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Société - Liban

Dans le centre-ville de Beyrouth, la fête des travailleurs sous le signe de l’effondrement économique

"Le plan du gouvernement est le coup de grâce pour les travailleurs. Il vise à appauvrir encore plus le peuple", déplore un manifestant.

Des manifestants portant des masques aux couleurs du Liban lors d'un rassemblement dans le centre-ville de Beyrouth, le 1er mai 2020. REUTERS/Mohamed Azakir

Ils étaient quelques centaines de personnes vendredi, rassemblées en milieu de journée dans le centre-ville de Beyrouth dans une atmosphère festive et pacifique, pour la première manifestation de ce genre depuis le début du confinement, à l’occasion de la Fête des Travailleurs.

Au son de l’hymne national, les militants, dont beaucoup de jeunes, étaient regroupés sur la place des Martyrs, portant des masques et des gants et agitant pour certains des drapeaux libanais. Certains d’entre eux distribuaient des masques de protection aux couleurs du drapeau libanais, alors qu’un grand nombre de militaires étaient déployés sur place. Même si le nombre de manifestants restait réduit, en raison de la pandémie du coronavirus et peut-être aussi à cause du Ramadan, beaucoup de manifestants affirmaient être revenus sur ce lieu symbolique de la contestation pour dire que le mouvement de protestation allait se poursuivre.

"C’est la fête des travailleurs qui sont tous au chômage, qui ont été volés par le gouvernement qui veut maintenant fixer le dollar à 3500 livres", dit Abir, 37 ans, qui s’insurge contre le plan de réforme annoncé jeudi par le gouvernement. "Ce plan du gouvernement est le coup de grâce pour les travailleurs. Il vise à appauvrir encore plus le peuple", ajoute la jeune femme. "Qu’ils commencent par restituer les fonds volés et l’argent qu’ils ont pillé, qu’ils arrêtent le partage des parts puis qu’ils viennent nous parler de réforme et d’imposer de nouvelles taxes".

L'éditorial de Issa Goraieb

Chômée ? Et comment !

"Nous venons ici pour la fête des Travailleurs pour rappeler au pouvoir que les revendications populaires sont toujours les mêmes", affirme Diaa Hochar, un trentenaire accompagné d’une femme portant un masque aux couleurs libanaises. "L’écart se creuse de plus en plus entre l’Etat et le peuple, et la situation va vers une explosion sociale généralisée", a-t-il averti, dénonçant la hausse vertigineuse du taux du dollar. Selon lui, le plan de redressement économique présenté jeudi par le gouvernement qui veut demander de l’aide au Fonds Monétaire International"n’est qu’une piqûre d’anesthésie, nous n’avons aucune confiance en la classe politique. Toute aide de l’étranger ne fera que consolider cette classe politique".

Des contestataires brandissant le drapeau libanais à bord d'un véhicule, sur la place des Martyrs de Beyrouth, le 1er mai 2020. Photo Joao Sousa

Un peu plus loin, place Riad Solh, des militants syndicalistes, notamment de gauche, dont le secrétaire général du Parti communiste libanais Hanna Gharib, étaient réunis, comme aux premiers jours du soulèvement du 17 octobre. Certains militants portaient des keffieh et entonnaient en chœur des chansons d’artistes de gauche comme Marcel Khalifé ou l’Egyptien Cheikh Imam.

"C’est une journée au cours de laquelle nous, gauchistes et travailleurs, manifestons traditionnellement au Liban pour réclamer tous les droits dont nous sommes privés : les soins médicaux, l’éducation, le droit au travail…", affirme Jihad Chalhoub, portant un T-shirt frappé du portrait de Che Guevara. Cet employé de 52 ans dans une compagnie de produits pharmaceutiques souligne que cette année la situation est devenue catastrophique avec "la cherté de vie galopante et l’effondrement du taux de la livre". "Un employé qui touchait un million de livres gagne en fait aujourd’hui le quart, comment peut-il continuer à vivre ? Des mesures sérieuses sont nécessaires mais nous n’avons aucune confiance dans le gouvernement et la classe politique , qui ne nous ont jamais rien donné".

