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Moyen-Orient - Pandémie

Reprise progressive de l'activité en Iran, malgré le coronavirus


"Il n'y a pas d'autre possibilité. Nous voulons maintenir en même temps le plus d'activité économique possible et la lutte contre le coronavirus", affirme le président Hassan Rohani.


Des Iraniens à Kerman, le 11 avril 2020. AFP / ISNA

Face au double défi des sanctions américaines et du Covid-19, l'Iran a autorisé une reprise graduelle de l'activité à compter de samedi afin d'empêcher son économie de sombrer totalement.

La décision de permettre une réouverture des activités "à faible risque" de propagation du nouveau coronavirus, dans les provinces à partir de samedi puis dans la capitale à partir du 18 avril, a été critiquée par des experts médicaux et même certains membres du gouvernement, mais selon le président Hassan Rohani, "il n'y a pas d'autre possibilité". "Nous voulons maintenir en même temps le plus d'activité économique possible et la lutte contre le coronavirus", a-t-il déclaré mercredi.

Joints par téléphone de Téhéran, des Iraniens de plusieurs villes du pays ont indiqué avoir constaté une nette hausse de la circulation automobile alors qu'une partie de la population reprenait le travail.

Sans décréter de confinement obligatoire, les autorités iraniennes appellent depuis plusieurs semaines les habitants à rester chez eux "autant que possible", et jusqu'à vendredi, seuls les commerces essentiels (magasins d'alimentation de petite et moyenne surface et pharmacies par exemple) étaient autorisés à ouvrir.

Les usines pharmaceutiques pouvaient aussi fonctionner, comme celle de Karaj, que des journalistes ont été invités à visiter et qui produit des tests de dépistage du Covid-19.

Avec plus de 4.300 décès provoqués par la maladie sur environ 70.000 cas officiellement déclarés, l'Iran est de loin le pays le plus touché par la pandémie au Proche et au Moyen-Orient.


"Gens désorientés"

"La reprise de l'activité ne veut pas dire qu'il faut ignorer les consignes sanitaires", a déclaré M. Rohani, cité samedi dans un communiqué gouvernemental.

"Les gens sont désorientés, ils ne savent plus quoi faire. Ce n'est ni un confinement total ni une véritable reprise", déclare à l'AFP Réza Mirabizadeh, ingénieur informatique joint à Ispahan (centre), troisième ville du pays.

"Quand (les autorités) mettent en oeuvre des mesures draconiennes, les gens font plus attention et ne sortent de chez eux qu'avec des masques ou des gants. Mais plus ça va et plus il y a d'annonces comme celle-ci et moins les gens font attention, pensant qu'au fond cela n'est pas si grave", affirme-t-il.

Dans un premier temps, la décision des autorités doit permettre la réouverture des petits commerces non-alimentaires alors que de nombreux fonctionnaires travaillent encore de chez eux.

Au fur et à mesure, de petites entreprises devraient aussi pouvoir reprendre leur activité. Mais cela n'a rien d'"obligatoire", a déclaré le ministre de la Santé, Saïd Namaki: il s'agit juste d'une "autorisation". 

L'agence Isna a diffusé des photos de gens masqués faisant des courses dans un magasin d'électronique de Machhad (nord-est) ou au bazar de Kerman (sud-est). Ecoles, universités, mosquées, sanctuaires chiites, cinémas, centres culturels, stades et autres lieux de regroupement restent néanmoins fermés.

Conséquence des sanctions américaines rétablies contre la Républiques islamique en 2018, le PIB iranien a plongé de 4,8% cette année-là et de 9,5% en 2019, selon les derniers chiffres du Fonds monétaire internationale (FMI).

L'organisation prévoyait une stabilisation de l'économie en 2020, mais cet espoir semble s'être envolé avec la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19.


"Affaires à zéro"

Le retour des sanctions américaines empêche pratiquement la République islamique d'exporter son pétrole, première source de recettes du gouvernement. Face à cette situation, plusieurs hauts responsables font valoir que le pays ne peut se permettre de geler son économie, sauf à réduire encore les recettes fiscales de l'Etat, déjà en forte baisse.

Les autorités assurent pouvoir concilier reprise de l'activité et lutte contre le coronavirus grâce à ce qu'elles appellent "la distanciation sociale intelligente", concept qui comprend le fait pour les individus de maintenir une distance raisonnable entre eux et aussi l'obligation pour les entreprises qui souhaitent rouvrir de s'enregistrer auprès du ministère de la Santé et de respecter certains protocoles.

Un commerçant d'Ispahan, qui préfère taire son nom, raconte néanmoins qu'il a obtenu l'autorisation de rouvrir sa boutique de chaussures, mais que comme celle-ci est située dans une galerie commerciale et que ces galeries ne peuvent pas rouvrir, il doit rester fermé.

A Yazd (centre) et Ilam (ouest), nombre de commerces ont rouvert selon des habitants. Mais pour Mohammad Azerang, qui tenait une échoppe de restauration rapide et qui a dû se reconvertir dans la menuiserie, faute de clients, c'est comme "si les affaires étaient à zéro" puisque personne n'achète rien.


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C'est pas grave ils envoient leurs malades au Liban via le Hozbollah

Eleni Caridopoulou

19 h 11, le 12 avril 2020

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Commentaires (1)

  • C'est pas grave ils envoient leurs malades au Liban via le Hozbollah

    Eleni Caridopoulou

    19 h 11, le 12 avril 2020

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