Le bijou de la Méditerranée s’effondre ! À qui la faute ?
L’humorisme du sort pointera du doigt l’autre, mais qui est l’autre ?
Et comme un caprice enfantin, les hommes politiques du pays répondront « ce n’est pas notre faute, c’est leur faute à eux ! ».
Ces deux représentations descriptives : le « NOUS » de l’endogroupe et le « EUX » de l’exogroupe, définissent notre situation sociétale. L’appartenance à l’identité nationale que nous prétendons tous n’est qu’une illusion. Preuve en est, le 6 juin 2020 nous ramena les images d’une guerre civile dont nos parents n’osent même pas se souvenir. Ce jour-là, nous avons vu l’identité confessionnelle s’accaparer du pays, diviser nos compatriotes qui s’affirmaient par la violence et qui ont dû être séparés par les forces de l’ordre.
Par contre, une semaine plus tard, les manifestations du 11 juin 2020 stupéfièrent tout le monde. Sur ce, l’alliance des militants fut interprétée comme étant un complot pour des raisons économiques et politiques. Au final, malheureusement, nos jeunes paraissent comme des pions d’un jeu de société, manipulés par les grands joueurs.
D’autre part, entre l’altruisme et l’altérité, notre peuple se morfond. La situation socio-économique s’aggrave, la corruption s’enracine, le clientélisme fait toujours ses preuves et la privatisation confessionnelle joue toujours son rôle.
Nous revoilà, donc, au sein du système politique de Taëf, qui favorise la catégorisation sociale (Tajfel, 1972) associé à l’identité sociale (Festenger, 1954).
Surtout que le terrain des 6 et 14 juin 2020 démontra comment les chiites, les sunnites et les chrétiens tentèrent de préserver, dans la comparaison entre groupes, une différenciation en faveur de leur propre groupe.
- « Nous sommes plus forts. »
- « Nous sommes plus instruits. »
- « Nous sommes plus nombreux. »
Cette différenciation n’est rien d’autre qu’une motivation, celle d’avoir une identité sociale supérieure. Une image de soi positive qui devient le moteur de la discrimination entre groupes confessionnels.
Enfin, le Liban a toujours été un pays pluraliste, riche en diversité culturelle, où « son vivre-ensemble » a souvent représenté un phénomène social paradoxal conflictuel et magique en même temps. Mais pourrions-nous un jour, indépendamment de nos particularités, nous trouver une identité collective en faveur de la Nation ? La génération du 17 octobre serait-elle capable d’inverser le particularisme vers l’universalisme et renverser les stratégies de l’extérieur ?
Entre l’utopie, le réel et le risque, notre beau Liban est en péril !
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.