée une minute auparavant, elle avait remarqué « deux motards, qui, étrangement, portaient des masques à valve en plein air ». Ce qui l’aurait donc poussée à être plus attentive. Elle ajoute que, par crainte d’être volée, elle s’est habituée depuis le début de la crise économique à tenir avec fermeté son sac lors de ses déplacements à pied. Serrant donc celui-ci fortement contre sa poitrine, elle lutte contre le colosse, qui la fait culbuter devant son fils effrayé et en pleurs, et criant « maman ». Même par terre, Nadine ne lâche pas prise, tandis que le malfaiteur monte à bord d’un deux-roues conduit par son complice venu à son secours. Traînant la jeune femme sur l’asphalte, sur une distance de 20 mètres, pendant que la moto roule à toute allure, l’agresseur continue à tirer sur le sac, et la jeune femme de même. « Au moment où je me suis dit qu’il fallait que je lâche prise, l’homme a dû penser la même chose et a donc abandonné. » Interrogé pour savoir quelle est l’attitude optimale à prendre dans une telle situation, Joseph Moussallem préconise de « ne pas opposer de résistance à tout prix ».

Scénario des deux motards

Une autre jeune femme ayant requis l’anonymat n’a pas eu besoin de résister puisqu’elle ne s’est pas rendu compte de ce qui lui arrivait. Il y a trois semaines, elle circulait en plein après-midi rue Clemenceau, lorsqu’elle s’est vue d’un coup dépouillée de son sac qu’elle tenait en bandoulière. Réalisant qu’un homme assis à l’arrière d’une moto venait de le lui prendre, elle se met à courir machinalement derrière lui. En vain. La victime raconte que les caméras de surveillance du quartier ont montré que la moto ne portait pas de plaque d’immatriculation. Au poste de police auprès duquel elle a porté plainte, on lui a indiqué que ce scénario des deux motards est souvent le même.

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Il était une fois la classe moyenne

Joseph Moussallem affirme à cet égard que diverses bandes organisées sévissent, se fixant chacune telle ou telle rue comme cadre d’opérations. Soulignant que « les FSI font un suivi scientifique et détaillé de toutes les régions pour réduire la criminalité favorisée par le grave contexte socio-économique », il affirme qu’elles « procèdent avec professionnalisme et efficacité à la poursuite des gangs ». Cela ne doit pas dispenser de prendre des précautions pour éviter les désagréments et chocs que causent de telles mésaventures, avise-t-il. Il conseille aux dames de porter des sacs de petite dimension, du côté du mur et non de la voie, et de les remplir de ce qui est strictement nécessaire à l’objectif de leurs déplacements, plutôt que d’y placer des pièces d’identité. Il prône dans le même cadre de ne pas parler au téléphone portable du côté de la rue, et en tous cas de garder celui-ci dans la poche et de se munir d’écouteurs.

Il y a deux semaines, une dame étrangère s’était vu arracher son téléphone mobile devant les établissements Dfouni, rue Sélim Bustros. Il était 21h, et selon un témoin, les deux malfrats ont aussitôt fui en direction du quartier de Mar Mitr. Toujours dans une rue, pas loin de Furn el-Chebback, mais cette fois en voiture, Zeina*, assise sur le siège passager à côté de son mari, s’est vu le 22 juin, vers 17h, arracher son collier en or. Là aussi, deux motards sont en cause. Cette fois, ils choisissent la ruse comme mode opératoire. Avant d’emprunter la bretelle de l’autoroute conduisant vers Achrafieh, les automobilistes sont abordés par les truands qui leur font croire que le tuyau d’échappement de leur véhicule est sur le point de se détacher. Tandis que le conducteur s’arrête, l’un d’eux saute à terre et se plante à visage découvert devant la vitre de la portière mi-ouverte, à travers laquelle il passe son bras pour arracher à Zeina le collier en or qu’elle portait autour du cou. Blessée dans la manœuvre, la dame n’a pas souhaité porter plainte.

