Parce qu’ils se sentaient impuissants face aux problèmes économiques de leurs compatriotes malmenés par une crise financière sans précédent, et qu’en ces temps de confinement, ils avaient besoin de leur être utiles, trois jeunes Libanais de France ont décidé de donner un coup de pouce aux élèves libanais qui rencontrent des difficultés d’apprentissage à distance. Joy Abousleiman, étudiante en master à HEC Paris, sa sœur Léa Abousleiman, doctorante en économie à l’École polytechnique, et leur ami Paul Nachawati, business developer dans une entreprise de marketing digital, détenteur d’un master en management à l’Université IE de Madrid, ont lancé il y a tout juste une semaine l’initiative bénévole « Coup de pouce virtuel ».
Paul Nachawati, concepteur de la plate-forme « Coup de pouce virtuel ».
À chaque élève son « buddy » ou tuteur
À travers leur plate-forme en ligne www.coupdepoucevirtuel.com, destinée « à connecter des élèves avec des bénévoles pour assurer la continuité de l’éducation scolaire malgré la situation difficile que traverse le Liban », ils proposent un accompagnement scolaire aux élèves des classes de neuvième (CE2) à la troisième qui suivent l’enseignement francophone. Cours particuliers sur webcam et partage d’écran, aide aux devoirs et séances de questions-réponses, trois modes d’assistance sont aujourd’hui proposés par le trio. Avec pour objectifs, d’aider les élèves qui peinent à suivre les classes à distance à mieux comprendre les notions, et, par le fait même, d’assister les parents qui n’ont pas la capacité d’aider leurs enfants vu leurs obligations professionnelles.
Si l’initiative est venue de Joy Abousleiman qui cherchait à se rendre utile après un stage, c’est avec sa sœur jumelle, Léa, que la réflexion s’est orientée vers l’aide personnalisée à l’éducation, adaptée aux points forts et faiblesses de chacun. Paul Nachawati s’est alors penché sur la conception du site web, de A à Z.
Joy Abousleiman, étudiante en master à HEC Paris. Photo D.R.
« “Coup de pouce virtuel” s’adresse aussi bien aux élèves qu’à leurs parents », explique Léa Abousleiman à L’Orient-Le Jour. Pour bénéficier d’un soutien scolaire qui, rappelons-le, est entièrement gratuit, il suffit pour l’écolier de s’inscrire rapidement en ligne, de donner ses coordonnées, sa classe, le nom de son école, de définir ses besoins et ses attentes, en maths, français, anglais, arabe, sciences ou autres, de choisir enfin l’outil d’interaction qui lui convienne le mieux (Skype, Hangout, Zoom, Microsoft Teams...). « L’équipe bénévole lui attribue alors un buddy ou tuteur bénévole (homme ou femme) chargé de le suivre de manière individuelle tout au long de son parcours, de l’accompagner dans ses devoirs, de répondre à ses questions et de l’aider à combler ses lacunes, tout en lui fournissant un soutien moral par le fait même », précise la doctorante. La prise de rendez-vous se fait en fonction du calendrier des deux parties. Et le travail peut commencer.
Page d’accueil du site web de l’initiative. Photo DR
Dix bénévoles, familiers des programmes éducatifs libanais
L’initiative n’en est pour l’instant qu’à ses premiers balbutiements. Et déjà des élèves du collège Notre-Dame de Jamhour et du collège du Sacré-Cœur de Gemmayzé sont connectés avec leurs tuteurs bénévoles, prêts pour leurs premières sessions d’accompagnement scolaire, précise Léa Abousleiman, qui salue « le soutien des parents d’élèves du collège Notre-Dame de Jamhour et du collège Saint-Grégoire ». Car pour se faire connaître des milieux éducatifs locaux, le trio multiplie les contacts auprès des établissements scolaires et des parents d’élèves.
Dix bénévoles « soigneusement sélectionnés » sont déjà à l’œuvre pour mener à bien la mission de « Coup de pouce virtuel ». « Jeunes professionnels libanais polyvalents, âgés entre 24 et 27 ans, ils vivent aux quatre coins du monde, en France, au Liban, au Royaume-Uni, en Chine et aux Émirats arabes unis », souligne la cofondatrice de l’initiative. « Familiers du système éducatif et des programmes libanais », ils ont pour mot d’ordre la bienveillance et le souci de la qualité. Sans oublier cette nécessité d’établir un climat de confiance avec l’élève. Sur le site web, toute personne « patiente, pédagogue et sociable, désireuse de partager, de transmettre son savoir et de donner de son temps libre » est invitée « à devenir le buddy d’un élève ». Car il faut être fin prêt pour parer à la demande qui risque d’être importante.
Seule ombre au tableau, ce regret que Léa Abousleiman laisse échapper. « Nous aurions voulu lancer notre initiative auprès de populations parmi les plus défavorisées. Mais les défis d’ordre matériel ne le permettent pas pour l’instant », déplore-t-elle, relevant l’impossibilité pour les familles modestes de se procurer une connexion internet ou du courant électrique continu à bas coût, ou même de se procurer un ordinateur.
Merci et Bravo a notre jeunesse et esperons que bcp d'autres y adhereront
18 h 20, le 30 avril 2020