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Campus - ORIENTATION

Après le bac, des choix dictés par le coût des études universitaires

Aujourd’hui plus que jamais, une grande partie des élèves en classe de terminale risquent de voir leurs rêves d’intégrer leur premier choix d’université brisés.

Aya Makarem. Photo Sandra Belmona

En plus du stress généré par la préparation du baccalauréat, durant cette période de confinement, les élèves de terminale voient leurs projets suspendus et leurs plans bouleversés, en raison de la crise économique que traverse le pays et qui rend de plus en plus difficile le paiement des frais universitaires. De plus en plus nombreux sont désormais les étudiants qui affirment ne pouvoir envisager de s’inscrire dans des universités que s’ils décrochent des bourses complètes. Aya Aboudiab. voulait étudier l’économie à la NDU ou à la LAU. Récemment, elle a éliminé l’option de la LAU. Il n’est pas sûr non plus qu’elle entreprenne ses études à la NDU. « La NDU est une option si j’obtiens une bourse complète, et cela dépend de mes notes finales et des notes des examens officiels », explique-t-elle.

En attendant, cette lycéenne est nerveuse et inquiète. Et ce d’autant plus qu’elle doit envisager une troisième option : l’université publique. « L’Université libanaise n’est pas le choix idéal pour moi. Mais quand je regarde ma situation d’une manière optimiste, je pense que le diplôme que je vais y obtenir va me permettre d’accéder à un travail décent. Cependant, pour que je décroche ce diplôme, je vais devoir traverser des périodes de stress, souffrir psychologiquement et fournir des efforts supplémentaires – pour passer les concours – que les étudiants des universités privées n’ont pas à effectuer », déplore-t-elle.

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Comme elle, Aya Makarem est dans une situation d’attente. Voulant se spécialiser en génie mécanique, elle garde « un petit espoir » de pouvoir s’inscrire à la LAU, grâce à une bourse complète à laquelle elle est en train de postuler. « Cette bourse offre le dortoir, les livres, un revenu mensuel et bien sûr la gratuité des frais de scolarité », note-t-elle. En attendant la réponse, prévue pour le mois prochain, cette jeune fille essaie de se souvenir qu’a priori, elle devrait décrocher cette bourse. « Je suis nerveuse, mais aussi plutôt optimiste. J’ai travaillé très dur pour obtenir de bonnes notes et réussir au SAT (test d’aptitude scolaire), et j’ai participé à plusieurs ateliers et conférences afin de pouvoir me qualifier. »

Sans cette bourse, Aya Makarem devra purement et simplement éliminer l’option des universités privées, trop chères pour ses parents. « La crise économique au Liban nous a touchés. Il est difficile d’abandonner ses rêves, mais j’essaie de m’habituer à l’idée », confie-t-elle.

Karen el-Awar, elle, savait depuis longtemps qu’avec les ressources financières de sa famille, la voie était toute tracée vers l’UL. La jeune femme a néanmoins tout fait pour tordre le destin. « Mes activités éducatives et extrascolaires m’ont permis de postuler à la bourse de mérite à la LAU. La semaine dernière, j’ai obtenu mon acceptation ! » se réjouit-elle.



Karen el-Awar. Photo Rashed el-Awar

Les projets d’études à l’étranger repoussés

Décrocher une bourse d’études n’est toutefois pas à la portée de tous. Pour ceux qui n’ont pas les moyens d’entrer dans le privé, il faudra alors passer les concours de l’UL. C’est le cas de Charbel Merhej, dont le premier choix était l’UZEK et qui souhaite se spécialiser en sciences informatiques. « Cet été, je finirai ma terminale, donc je ne serai pas en mesure de travailler pour gagner l’argent qu’il faut pour m’inscrire dans cette université privée », explique-t-il. Si Charbel Merhej a du mal à accepter de devoir étudier à l’UL, c’est à cause « des difficultés inhérentes à cette université publique, qui constituent une pression psychologique sur l’étudiant. Mais c’est l’unique choix en ce moment et je dois m’y faire ». Pour d’autres étudiants, ce sont des projets d’un ailleurs plus radieux qui se sont écroulés avec la crise économiques et les restrictions bancaires.

Lana souhaitait ainsi étudier le design de produits aux Beaux-Arts à Paris. « Pour y être acceptée, je dois présenter un portfolio. Or les cours pour apprendre à en réaliser un sont très coûteux, et avec la situation économique au Liban, je ne peux plus me permettre d’étudier à Paris. » Même si elle reconnaît être très déçue, Lana ne perd pas espoir pour autant. Elle projette de s’inscrire à l’Alba, puis d’effectuer un transfert, au cas où la situation économique s’améliorerait.


Charbel Merhej. Photo Rebecca Merhej

Pour se spécialiser en animation ou en design de jeux vidéo, Carl comptait se rendre aux États-Unis, au Savannah College of Art and Design. « Mes deux plus grandes passions sont l’art et la technologie, et cette formation combine parfaitement les deux », explique-t-il. La situation du pays ayant affecté le travail de son père, il est néanmoins peu probable que Carl parte aux États-Unis. « Je suis frustré, deux années entières de travail de préparation ne vont finalement servir à quasiment rien », poursuit-il, déçu de voir son rêve s’évanouir. En plus d’avoir étudié pour le SAT et le Toefl (test d’anglais comme langue étrangère), et d’avoir participé à un programme à l’Amideast pour l’aider à étudier aux États-Unis, il avait consacré son temps libre à développer ses compétences artistiques pour avoir un bon portfolio, qu’il a finalisé afin d’être accepté. Carl entreprendra en fin de compte des études en architecture à l’AUB. « Si la situation le permet plus tard, j’opérerai un transfert, dans quelques années, dans une université à l’étranger qui offre une bonne formation en animation », assure-t-il.

Quant à Angelo Nassif, son rêve est de se spécialiser en gestion des affaires pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, les projets du jeune homme qui voulait tant marcher dans les pas de ses frères et sœurs, étudiants à Londres, sont tombés à l’eau. C’est à l’AUB qu’il s’inscrira. « La scolarité est chère à Londres. Et en raison des restrictions bancaires, transférer un tel montant à l’étranger est impossible. Aujourd’hui, j’ai fini par réaliser à quel point notre pays est en crise et que, malheureusement, la situation ne s’arrangera pas bientôt », avoue-t-il.

Afin de se construire un meilleur avenir, certains tentent malgré tout de quitter le pays. À l’instar de Mohammad Cheaib qui souhaite entreprendre des études de médecine en France. « Les études et la vie y sont moins coûteuses qu’au Liban. En plus, la situation économique de notre pays et la souffrance que doivent endurer les Libanais me poussent à partir », affirme le jeune homme, qui espère pouvoir réaliser son rêve. Sinon, c’est à l’UL qu’il fera, lui aussi, sa rentrée universitaire.



En plus du stress généré par la préparation du baccalauréat, durant cette période de confinement, les élèves de terminale voient leurs projets suspendus et leurs plans bouleversés, en raison de la crise économique que traverse le pays et qui rend de plus en plus difficile le paiement des frais universitaires. De plus en plus nombreux sont désormais les étudiants qui affirment ne...

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