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Nos Lecteurs ont la Parole

Vers la guerre ou une solidarité et une fraternité universelles ?

Beaucoup de gens se sont lancés dans les spéculations sur le lendemain du coronavirus ; encore faut-il que ce lendemain pointe à l’horizon. Toutefois, on peut constater la grande diversité des répliques à cette pandémie. D’une part, on assiste à un rebondissement de l’autoritarisme chinois, qui s’était assoupi dans le lit douillet de l’économie libérale, flatté de toutes parts pour sa compétitivité internationale et l’abondance de ses produits sur les marchés mondiaux. On assiste en même temps au sursaut des régimes démocratiques occidentaux, longtemps ensevelis dans les sables – mouvants – de l’économie libérale, ayant complètement oublié les fonctions élémentaires de l’État. Ils affichent aussi une mémoire courte pour ne pas reconnaître avoir fait des coupures dans les budgets des services publics de santé et de protection sociale.

Les « grandes démocraties » sont toujours embourbées dans l’enthousiasme de la course pour la puissance, même si cette course se joue dans le domaine de l’armement, des recherches avancées sur les armes nucléaires, et balistiques et biologiques. Elles dédaignent aussi leur enlisement dans les guerres qu’elles avaient souvent elles-mêmes allumées et qu’elles continuent aujourd’hui de nourrir et d’attiser. Le coronavirus aurait dévasté le monde, outrepassant les règles du jeu destinées à l’instrumentaliser en vue d’un surcroît de puissance.Sur un autre plan, on assiste aussi à une grande diversité de réactions chez les peuples. Les peuples arabes et musulmans se sont tournés vers le ciel, implorant saints et prophètes pour les épargner. Voilà une résurgence naïve de la doctrine du peuple élu.

Les peuples asiatiques se confinent dans la méditation en se résignant à leur sort. En Ouganda, on a écrit une chanson intitulée Corona, corona, corona, et on la chante en dansant sur une musique rythmée. Les peuples du Nord s’appliquent aux recherches de laboratoire pour trouver médicaments et vaccins. Il se trouvera toujours des méditateurs au Nord et de fervents fidèles aussi. On y rencontrera des chercheurs expatriés du Sud. Mais dans l’ensemble, on médite en Asie, on prie Dieu au Moyen-Orient, on joue de la musique et on danse ailleurs, et on fait des recherches dans les pays froids du Nord.

Qu’est-ce qui nous attend après ?

- Une crise économique mondiale du fait de la récession, des pertes causées par les semaines, voire les mois de confinement.

- Une crise sociale s’annonce, liée à la perte de millions d’emplois.

- Une crise financière est également inévitable, provoquée surtout par les déficits énormes dans les budgets publics, l’inflation, la baisse brutale du pouvoir d’achat des travailleurs, les plus chanceux pour avoir encore un emploi.

- Une crise monétaire est fatalement en route avec la chute libre des grandes devises internationales, à commencer par le dollar US et en passant par la devise européenne.

- Une montée de la violence contre les femmes et leur plus grande paupérisation.

- Enfin, nous nous promettons une montée de la colère populaire pour demander des comptes sur ce déficit d’État, à la fois aux régimes politiques et aux gouvernants.

Cependant, l’humanité aura vécu avec le coronavirus une crise existentielle brutale.

Elle ne pourra pas éviter l’examen de conscience. Qu’avons-nous fait des écosystèmes ? Comment avons-nous réagi au réchauffement climatique ? Quelles réponses avons-nous apporté à l’accumulation capitaliste génératrice de crises, dans une économie mondialisée qui fonctionne à l’intelligence artificielle comme autrefois les trains au charbon ?

Ce tsunami produit par le coronavirus a ébranlé profondément la mondialisation économique, éclaboussé l’orgueil des pays développés qui se vantaient hier encore d’avoir assuré une plus grande espérance de vie et voient aujourd’hui les personnes du troisième âge suffoquer en silence et tomber par milliers, rongées par ce virus sans merci qui envahit leurs poumons et les étouffe.

Ces générations qui suffoquent et meurent devant nos yeux sont celles-là mêmes qui ont produit l’abondance, qui ont milité et arraché les systèmes de protection sociale. Les générations suivantes, oreilles allongées du fait de l’addiction aux smartphones, ont hérité facilement l’aisance et le confort, et ont observé avec désarroi et incapacité mourir leurs aînés.

