« Nous avions rouvert notre restaurant Askini à Paris le 20 février, après avoir réalisé des travaux, changé la carte, embauché et formé, communiqué sur toutes ces transformations…
Nous pensions, mes partenaires Jasmine Busson, Selloua Bouaziz et moi, que les mauvais jours étaient derrière nous avec la fin des grèves des transports et du mouvement des gilets jaunes. Le 13 mars, pour le dîner, le restaurant était plein. Je me suis dit que les Parisiens, comprenant que le confinement allait arriver, sortaient une dernière fois. C’était effectivement notre dernier service. Nous avons rangé et nettoyé le 16 mars, donné la nourriture restante et nous sommes confinés. Nous avons hésité à faire de la livraison de repas puis avons décidé de rester simplement isolés.
Mes deux garçons sont partis avec leur mère dans le sud de la France et je suis resté à Paris avec ma fille. L’avantage avec cette génération d’enfants, c’est qu’ils sont faits pour le confinement. Leurs écrans leur servent d’ouverture sur le monde et de moyen de communication.
J’ai repensé à nos confinements multiples au Liban, pendant la guerre, dans les caves ou les couloirs des appartements, sans électricité, sans eau, sans contact avec qui que ce soit d’extérieur à l’immeuble et dans la peur des bombardements. Et je me suis dit qu’on avait bien de la chance d’être des confinés tout confort à Paris. C’est sans doute à ce moment de prise de conscience qu’avec mes partenaires d’Askini, nous nous sommes dit qu’il fallait aider ceux pour qui le confinement était un véritable drame. Nous avons pensé alors aux étudiants libanais bloqués à Paris, sans ressources financières du fait de la situation bancaire locale couplée au confinement, et nous avons commencé à offrir des repas que je cuisine chez moi et que je livre à la Maison du Liban. De nombreux compatriotes commencent à faire des dons qui nous permettront de leur offrir plusieurs repas chaque semaine, j’espère. Pour moi, le farniente des premiers jours de fermeture a ainsi fait place à l’organisation logistique des achats, emballages et livraison, et à une douzaine d’heures en cuisine pour chaque fournée d’une centaine de repas.
Au fond, cette période d’enfermement nous a rappelé notre condition fragile d’humains, le caractère furtif de notre passage sur terre, et nous a recentrés sur l’essentiel. Je crois que nous voyons mieux la beauté des choses. Le plat dont je partage la recette est celui que ma mère avait un peu inventé pour ma fille, pour lui faire manger des courgettes… Je ne l’avais jamais cuisiné avant le confinement. Et il y a quelques jours, je l’ai préparé pour la première fois pour elle. »
*Karim Haïdar est l’auteur de plusieurs ouvrages : « Cuisines d’hier et d’aujourd’hui », coécrit avec Andrée Maalouf (2007, éd. Albin Michel ), « Tout au barbecue » (2009, éd. Albin Michel) et « Saveurs libanaises : miroir de la diversité », coécrit avec Andrée Maalouf, (2015, éd. Albin Michel). Il vient d’achever la préparation d’un livre sur la kebbé libanaise qui paraîtra dès que ce sera possible.
LES COURGETTES
AUX TOMATES DE TÉTA
Pour 4 personnes
Ingrédients
800 g de courgettes
1 gros oignon
2 gousses d’ail
2 grosses tomates
200 g de viande hachée
50 g de pignons de pin
Huile végétale
1 c. à soupe de sept épices libanaises
Sel fin.
Préparation
Hachez les oignons
Pilez l’ail
Coupez les courgettes en dés de 5 mm
Pelez les tomates et coupez-les en dés
Faites revenir les pignons dans l’huile en les remuant. Lorsqu’ils sont bien dorés, rajoutez les oignons, faites revenir 20 minutes à feu doux. Rajoutez les courgettes et la tomate. Mélangez et continuez la cuisson à couvert pendant 10 minutes. Ajoutez la viande, l’ail et les épices, remuez et laissez cuire 5 minutes de plus, toujours à couvert. Servez.
Mon conseil : vous pouvez accompagner le plat de riz basmati, de riz au vermicelle ou encore de boulghour.
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commentaires (3)
Attention pour l’oignon je pense que la cuisson est de 2 minutes pas de 20 minutes !
Shou fi
11 h 25, le 25 avril 2020