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Culture - Disparition

Thérèse Awad Basbous, touchée par la « baraka »

Thérèse Awad Basbous lors de la signature d’un recueil en 2009. Sami Ayad/Archives L’OLJ 

Elle est fille d’une terre généreuse et son inspiration, elle l’a puisée au creux des montagnes, des vallées et du firmament qui surplombent la région de Batroun. Thérèse Awad Basbous, veuve de Michel Basbous et mère du sculpteur Anachar, femme de lettres et poétesse, s’en est allée brusquement jeudi soir. Mais elle a laissé derrière elle cette superbe pièce de théâtre al-Bakara qui fit courir tout Beyrouth en 1973 à Dar el-Fan. Un moment inoubliable du triomphe de l’imaginaire d’une femme avant les premiers coups de canon...

Née à Bhersaf en 1934, Thérèse Awad Basbous a vite fait de déclarer sa flamme à la littérature et la poésie. Dans sa double beauté de langue arabe et française. L’amour des mots, la passion des images et des sonorités ont régné sur sa double écriture. Elle allait en toute volupté entre deux rives et vivait ardemment ses amours littéraires duelles. Études à Paris jusqu’en 1963, année où elle revient en terre natale après avoir exercé aussi la profession de journaliste à la radio. Elle collabore par la suite activement à plusieurs journaux et magazines dont al-Hiwar, Mawakef, an-Nahar al-Sakafi, Kalimat. Tout en s’adonnant à la poésie avec ce beau recueil au verbe sonore Bouyout al-ankabout.

Mais son coup d’éclat demeure al-Bakara, pièce de théâtre ionescienne pour un superbe monologue de femme. Nidal Achkar y fait une prestation éblouissante et le public découvre alors une auteure et une comédienne.

Vingt-cinq ans plus tard, la pièce est reprise avec la même fascination par les élèves de la Lebanese American University (LAU) à l’Irwin Hall.

Fidèle à son inspiration du parnasse et de l’univers des planches, une vingtaine de recueils et de pièces suivront. En arabe et en français de Racine. Mais aucun de ces opus n’aura le retentissant succès d’al-Bakara. Succès resté unique dans les annales du théâtre libanais alors émergent.

La voix grave et rocailleuse, le geste emphatique, Thérèse Awad Basbous avait un don exceptionnel pour déclamer sa propre poésie. Elle y mettait toute son âme. Et nul ne pouvait résister à ces accents qui sentent bon le romarin, le thym, la sauge, les abricots blonds, les mûres sauvages et l’olivier béni.

En ces temps de coronavirus la poétesse laisse derrière elle toute la solitude, les zéphyrs et les aquilons de Rachana où se fondent les statues de son feu mari Michel et les sculptures de son fils... On la voit rayonnante et joyeuse, Thérèse Awad Basbous, à l’époque où Rachana recevait Jack Lang, les Moultaka et Georges Schéhadé au clair d’une lune argentée. Et au loin, mais tout près, le roulis de la mer dans la baie...

Et reste le verbe au parfum d’une terre généreuse d’une femme qui adorait se prélasser au soleil et plonger dans les eaux bleues à proximité d’un hameau qui a fait parler les pierres...

Elle est fille d’une terre généreuse et son inspiration, elle l’a puisée au creux des montagnes, des vallées et du firmament qui surplombent la région de Batroun. Thérèse Awad Basbous, veuve de Michel Basbous et mère du sculpteur Anachar, femme de lettres et poétesse, s’en est allée brusquement jeudi soir. Mais elle a laissé derrière elle cette superbe pièce de théâtre...

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