Des manifestants rassemblés dans le centre-ville de Beyrouth, le 1er mai 2020. Photo Zeina Antonios

Devant la Maison du Centre, résidence de l’ancien Premier ministre Saad Hariri dans le centre-ville, un groupe d’ancien employés de la Future TV se sont rassemblés, réclamant leurs droits après leur licenciement. « Cela fait cinq ans que nous réclamons nos droits, nos enfants ont faim », a affirmé l’un d’eux. « Nous n’avons plus de quoi payer nos loyers », a dit un autre manifestant.

D'autres marches ont été organisés à Beyrouth, notamment entre les ministères du Travail et celui des Affaires sociales. Des manifestants se sont rassemblés devant le siège de la Banque du Liban, dans le quartier de Hamra, dans une atmosphère plus tendue face aux forces de l’ordre. Des échauffourées, qui ont éclaté lorsque les forces de l'ordre ont voulu arrêter un contestataire, ont fait un blessé. Les tensions se sont ensuite à nouveau apaisées et les protestataires rapidement dispersés, selon notre photographe sur place Joao Sousa.

D'autres rassemblements et convois ont été organisés dans les différentes régions du Liban, notamment à Tyr et Nabatiyé (Liban-Sud).

A Zahlé, dans la Békaa, un enterrement symbolique de la livre libanaise a été organisé par les contestataires, qui ont marché en procession dans les rues de la ville en portant un cercueil.


A Rachaya, une marche a été organisée par des partisans du Parti socialiste progressiste, du leader druze Walid Joumblatt.

Ils étaient quelques centaines de personnes vendredi, rassemblées en milieu de journée dans le centre-ville de Beyrouth dans une atmosphère festive et pacifique, pour la première manifestation de ce genre depuis le début du confinement, à l’occasion de la Fête des Travailleurs.Au son de l’hymne national, les militants, dont beaucoup de jeunes, étaient regroupés sur la place des...

commentaires (4)

Merci ma sœur de consacrer de votre temps pour faire attention à notre santé . Donc cheers , à la vôtre ma sœur , que dieu vous le rende au centuple . Surtout priez pour les pêcheurs que nous sommes . Vous va avez certainement l’oreille du bon dieu !

Abdo Chakhtoura

03 h 46, le 02 mai 2020

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Commentaires (4)

  • Merci ma sœur de consacrer de votre temps pour faire attention à notre santé . Donc cheers , à la vôtre ma sœur , que dieu vous le rende au centuple . Surtout priez pour les pêcheurs que nous sommes . Vous va avez certainement l’oreille du bon dieu !

    Abdo Chakhtoura

    03 h 46, le 02 mai 2020

  • Oui ce sera certainement long... Mais quand on parle des fonds volés, pillés il s'agit du temps des gouvernements précédents. Dans quel état le gouvernement actuel a récupéré le pays? Un miracle dans l'immédiat est utopique. Malheureusement.

    Sybille S. Hneine

    15 h 49, le 01 mai 2020

  • À tous ceux qui croient que ce gouvernement sauvera le pays lui qui se contente de réciter ce qu’on lui écrit et de faire des discours accusant X et Y, sans appliquer la moindre phrase de ce qu’il dit et prétend vouloir faire se trompent. Il est là pour faire gagner du temps aux vendus pour finaliser leurs projets de destruction et tout le reste n’est que pour anesthésier le peuple en lui faisant croire qu’il bosse pour nous en sortir.

    Sissi zayyat

    15 h 38, le 01 mai 2020

  • Le plan du Gouvernement ne vise Pas les travailleurs . C'est un plan qui essaie de remettre le pays sur les rails . Le chemin est long pour nous tous : travailleurs , professions libérales , petits artisans et industriels et tout travailleur qu'il soit encore jeune et peut encore espérer vivre de jours meilleurs que le travailleur parti à la retraite et qui pensait avoir assuré une survie décente . Ce retraité comptait sur une aide aussi de ses enfants Mais aussi les enfants qu'ils appartiennent à n'importe quelle classe de travailleurs : employés ou autres , ont tous besoin actuellement d'aide . Tout le monde est dans le pétrin et nous nous devons d'être solidaires contre la classe politique qui a gouverné et contre les commerçants avides et sans merci . J'ai confiance malgré tout dans Ce Gouvernement même si nous tous on va supporter un poids de ce plan de sauvetage .

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    14 h 30, le 01 mai 2020

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