Coffre-fort

En revanche, le propriétaire d’un café-resto-boulangerie situé à Achrafieh (Furn el-Hayek) a porté plainte à la suite du cambriolage d’un grand coffre-fort qui se trouvait à l’intérieur de son établissement. Sur place, l’ambiance est triste et pesante. On n’en revient pas encore de « l’arrogance » avec laquelle ont agi les malfrats. Un proche du propriétaire raconte que dans la nuit de samedi à dimanche, vers 3h30, deux hommes masqués et encagoulés ont tenté pendant plus d’une demi-heure de remonter le rideau de fer de l’établissement, sans être inquiétés par aucune patrouille de police, alors que le couvre-feu était de rigueur. Dans la vidéosurveillance, ils sont filmés en train de donner des coups tonitruants sur le métal, raconte ce proche, s’étonnant qu’aucun voisin n’ait prévenu la police. Pourtant, l’immeuble situé en face est doté d’un personnel de sécurité, note-t-il. Étant parvenus à entrer, les deux malfaiteurs ont ensuite passé une heure à tenter de percer le coffre-fort, sans succès. Déterminés malgré tout, ils sortent le coffre-fort, attendant pendant de longues minutes une voiture qui les cueille finalement à 5h05. « L’État policier agit avec discrimination », se désole ce proche, en référence à l’impunité de certains. Il souligne toutefois que le poste de police d’Achrafieh, auprès duquel une plainte contre inconnu a été déposée, mène l’enquête « avec un très grand sérieux ». Pour un tel cas, le colonel Moussallem conseille de fixer les coffre-forts au sol, coulés dans du béton.

À noter que Nadim Gemayel, député de Beyrouth, s’est rendu hier à Tabaris et Furn el-Hayek, où il s’est enquis des appréhensions des habitants et commerçants des deux quartiers.

* Les prénoms ont été modifiés.

Caché derrière un masque médical, une visière couvrant la moitié de son visage, le regard camouflé derrière des lunettes de soleil, un homme pointe son revolver en direction de deux employés de pharmacie assis derrière un comptoir, leur ordonnant de lui fournir des couches pour enfants. On le voit et l’entend dans la vidéosurveillance leur enjoindre de les placer dans un sac et d’y...

commentaires (6)

LES VOYOUS ET LES CAMBRIOLEURS PROFITENT DU CHAOS ET SEMENT L,INCERTITUDE ET L,INSECURITE PARMI LES CITOYENS.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 26, le 03 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • LES VOYOUS ET LES CAMBRIOLEURS PROFITENT DU CHAOS ET SEMENT L,INCERTITUDE ET L,INSECURITE PARMI LES CITOYENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 26, le 03 juillet 2020

  • Tiens! On n’entend pas le technocrate de l’Intérieur s’exprimer sur un sujet aussi grave. Il doit sans doute être très occupé à dresser des PV à ceux qui ne portent pas des masques ou bien il réfléchit comment remettre la circulation alternée mais cette fois ci en modifiant les jours des pairs et impairs ou bien il est en retraite spirituelle pour expier les deux meurtres qu’il a commis et qu’il vient d’avouer pendant qu’il ira ainsi au Paradis au lieu de l’Enfer qu’il nous fait vivre

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 33, le 03 juillet 2020

  • Il faudra simplement interdire la circulation des motos , car les régions qui relient la rue Bustros et Hayek sont très proches de Tabaris cette ancienne ligne de démarcation ou ces étrangers criminels viennent comme durant la guerre civile en 1975 commettre leurs crimes .

    Antoine Sabbagha

    08 h 21, le 03 juillet 2020

  • On va très vite revenir à l’auto sécurité si les services de sécurité de l’Etat sont occupés à réprimer les libertés publiques plutôt que de protéger les citoyens.

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 45, le 03 juillet 2020

  • Les gens ont faim et pas d'autre choix, malheureusement... Seulement dans le choix des "victimes", les voleurs devraient attaquer la classe dirigeante, la manne serait bien plus consistante...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 38, le 03 juillet 2020

  • Et ce n'est que le début ! Affamez le peuple, continuez à vous chamailler pour 3 nèfles !

    TrucMuche

    00 h 46, le 03 juillet 2020

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