Le retour du Printemps Haussmann

Fermé depuis la mi-mars dans le contexte de la pandémie de coronavirus, le grand magasin Printemps Haussmann à Paris a pu rouvrir ses portes hier à des clients masqués. Une file d’attente s’était formée avant l’ouverture, qui a eu lieu à 11h (12h00 à Beyrouth), et les clients sont venus en nombre dans ce lieu phare du 9e arrondissement de Paris, après plus de deux mois de fermeture. Les jours précédents, les employés du Printemps avaient préparé le grand magasin à accueillir le public dans le respect des règles de précaution sanitaire, avec la mise en place de parcours fléchés, la distribution de masques et de gel hydroalcoolique, des messages de sensibilisation.

« Il était temps », a indiqué mercredi son directeur Pierre Pelarrey, à la veille de sa réouverture. « On a besoin de faire du chiffre d’affaires, car depuis le confinement, c’est-à-dire le 15 mars, il était à zéro, alors que les frais fixes continuent à courir. Il est clair que ça posait très rapidement des problèmes pour la santé de l’entreprise, voire pour la pérennité du groupe », avait-il confié tout en inspectant les rayons du grand magasin. Il est toutefois « presque certain que l’on n’aura pas la fréquentation que l’on a habituellement », notamment en raison de l’absence de la clientèle étrangère, expliquait-il. Fleuron du groupe, le Printemps Haussmann accueille en temps normal plus de 20 millions de visiteurs annuels. L’enseigne, plus que centenaire, rachetée en 2013 par un fonds qatari, a dégagé lors de son dernier exercice annuel un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros.

Le grand magasin Printemps Haussmann, à Paris, a rouvert ses portes hier. Une file d’attente s’était formée avant même l’ouverture, qui a eu lieu à 11h. Gonzalo Fuentes/Reuters

Le préfet de police de Paris avait interdit au centre commercial, comme à de nombreux autres à Paris, de rouvrir en application d’une décision gouvernementale empêchant la réouverture des sites de plus de 40 000 m2 en région parisienne, en raison de risques sanitaires persistants. Mais le tribunal administratif de la capitale française a suspendu cette décision, l’enseigne ayant plaidé accueillir du public sur plusieurs sites distincts, dont aucun n’excède 40 000 m2. Dans son ordonnance datée de mardi, le tribunal a estimé que le Printemps était « fondé à soutenir que la surface commerciale utile doit être déterminée au regard, d’une part, de l’îlot maison et, d’autre part, des deux îlots homme/femme, et qu’aucune de ces deux entités n’excède 40 000 m2. En cumulant leurs surfaces pour le calcul de la surface commerciale utile, le préfet de police a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’entreprendre et à la liberté du commerce et de l’industrie ». Cela pourrait faire boule de neige, car les Galeries Lafayette voisines, autre haut lieu du shopping parisien, ont confirmé avoir également déposé un recours judiciaire pour pouvoir rouvrir leurs portes.

« Le commerce, c’est la vie ! »

Mercredi après-midi au Printemps, les employés du grand magasin, tous masqués, ont enchaîné le nettoyage et la désinfection de leurs rayons et stands, les formations aux gestes barrières et le réapprentissage de leur métier en mode Covid-19. Le tout en pensant à des clients avec qui il faudra parfois faire preuve de pédagogie. Hier, Pierre Pelarrey a encore souligné qu’outre les marquages au sol, « on a des parcours fléchés qui permettent aux clients d’entrer et de sortir, avec des flux séparés », mais aussi « au niveau des caisses, on a mis en place des vitres en plexiglas ». « Pour la protection de nos collaborateurs, chacun porte évidemment un masque, on demande aussi à nos clients (de le faire) et on est à même de leur en fournir un » pour ceux qui en seraient dépourvus, a-t-il ajouté, affirmant être « très content » de rouvrir ses portes et de retrouver ses clients, car « le commerce, c’est la vie ! »

Source : AFP