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Lifestyle - Un peu plus

Je ne veux pas que le confinement s’arrête

Anwar Amro/AFP

Non, ce n’est pas le syndrome de Stockholm. Non, je ne suis pas tombée amoureuse de ce bourreau de virus. Non, je n’ai pas envie de continuer à avoir peur de toucher quelque chose ou d’enlacer les gens que j’aime ; ni de sprayer les items que j’ai achetés du supermarché ou de rester à distance lorsque je croise quelqu’un. Et pourtant, je ne veux pas que le confinement s’arrête. Parce que j’ai peur de ce qui va se passer après. Moi, comme beaucoup de gens.

Cette mise en quarantaine va arriver à sa fin, un jour ou l’autre. Pour certains, le quotidien reprendra sa place. Leur boulot ne se fera plus de la maison et ils retrouveront leur bureau et leurs collègues. Comme avant. Les commerces relèveront leurs rideaux de fer et essaieront d’écouler leur marchandise. Comme avant. Les élèves et les étudiants reprendront les cours, et sur les bancs de leur classe, ils reverront leurs camarades de classe. Comme avant. Une fois que les aéroports du monde entier rouvriront leur tarmac pour les avions de l’international, certains pourront à nouveau voyager. Comme avant. Mais si, pour d’aucuns, la vie reprendra son cours normal (comme avant), à quelques détails près, pour d’autres, ce sera l’inconnu.

Beaucoup de Libanais, comme partout dans le monde, se sont retrouvés sans travail. Comme moi. Et la faillite du pays, même si on parle beaucoup d’une petite relance économique mondiale, n’aidera pas.

Le confinement a permis à ceux qui avaient perdu leur emploi de ne plus se sentir isolés. Ils ont senti une solidarité inconsciente, puisque tout le monde est dans le même bain, pour ne pas dire dans la même merde. Leurs amis qui n’ont pas un boulot qui leur permette de travailler de la maison se sont retrouvés dans la même situation qu’eux. Végéter sur leur canapé en attendant que ça passe. Comme moi. Mais une fois passée cette pandémie, qu’adviendra-t-il de leur avenir ? De mon avenir. Ceux moins chanceux, moins entourés, pas aidés par une famille qui les soutient, sans diplôme ou sans ouverture professionnelle vont avoir faim. Comme ceux qui en crèvent déjà. Ils ne pourront plus payer leur loyer, l’éducation de leurs enfants, leur assurance, leur voiture. Ils ne pourront probablement plus nourrir leur famille. Le tableau est noir pour un grand nombre de Libanais. Et la sortie de ce confinement va leur rappeler leur triste réalité. Ils vont passer du côté obscur de la force. Alors oui, pour toutes ces raisons, la disparition de cette pause est terrifiante.

La seule lueur d’espoir reste le retour de la Thaoura. Elle n’est pas morte, loin de là. Elle a pendant cette parenthèse pris un autre visage. Celui de l’entraide. Du soutien au corps médical à travers des associations comme Beytna Beytak ou Beit el-Baraka, entre autres. Elle a pris le visage de l’aide comme ces boîtes alimentaires distribuées par la branche sociale du mouvement Minteshreen, entre autres. Elle a pris le visage de ces convois de voitures, roulant pour protester contre un gouvernement qui à part peut-être avoir bien géré la crise sanitaire du Covid-19 n’aura pas fait grand-chose pour son peuple. L’aide proposée par le ministère des Affaires sociales a été suspendue pour des raisons de clientélisme et de pistons. Et ce n’était que 400 000LL pour les familles les plus nécessiteuses. Ceux qui ont voulu être rapatriés se sont fait refouler pour laisser passer les gens affiliés à des partis politiques. Des VIP porteurs parfois du virus. Le gouvernement n’a pas fait grand-chose à part voter l’autorisation d’exporter de la weed à but thérapeutique, pour se mettre une fois de plus un joli pactole dans les poches. Continuer le projet de Bisri, suspendu grâce aux activistes de la Thaoura ; poursuivre d’autres projets flous ; ne pas maintenir la parité de la livre libanaise ; ne pas sanctionner les banques ou les changeurs… Rien n’aura convaincu les crapules de ce régime pourri de s’acheter une bonne conscience. Cette conscience qui leur fait défaut depuis des décennies. Mais cela n’a rien d’étonnant.

Alors oui, la seule lueur d’espoir, le seul espoir, c’est notre révolution. Qui, oui, est organisée. Qui, oui, a des leaders dans l’ombre. Qui, oui, est plus enragée qu’avant. Plus déterminée à faire tomber ces crapules et tout tenter pour recouvrer l’argent qu’ils nous ont volé.

Non, ce n’est pas le syndrome de Stockholm. Non, je ne suis pas tombée amoureuse de ce bourreau de virus. Non, je n’ai pas envie de continuer à avoir peur de toucher quelque chose ou d’enlacer les gens que j’aime ; ni de sprayer les items que j’ai achetés du supermarché ou de rester à distance lorsque je croise quelqu’un. Et pourtant, je ne veux pas que le confinement...

commentaires (3)

Tout est dit dans cette phrase: “ Rien n’aura convaincu les crapules de ce régime pourri de s’acheter une bonne conscience”

Nadine Naccache

18 h 23, le 25 avril 2020

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Commentaires (3)

  • Tout est dit dans cette phrase: “ Rien n’aura convaincu les crapules de ce régime pourri de s’acheter une bonne conscience”

    Nadine Naccache

    18 h 23, le 25 avril 2020

  • Seule la poursuite de la Révolution est à même de nous faire recouvrer nos droits bafoués et notre argent volé. Que Dieu donne à ce peuple l'intelligence de reconnaitre ses vrais ennemis et la force de continuer la lutte jusqu'au châtiment de tous les corrompus qui ont ruiné ce beau pays.

    Georges Airut

    02 h 48, le 25 avril 2020

  • Super article Voilà un article qu’on aime les lire dans notre quotidien préféré . merci Médéa. On sent LE LIBAN de nos rêves à travers les lignes..Et non le liban de cette clique qui depuis 1988 a détruit le liban par ses guerres de soi disant libération , qui ne furent qu’OCCUPATION et ensuite la bande mafieuse qui a pillé le pays de 1991 à ce jour en passant par les nouveaux arrivants dans cette joyeuse bande , dès 2004 ou 2005 je ne sais plus quand... ( Ce tsunami qui a porté la poisse depuis )

    LE FRANCOPHONE

    02 h 29, le 25 avril 2020

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