La question urgente des déchets non collectés dans le Metn-Nord et une partie de Beyrouth depuis la fermeture de la décharge de Jdeidé jeudi dernier a bien été soulevée en Conseil des ministres, en dehors de l’ordre du jour. Malgré une déclaration plutôt floue de la ministre de l’Information Manal Abdel Samad en réponse à une question sur le sujet, il s’avère qu’une décision a été prise pour sortir les déchets accumulés de la rue par une réouverture de la décharge de Jdeidé et un stockage en hauteur sur ce site saturé.
Contacté par L’Orient-Le Jour, le ministre de l’Environnement Damien Kattar explique la teneur de la discussion qui a eu lieu au sein du Conseil des ministres. « Nous nous trouvons malheureusement à un croisement dangereux par rapport à cette crise », dit-il, soulignant le peu de progrès effectué durant les quatre dernières années. Le plan d’urgence adopté en 2016 a donné naissance, rappelons-le, aux deux décharges côtières de Bourj Hammoud-Jdeidé et Costa Brava (la première étant saturée aujourd’hui et la seconde ayant déjà été agrandie).
Le ministre explique d’emblée que la décision du gouvernement ne consiste pas simplement à rouvrir la décharge de Jdeidé pour un stockage d’un mètre de hauteur supplémentaire, qui donnerait au gouvernement un sursis afin d’adopter un plan à plus long terme. « Cette mesure était incontournable vu l’urgence de la situation et la crise du coronavirus qui vient se greffer sur la crise environnementale, mais elle n’est pas unique en l’occurrence », affirme-t-il.
D’un point de vue pratique, donc, les déchets devront donc être collectés à partir de ce matin en vue d’être emmenés aux centres de tri. Selon une source proche du dossier, la réouverture de Jdeidé ne nécessitera pas un nouveau contrat avec l’entrepreneur Dany Khoury, en charge du site, étant donné que celui-ci s’est engagé à poursuivre le travail suivant les conditions de l’accord signé avec l’État. Quant à la société de collecte, en l’occurrence Ramco pour cette zone, son contrat s’étale en tout cas sur sept ans, et il est donc en vigueur.
Dialogue avec les municipalités
Le ministre Kattar explique que plusieurs autres décisions ont été prises durant la réunion d’hier. « Dans un souci de réduire les quantités de déchets enfouis dans les décharges, nous avons engagé des pourparlers avec l’usine de traitement de Ghosta au Kesrouan, en vue de l’accueil de 150 à 200 tonnes par jour, révèle-t-il. Les formalités devraient être terminées d’ici à la semaine prochaine. Et ce sera un premier pas vers la décentralisation, qui est évoquée par la loi. »
M. Kattar parle également d’une autre mesure, à savoir demander aux municipalités du Chouf et de Aley, ainsi qu’une partie du caza de Baabda, de choisir un site de décharge conformément à ce qui avait été décidé en 2017 sans jamais être appliqué, dans l’objectif de réduire le flux vers la décharge de Costa Brava et de lui conférer une durée de vie supplémentaire. Interrogé sur l’option d’une réouverture de la décharge de Naamé dans cet objectif, il répond que la décision reviendra aux municipalités.
Une mesure qui lui semble essentielle est celle de payer leurs dus aux municipalités ayant accueilli les décharges : Jdeidé, Bourj Hammoud et Choueifate. Rappelons que le plan de 2016 prévoyait huit millions de dollars par an comme motivation. Un président de municipalité confirmait récemment à L’OLJ que seul un paiement avait été effectué depuis lors.
« Notre dialogue avec les municipalités ne se limitera pas à cela, nous allons les encourager à redynamiser le système de collecte séparée et de tri, en vue du recyclage des matières et du compostage des déchets organiques, souligne M. Kattar. Nous allons, à ce niveau, engager un dialogue non seulement avec les autorités locales mais avec la société civile, en vue d’assurer le respect de la pyramide des déchets (ordre de priorité dans la réduction, tri à la source, recyclage…). »
Mais qu’envisage le gouvernement pour sortir définitivement de ce cercle vicieux et quels seront ses choix ? Le ministre affirme qu’une « feuille de route » est en préparation au ministère et qu’elle n’est pas encore au point. Il estime à ce niveau qu’une gestion saine des déchets est une nécessité économique en période de crise, en vue d’une meilleure récupération des matières premières. « Les crises peuvent être une occasion pour un changement de paradigme », affirme-t-il.
Conflit en perspective ?
En attendant la future feuille de route, il est clair que la perspective d’une réouverture de la décharge de Jdeidé fera beaucoup de mécontents : vendredi dernier, une réunion s’était tenue regroupant le Premier ministre Hassane Diab, le ministre de l’Environnement, les présidents des municipalités concernés et les députés de la région (voir L’OLJ du 4 mai). Les échos de cette réunion ont fait état d’un ras-le-bol exprimé par les députés. Le président du conseil municipal de Jdeidé, Antoine Gébara, avait révélé à L’OLJ que l’idée d’un stockage en hauteur pour donner un sursis au gouvernement n’était pas exclue, car ce cabinet ne peut être tenu pour responsable des atermoiements passés.
Le député Élias Hankache (groupe Kataëb) a partagé hier sur Twitter le compte rendu d’une interview effectuée le jour même, dans laquelle il déclare : « Nous nous opposerons à tout agrandissement de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé, en largeur comme en hauteur, par tous les moyens disponibles. » Il fait valoir que cette région est la plus densément peuplée du pays, et que sa population souffre de nombreux désagréments du fait de la proximité de cette décharge, dont les cellules sont construites à même la mer. « Nous espérons que le gouvernement prendra la décision adéquate sans agrandissement de ce site », a-t-il lancé. Vu la décision du cabinet, le face-à-face paraît donc inévitable.
Rappelons que l’étude présentée par le Conseil du développement et de la reconstruction pour le compte du gouvernement, présentée début avril, suggérait plusieurs options pour une sortie de crise : un agrandissement partiel de la décharge de Jdeidé (sans enlever le port des pêcheurs), et la réouverture de la décharge de Naamé pour l’utilisation de cellules non encore saturées, avec des options consistant en extensions plus ou moins importantes de ces cellules. Le gouvernement a fini par opter pour la solution urgente qui ne prévoit pas de travaux, celle du stockage en hauteur. Celle-ci pourrait donner deux ou trois mois de sursis selon les quantités qu’on enverrait en décharge.
waste to energy. Biogaz filtré à cause des odeurs. prenez exemple sur la ville de Vienne. Nous trions, mais pas les ordures ménageres qui pourraient servir à faire du compost. Chaque Foyer à Munich trie par exemple; ordures menagères, metal, verre,plastique. papier. on s'habitue. il y a éduquer et à fournir à la partie de la population la moins nantie les poubelles necessaires. Des expertises existent. c'est une question de volonté politique. La société civile aidera à l'application .
09 h 26, le 09 mai 2020