La crise des déchets refait surface depuis l’annonce de la saturation de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé et la prorogation artificielle de sa durée de vie par le Conseil des ministres, qui a opté pour un stockage en hauteur (voir notre édition du 5 mai). Cette rallonge ne confère que trois mois supplémentaires (voire un peu plus étant donné la baisse de la consommation consécutive aux crises économique et sanitaire) avant que le problème des ordures dans les rues ne resurgisse, particulièrement dans les régions du Mont-Liban nord et d’une partie de Beyrouth, desservies par cette décharge.
Pour réduire l’ampleur d’une éventuelle nouvelle crise, le gouvernement et le Conseil du développement et de la reconstruction ont envisagé la mise en fonctionnement de l’usine de traitement des déchets de Ghosta, dans le caza du Kesrouan, qui peut traiter 150 tonnes par jour. L’objectif étant de réduire le volume des déchets qui viendront s’ajouter à la nouvelle « montagne » en puissance sur le littoral du Metn.
Toutefois, le feu vert pour la réouverture de cette usine, en vertu d’un contrat de cinq ans avec le CDR, n’a pas encore été donné. Le député Neemat Frem, PDG de l’entreprise Phoenix Energy qui a construit l’usine, affirme toutefois à L’Orient-Le Jour qu’« à la suite d’une réunion avec le Premier ministre Hassane Diab, l’accord est en bonne voie d’être finalisé ». L’entente entre les parties bute toujours sur le prix à la tonne, pourtant fixé à 57 dollars (hors TVA). « Nous sommes d’accord sur le prix en dollars, mais, comme le gouvernement paie en livres libanaises, nous négocions encore le taux de change à adopter, explique M. Frem. L’État continue d’imposer à ses collaborateurs une parité à 1 515 livres pour un dollar, ce qui est loin du prix effectif du marché. Nous avons demandé au Premier ministre d’approuver pour le moins la parité telle que définie par la plateforme informatique de la Banque du Liban et qui tourne autour de 3 000 livres. »
« Cette usine est le fruit d’une collaboration entre une entreprise privée et la municipalité de Ghosta, ajoute le député. Or les deux parties sont aujourd’hui franchement inquiètes des pertes qu’elles risquent d’essuyer si elles acceptent ce marché tel qu’il leur est présenté. Je ne crois pas que l’entente échouera au final parce que notre objectif est davantage de contribuer à l’écologie que de faire des bénéfices. Mais le risque n’en est pas moins réel, et il est crucial de rendre l’opération durable. »
Fermée quasiment depuis sa construction
La construction de ce site, entièrement financée par le secteur privé, a été finalisée il y a deux ans. L’usine de Ghosta a fait l’objet d’une étude d’impact environnemental approuvée par le ministère de l’Environnement, explique encore M. Frem. Cette usine, qui n’a fonctionné que très peu de temps depuis sa création, est fermée depuis de longs mois. En effet, les municipalités se sont montrées incapables de payer ses services, compte tenu de leur endettement envers les entreprises chargées du traitement central depuis de nombreuses années, conformément à leur contrat avec l’État. Le fonctionnement de cette usine repose sur le tri et recyclage des matières pouvant être réutilisées ou transformées, le compostage aérobic (production de compost ou enrichisseur de sol à partir des matières organiques, à l’air libre), la production de carburant issu des déchets (« Refuse Derived Fuel » ou RDF, utilisé dans les industries lourdes) et enfin l’enfouissement des déchets inertes. « Avec ce système, nous n’aurons plus besoin que d’enfouir quelque 5 % seulement des déchets, dans une petite décharge sur place », précise Neemat Frem.
Qu’en est-il du RDF, une technique controversée selon certains écologistes et qui n’a pas encore été légalisée au Liban pour une utilisation dans les cimenteries ? « Le processus est en effet toujours en discussion au ministère de l’Environnement et il a été au menu de nombreuses réunions avec les propriétaires des cimenteries, répond le député. Il est vrai que les prix réduits des carburants actuellement ne jouent pas en faveur du RDF. Pour ma part, je plaide pour une vision écologique plutôt que purement commerciale à ce sujet. »
Quand l’usine de Ghosta sera en état de fonctionner, elle pourra prendre en charge 150 tonnes des déchets du Kesrouan, qui en produit généralement près de 300 (à moins que cette quantité ne se soit réduite du fait des crises successives, il n’existe pas de chiffres précis à ce propos). Neemat Frem précise qu’elle ne couvrira pas elle-même des villages déterminés plutôt que d’autres. « Notre contrat sera signé avec le CDR, dans le cadre du système en vigueur où la collecte de tout le caza est confiée à une entreprise, Ramco, dit-il. Celle-ci va nous transmettre pour traitement 150 tonnes parmi les déchets ramassés dans tout le caza. »
L’affaire de l’usine de Ghosta met l’accent sur l’importance de la décentralisation afin de réduire la pression sur les grands sites centralisés, mais aussi la complexité dans son organisation, comme en témoignent les désaccords actuels. En attendant la feuille de route du ministère de l’Environnement qui devrait être prête d’ici au 5 juin.
Mais quand allez vous liberaliser le taux de change et laisser l'economie demarrer. Laissez tomber ce taux ridicule de 1,500 qui comme par hasard fonctionne dans un sens mais pas dans l'autre et jamais a l'avantage du client. Le FMI ne s'est pas trompe en demandant cette liberalisation au top de leurs priorites
11 h 11, le 27 mai 2020