Mais les humains peuvent réagir à la violence de cette expérience limite par un sursaut de conscience et une profusion d’humanisme.

Plutôt que la guerre, on peut voir surgir une lueur de résurrection d’un humanisme qui déborde les frontières, et appelle à une solidarité et une fraternité universelles. L’humanité en chacun de nous est en mesure de nous unir pour affronter courageusement et intelligemment toutes les catastrophes.

Fadia KIWAN

Le Caire

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Beaucoup de gens se sont lancés dans les spéculations sur le lendemain du coronavirus ; encore faut-il que ce lendemain pointe à l’horizon. Toutefois, on peut constater la grande diversité des répliques à cette pandémie. D’une part, on assiste à un rebondissement de l’autoritarisme chinois, qui s’était assoupi dans le lit douillet de l’économie libérale, flatté de toutes...

commentaires (3)

Je cous cite : ..."""Les générations suivantes, oreilles allongées du fait de l’addiction aux smartphones, ont hérité facilement l’aisance et le confort, et ont observé avec désarroi et incapacité mourir leurs aînés."""................................................ Ils ont beaucoup d’imagination, les mordus de la politique quand ils sont confinés au Caire, à Beyrouth ou ailleurs. Je ne suis pas idiot pour prendre ""oreilles allongées du fait de l’addiction aux smartphones"", au pied de la lettre. J’ai compris et même plus, que la jeunesse d’aujourd’hui a des ""oreilles d’ânes"", du fait de leur addiction à la téléphonie mobile. Mais dites-moi, qu’elle est la taille de l’oreille d’un trader, à la bourse, ou dans une salle de vente aux enchères, accroché au téléphone avec sa direction, ou avec un client, pendant de longues heures….. Il y a une différence entre l’entretien téléphonique d’un professionnel et un blablateur ??? ….

L'ARCHIPEL LIBANAIS

14 h 25, le 05 mai 2020

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Commentaires (3)

  • Je cous cite : ..."""Les générations suivantes, oreilles allongées du fait de l’addiction aux smartphones, ont hérité facilement l’aisance et le confort, et ont observé avec désarroi et incapacité mourir leurs aînés."""................................................ Ils ont beaucoup d’imagination, les mordus de la politique quand ils sont confinés au Caire, à Beyrouth ou ailleurs. Je ne suis pas idiot pour prendre ""oreilles allongées du fait de l’addiction aux smartphones"", au pied de la lettre. J’ai compris et même plus, que la jeunesse d’aujourd’hui a des ""oreilles d’ânes"", du fait de leur addiction à la téléphonie mobile. Mais dites-moi, qu’elle est la taille de l’oreille d’un trader, à la bourse, ou dans une salle de vente aux enchères, accroché au téléphone avec sa direction, ou avec un client, pendant de longues heures….. Il y a une différence entre l’entretien téléphonique d’un professionnel et un blablateur ??? ….

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 25, le 05 mai 2020

  • """Ils affichent aussi une mémoire courte pour ne pas reconnaître avoir fait des coupures dans les budgets des services publics de santé et de protection sociale.""".............................................. Mais vous avez raison !!! Quand les ""blouses blanches"" sont descendues dans la rue, en France à la mi-novembre, pour réclamer un meilleur traitement et dénoncer les coupes budgétaires, tout le monde avait de la compassion pour eux, sauf le pouvoir. On ne coupe pas dans le budget de la santé, n’est-ce pas M. Macron, et je souhaite de tout cœur qu’il le paye très cher lors des prochaines élections.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 12, le 05 mai 2020

  • """- Une montée de la violence contre les femmes et leur plus grande paupérisation."""....................................... Voilà une des futures grandes catastrophes annoncées. Si les violences contre les femmes datent d’avant le corona, elles s’aggraveront après, du fait de la violence faite aux hommes par la précarité de l’emploi ou tout simplement par le licenciement. Si les femmes, recourent à la justice pour trouver réparation à leur malheur, les hommes par l’injustice de la situation qui se profile, n’auront de recours devant aucune instance, et ne règlent pas le conflit à l’amiable, et c’est ignoble ce qu’ils infligent à leur compagne. Un jour ou l’autre, hommes ou femmes seront à égalité……

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 06, le 05 mai 2020

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