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Monde - Chine

Des foules de Hongkongais commémorent Tiananmen, malgré l’interdiction

Des milliers de Hongkongais ont commémoré hier le massacre de Tiananmen en 1989, malgré l'interdiction de la police. Tyrone Siu/Reuters

Des milliers de Hongkongais ont bravé hier l’interdiction de rassemblement pour marquer le 31e anniversaire de la sanglante répression de Tiananmen lors de veillées dans plusieurs quartiers marquées par des arrestations, sur fond de tensions liées à l’influence de Pékin sur la ville.

Pour la première fois en 30 ans, la police n’avait pas autorisé le traditionnel hommage aux victimes qui se tient chaque année dans le parc Victoria, en invoquant les restrictions liées au coronavirus. Les policiers ont en outre annoncé avoir procédé à des arrestations en tentant de disperser un rassemblement dans un quartier commerçant de la ville, Mongkok, où ils ont accusé des « protestataires vêtus de noir » d’avoir bloqué des routes. Au parc Victoria, quelques manifestants avaient retiré les barrières qui avaient été installées autour de ce grand espace vert de l’île de Hong Kong, ce qui a permis à une foule sans cesse plus nombreuse de venir noircir les terrains de football en scandant des slogans du mouvement prodémocratie.

« Voilà 30 ans que je viens chaque année pour la veillée à la mémoire des victimes de la répression du 4 juin, mais cette année, cela a encore plus d’importance », a déclaré un homme de 74 ans se faisant appeler Yip. « Parce que Hong Kong vit le même genre de répression menée par le même régime, comme ce qui s’est passé à Pékin », a-t-il ajouté.

Mélange fétide

Beaucoup portaient un T-shirt noir avec l’inscription « Vérité » en blanc. « Debout pour Hong Kong », lançaient les manifestants, quand d’autres agitaient des drapeaux pour l’indépendance. Déployée aux abords du parc, la police n’est pas intervenue. Et vers 20h (locale), tous ont allumé des bougies dans le parc Victoria, comme dans de nombreux quartiers d’un territoire qui a connu en 2019 sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997.

Hong Kong a vécu de juin à décembre au rythme de manifestations et actions quasi quotidiennes, et parfois violentes, pour dénoncer les ingérences grandissantes de la Chine. Et nombre d’habitants s’inquiètent désormais d’une reprise en main très ferme par le pouvoir central communiste. En réponse à ce mouvement, Pékin vient d’annoncer son intention d’imposer à Hong Kong une loi sur la sécurité nationale, qui prévoit de punir les activités séparatistes, « terroristes », la subversion et les ingérences étrangères dans le territoire. Beaucoup de Hongkongais, et nombre de capitales occidentales, redoutent que cette réforme ne soit le prélude à une vague de répression politique et ne signe la fin de la semi-autonomie.

Nouvelle illustration des tensions politiques, le Conseil législatif (LegCo), le Parlement hongkongais, a finalement adopté jeudi après-midi dans des conditions houleuses un texte très controversé criminalisant tout outrage à l’hymne national chinois. Les élus de l’opposition prodémocratie se sont refusés à participer à ce vote perdu d’avance et l’un d’eux a même déversé un mélange fétide d’engrais liquide dans la Chambre pour perturber la séance. Les adversaires du texte y voient la dernière tentative en date de Pékin pour rogner les libertés locales théoriquement garanties jusqu’en 2047 par l’accord de rétrocession. Et le fait qu’elle soit votée le jour anniversaire de Tiananmen n’a fait qu’accroître leur émoi.

La sanglante intervention de l’armée chinoise dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avait mis fin à sept semaines de manifestations d’étudiants et d’ouvriers contre la corruption et pour la démocratie en Chine. La répression avait fait entre plusieurs centaines et plus d’un millier de morts. Le sujet est tabou en Chine. Jeudi matin à Pékin, un photographe de l’AFP a été stoppé par la police, qui l’a obligé à effacer la plupart de ses clichés, alors qu’il circulait près de Tiananmen.

Voilà 30 ans qu’une veillée attire immanquablement des foules à Hong Kong, seul endroit du pays où l’événement est commémoré, ce qui illustre les libertés uniques dont jouit le territoire autonome, revenu dans le giron chinois en 1997. Mais pour la première fois en trois décennies, la veillée n’avait pas été autorisée par la police qui avait cité les risques liés au Covid-19, les rassemblements de plus de huit personnes restant interdits. En échange, les organisateurs avaient appelé les habitants à allumer des bougies là où ils se trouvaient. Un peu partout dans la ville, des stands avaient été dressés pour distribuer des bougies aux personnes rentrant du travail.

Source : AFP

Des milliers de Hongkongais ont bravé hier l’interdiction de rassemblement pour marquer le 31e anniversaire de la sanglante répression de Tiananmen lors de veillées dans plusieurs quartiers marquées par des arrestations, sur fond de tensions liées à l’influence de Pékin sur la ville.Pour la première fois en 30 ans, la police n’avait pas autorisé le traditionnel hommage aux victimes...

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