Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Focus

La Turquie vante la qualité de ses hôpitaux contre la pandémie

Les opposants rejettent toute autosatisfaction, relevant l’opacité des chiffres publiés quotidiennement par le gouvernement.

À Istanbul, dans le métro, tout le monde est masqué. Yasin Akgul/AFP

Lorsque le nombre de cas de nouveau coronavirus a explosé en Turquie en avril, nombreux sont ceux qui ont redouté un scénario « à l’italienne », avec des hôpitaux débordés et une mortalité élevée. Et même si le gouvernement avait très tôt fermé les écoles, les mosquées et les espaces publics, le président Recep Tayyip Erdogan était critiqué pour son refus d’imposer un confinement total afin de ménager la fragile économie.

Mais moins d’un mois plus tard, la Turquie affirme avoir maîtrisé l’épidémie, mettant en avant un taux de mortalité remarquablement bas. Et elle a commencé à assouplir les mesures restrictives.

Depuis l’apparition du premier malade officiellement testé positif au Covid-19, la Turquie a enregistré environ 160 000 cas et moins de 4 500 morts, soit un taux de mortalité de 2,8 %. Un taux inférieur à celui des pays voisins, comme la Grèce (6 %), l’Iran (5,4 %) et l’Irak (3,5 %), selon l’université américaine John Hopkins, qui s’appuie sur les chiffres officiellement communiqués par ces pays. Les autorités mettent cette faible mortalité sur le compte de mesures strictes visant à protéger les seniors et des infrastructures de santé performantes. Pour le Dr Cevdet Erdöl, recteur de l’Université des Sciences de la santé et ancien député du parti de M. Erdogan, l’AKP (islamo-conservateur), le système de santé a connu une « profonde transformation » au cours des 20 dernières années.

« Crier victoire »

Les hôpitaux construits récemment « ont des chambres conçues pour accueillir un patient, deux tout au plus », ajoute-t-il, expliquant que ces espaces peuvent facilement être reconvertis pour accueillir des personnes contaminées en période d’épidémie. « La situation est globalement sous contrôle », s’est également réjoui lundi le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, dans une interview à France 24.

Mais d’autres en Turquie rejettent toute autosatisfaction, relevant l’opacité des chiffres publiés quotidiennement par le gouvernement. Kayihan Pala, membre du groupe de travail sur le coronavirus au sein de la principale association de médecins en Turquie, la TTB, estime que si le gouvernement a initialement bien réagi face à la pandémie, « le processus n’a pas été transparent ». « Je pense qu’il n’est pas approprié de crier victoire au sujet d’un phénomène qui a causé la mort de tant de personnes », dit-il. Selon lui, Ankara ne suit pas les critères de l’Organisation mondiale de la santé pour compter les décès, ne recensant que les personnes qui avaient été testées positives au Covid-19 avant de mourir.

Seniors sous cloche

Les autorités turques affirment par ailleurs que leur succès face à l’épidémie s’explique aussi par le fait que les personnes âgées de plus de 65 ans et celles souffrant de maladies chroniques ont très tôt été strictement confinées.

Dans une analyse publiée par l’Institut Montaigne, les chercheurs turcs Evren Balta et Soli Özel isolent notamment le soin particulier accordé aux personnes âgées comme facteur expliquant le faible taux de mortalité en Turquie. Ils rappellent par exemple que les seniors vivent traditionnellement avec leur famille, et que « placer un parent dans une maison de retraite est culturellement tabou ».

Ankara affirme par ailleurs ne pas avoir connu de pénurie de matériel et a même fourni des équipements à d’autres pays. Mais M. Pala, de la TTB, accuse le gouvernement de ne pas avoir fourni assez d’équipements aux soignants turcs au début de la pandémie.

Critiques

Malgré des chiffres plutôt flatteurs, le gouvernement a essuyé de nombreuses critiques. M. Erdogan a ainsi été accusé de privilégier l’économie en n’imposant pas un confinement total, quitte à mettre des vies en danger. L’un des principaux syndicats turcs, le DISK, a affirmé en avril que ses membres avaient trois fois plus de risques d’être infectés que le reste de la population.

Les autorités ont privilégié une approche plus ciblée avec un confinement limité au week-end et aux jours fériés.

La première mesure de ce type, prise en avril, n’a été annoncée que deux heures avant son entrée en vigueur, provoquant la panique de millions de Turcs qui se sont rués dans les magasins. Le pouvoir a aussi été critiqué pour sa gestion jugée trop laxiste du retour de milliers de pèlerins de La Mecque, qui, pour beaucoup, n’ont pas été placés en quarantaine immédiatement.

Raziye AKKOÇ/AFP

Lorsque le nombre de cas de nouveau coronavirus a explosé en Turquie en avril, nombreux sont ceux qui ont redouté un scénario « à l’italienne », avec des hôpitaux débordés et une mortalité élevée. Et même si le gouvernement avait très tôt fermé les écoles, les mosquées et les espaces publics, le président Recep Tayyip Erdogan était critiqué pour son refus...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut