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Économie - Entreprises

Déconfinement : les commerçants soulagés, mais la crise persiste

Le secteur espère pouvoir profiter de la dernière semaine du ramadan pour se relancer autant que possible.

Seuls les commerces essentiels étaient autorisés à ouvrir pendant les périodes de confinement. Photo P.H.B.

En annonçant le retour au plan initial de déconfinement progressif à partir d’aujourd’hui, le Premier ministre Hassane Diab (voir page 3) a fait pousser hier un « ouf » de soulagement aux commerçants, qui s’étaient mobilisés durant tout le week-end écoulé pour convaincre les autorités de ne pas prolonger davantage le bouclage total de quatre jours décidé au début de la semaine dernière.

Ce resserrement inattendu, alors que les mesures de confinement avaient été assouplies à partir du 27 avril, avait été décidé par les autorités au début de la semaine dernière parce que le pays enregistrait une hausse du nombre de cas de contamination locale. Dans un communiqué publié peu après l’intervention du Premier ministre, l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB) a exprimé ses remerciements et sa « gratitude » à l’exécutif tout en appelant les membres de la profession à respecter scrupuleusement les consignes des autorités en matière de sécurité sanitaire.

Quelques heures plus tôt, trois cadres de l’ACB, dont son président Nicolas Chammas, s’étaient réunis au Grand Sérail avec le Premier ministre pour plaider en faveur de la reprise du déconfinement. Un forcing loin de représenter uniquement la position des marchands de la capitale. Samedi, les associations des commerçants de plusieurs régions libanaises avaient en effet menacé d’ouvrir leurs portes dès aujourd’hui, même en cas de prolongement du bouclage, en invoquant la nécessité de se relancer alors que le pays traverse la pire crise économique et financière de ces trente dernières années. Avec en ligne de mire la petite « fenêtre d’opportunité » offerte par la dernière semaine de jeûne du ramadan, la fête du Fitr étant programmée pour le week-end prochain. L’ancien ministre Mohammad Choucair, qui dirige l’organisation patronale des organismes économiques – dont Nicolas Chammas est également le secrétaire général –, a lui aussi appelé à une réouverture des commerces dès lundi. Pour rappel, seuls les commerces jugés essentiels (alimentation, produits pharmaceutiques, carburant) étaient autorisés à ouvrir pendant les périodes de confinement, même si dans les faits, certains commerçants forcés à fermer ont transgressé cette règle, ouvrant parfois à la dérobée.

Les supermarchés

Mais la crise que traverse le Liban remonte à bien avant que les autorités ne décrètent ces mesures. L’économie du pays, en pleine récession (le PIB devrait se contracter de près de 14 % en 2020, selon le gouvernement), vit en effet depuis des mois au rythme des restrictions bancaires (illégales et qui se sont progressivement renforcées) et de la crise de liquidité qui a fait s’envoler le taux livre/dollar à des niveaux jamais atteints. Alors que les agents de change sont en grève depuis fin avril, et que les autorités ont multiplié les arrestations ces dernières semaines d’agents et de responsables accusés de manipuler le marché secondaire, la monnaie nationale s’échangeait encore à un taux supérieur à 4 000 livres pour un dollar en fin de semaine sur le marché noir. Maintenue depuis 1997, la parité officielle de 1 507,5 livres est encore appliquée pour certaines transactions bancaires et interbancaires.

Cette combinaison de facteurs mortifères pour une économie qui dépend largement des importations a logiquement contribué à faire augmenter les prix dans des proportions proches de la dépréciation de la livre, quand il n’a pas tout simplement fait disparaître certains produits des rayons. L’épidémie de Covid-19 a aggravé la situation en privant les entreprises des recettes du tourisme sur lesquelles elles pouvaient encore compter. Enfin l’exécutif, qui a annoncé en mars que le Liban faisait défaut sur sa dette publique en devises, a entamé officiellement la semaine dernière ses négociations avec le Fonds monétaire international, à qui il a demandé une assistance financière.

Les commerçants, qui avaient manifesté à plusieurs reprises leur frustration face aux mesures de confinement ces dernières semaines – notamment à Tripoli (Liban-Nord) –, devraient donc rapidement se mobiliser à nouveau, cette fois pour réclamer des mesures rapides pour relancer l’activité et débloquer l’activité bancaire. Le sujet a d’ailleurs été mis en avant durant le week-end écoulé par le président du syndicat des propriétaires de supermarchés Nabil Fahd, qui a demandé lors d’une réunion avec le Premier ministre et le ministre de l’Économie et du Commerce, Raoul Nehmé, à créer les conditions pour stabiliser le taux de change de la livre par rapport au dollar et de débloquer des liquidités en devises à ce secteur pour l’achat de denrées alimentaires de base, entre autres requêtes. Plus tôt dans la semaine, l’ACB avait appelé le ministère de l’Économie à traquer davantage les commerçants qui revendent des produits issus de la contrebande.


En annonçant le retour au plan initial de déconfinement progressif à partir d’aujourd’hui, le Premier ministre Hassane Diab (voir page 3) a fait pousser hier un « ouf » de soulagement aux commerçants, qui s’étaient mobilisés durant tout le week-end écoulé pour convaincre les autorités de ne pas prolonger davantage le bouclage total de quatre jours décidé au début de...

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