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Moyen-Orient - confinement

Coronavirus : à Istanbul, la guerre du pain n'aura pas lieu

Un boulanger un peu trop gourmand a triplé son prix de vente, un sacrilège qui lui a valu la furie des médias et une forte amende.

Un boulanger livrant du pain à un client, à Istanbul, le 11 avril 2020. Photo AFP / Yasin AKGUL

Dans sa fourgonnette bringuebalante, Bayram sillonne les rues pentues d'un quartier populaire d'Istanbul avec une cargaison prisée depuis l'entrée en vigueur samedi d'un strict confinement contre le coronavirus: des cageots remplis de pains. Deux fois par jour, le matin et en fin d'après-midi, ce boulanger âgé de 42 ans approvisionne les habitants de Küçükçekmece qui attendent avidement sa tournée.

Dimanche, 08h00. "Qui veut du pain ? Le pain est arrivé !", crie Bayram par la fenêtre baissée de son véhicule qui roule au pas.
"Boulanger, donne-m'en deux !", hèle une femme, tête recouverte d'un foulard bleu, en faisant descendre de son balcon au premier étage un panier en osier suspendu à une corde. La camionnette s'arrête, Bayram et son collègue Murat ouvrent les portes dans un claquement et sortent des cageots. Tous deux portent des gants et un masque. Des visages apparaissent aux fenêtres et aux balcons et les commandes pleuvent.

"On a parfois du mal à tout retenir : qui a demandé quoi, à qui on doit rendre quelle monnaie ?", sourit Bayram.

Le pain occupe une place centrale dans la culture en Turquie, pays qui est l'un des plus gros consommateurs au monde. Les Turcs en mangent en moyenne quelque 150 kilos par an. Le gouvernement a annoncé vendredi un confinement dans les 30 plus grandes villes pendant le week-end pour tenter de ralentir l'épidémie de Covid-19 qui a fait plus de 1.100 morts en Turquie. A l'annonce de cette mesure qui doit pourtant être levée dimanche soir, des milliers de Turcs se sont rués dans les boulangeries pour faire des provisions. Face à ce mouvement de panique, le gouvernement a dû rassurer la population en affirmant qu'elle ne manquerait pas de pain. Dans certains quartiers, la municipalité fait même des distributions gratuites.

Profitant de la situation, un boulanger un peu trop gourmand a triplé son prix de vente, un sacrilège qui lui a valu la furie des médias et une forte amende.

Bayram, lui, a maintenu son prix de vente à 1,5 livre turque (20 centimes d'euro) l'unité, même si l'épidémie a fait chuter ses ventes. Samedi, au premier jour du confinement, il n'a écoulé que 2.100 pains, contre 4.000 en temps normal. A cela, il doit maintenant ajouter le coût du carburant consommé lors de sa tournée. Et un autre investissement pourrait s'avérer nécessaire si le confinement est prolongé.

Désignant son collègue Murat dont la voix est enrouée à force de crier, Bayram dit : "Si ça continue, on achètera un micro !".

Dans sa fourgonnette bringuebalante, Bayram sillonne les rues pentues d'un quartier populaire d'Istanbul avec une cargaison prisée depuis l'entrée en vigueur samedi d'un strict confinement contre le coronavirus: des cageots remplis de pains. Deux fois par jour, le matin et en fin d'après-midi, ce boulanger âgé de 42 ans approvisionne les habitants de Küçükçekmece qui attendent...

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