Seize personnes, dont 13 ressortissants syriens, ont été arrêtées au Liban pour leur implication dans un réseau d'opérations de change et de transferts de fonds illégaux vers la Syrie, a annoncé samedi l'armée libanaise, alors que les autorités ont durci le ton contre les changeurs en contravention en pleine pénurie du dollar.
L'opération a été menée conjointement dans plusieurs régions du pays par les services de renseignement de la troupe. Ces personnes ont pu être identifiées lors d'une enquête de l'armée concernant un Syrien arrêté pour avoir transféré des fonds vers l'étranger afin de financer une organisation terroriste, selon le communiqué publié par l'armée. Les militaires ont saisi "des sommes importantes" et les interpellations ont eu lieu dans 12 régions. Le communiqué indique que les personnes appréhendées utilisaient des plateformes électroniques non-licenciées pour transférer des fonds vers l'étranger. L'enquête se poursuit afin d'identifier d'éventuels complices.
Le coup de filet a été mené grâce à l'arrestation, plus tôt cette semaine, d'un changeur libanais à Beyrouth en possession "de centaines de milliers de dollars", a indiqué à l'AFP une source de sécurité. Selon la source, il collaborait avec un autre Syrien, installé au Liban depuis des années et rattaché au réseau, pour l'envoi des fonds vers la région d'Idleb, en Syrie. Initialement, le réseau envoyait l'argent avec des voyageurs qui se rendaient en Syrie, avant d'utiliser la plateforme en ligne pour contourner la fermeture de la frontière, imposée mi-mars pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus, selon la même source.
Cette arrestation a été menée alors que le Liban, au bord du naufrage économique, connait actuellement une importante crise monétaire et financière, caractérisée par une importante restriction de la circulation des devises et une forte dépréciation de la livre libanaise face au dollar dans les bureaux de change.
Indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507LL pour un dollar, la monnaie nationale a dégringolé jusqu'à franchir en avril le seuil historique des 4.000LL pour un dollar. Face à cet effondrement, la BDL a fixé un plafond de 3.200 livres pour un dollar dans les bureaux de change, sans empêcher l'émergence d'un marché noir. Les forces de sécurité ont multiplié les descentes contre les changeurs illégaux, procédant à des dizaines d'interpellation.
Dans le cadre d'une enquête sur la manipulation du taux de change, le responsable des opérations monétaires à la BDL a été interpellé jeudi, quelques jours après l'arrestation du président du syndicat des bureaux de change. Vendredi la Banque du Liban (BDL) a nié dans un communiqué "toute manipulation du marché des changes" à travers ses opérations.
La crise a eu des répercussions sur la Syrie voisine, où la monnaie nationale a connu une dépréciation. Pour le pays en guerre, visé par des sanctions occidentales, le Liban offrait selon des experts un accès dérobé aux dollars, vitaux pour l'économie et les importations syriennes.
commentaires (9)
La préoccupation première du président Aoun ainsi que de Gebran ,Bassil lorsqu'il dirigeait les AE etait de rapatrier les réfugiés syriens au plus tôt ! Nous avons vraiment eu tort de les insulter et de les prendre à la légère ! Ils ont été combattus sur ce sujet par les américains et autres occidentaux , qui n'ont pas permis au plan russe de rapatriement de voir le jour hélas ! Nous devtions nous en mordre les doigts ! Très bientôt vous saurez pourquoi !
Chucri Abboud
23 h 48, le 17 mai 2020