Rechercher
Rechercher

À La Une - pandémie

Pas de miracle à Jérusalem, le Saint-Sépulcre fermé au public pour Pâques

"Les gens ont soif de spiritualité", note le porte-parole du patriarcat latin de la Ville sainte, qui se réjouit d'un "retour de la foi" en ces temps de crise sanitaire.


Un pèlerin se tenant devant les portes fermées de l'église du Saint Sépulcre, à Jérusalem, le 10 avril 2020. Photo REUTERS/Ammar Awad

Figurines en forme d'oeufs sur la table et lapins en peluche sur la commode: Sawsan Bitar s'efforce d'apporter un semblant de normalité pour Pâques à Jérusalem où, pour la première fois en plus d'un siècle, le Saint-Sépulcre est fermé durant le weekend pascal, coronavirus oblige.

Dans le quartier chrétien de la Vieille ville où réside Mme Bitar, les rues sont désertes et la plupart des commerces fermés depuis des semaines. "Déprimant", résume cette Palestinienne volubile d'une soixantaine d'années, qui se désole de ne pas pouvoir célébrer Pâques au Saint-Sépulcre, comme elle le fait chaque année.

Dans cette église considérée comme le lieu le plus sacré du christianisme, une messe a été célébrée à huis clos en matinée, avant une mini procession sur la Via Dolorosa (chemin de la souffrance), généralement parcourue par des milliers de pèlerins venus du monde entier à l'occasion de ce vendredi saint, qui commémore la crucifixion du Christ. Mais cette année, seuls quatre religieux ont psalmodié et chanté en s'arrêtant devant les 14 stations du chemin où Jésus a, selon les Évangiles, rencontré sa mère, chuté, reçu de l'aide pour porter la croix, et rencontré des femmes en pleurs.


(Lire aussi : Le fait religieux à l’heure du coronavirus)



Les étroites ruelles entrelacées de la Vieille ville ont été placées sous très haute surveillance de la police israélienne. Celle-ci a délivré une amende à un journaliste d'une agence étrangère qui n'aurait pas respecté les mesures de distanciation, ont constaté des journalistes de l'AFP.
La Vieille ville de Jérusalem est administrée par Israël depuis son annexion en 1967.

L'Etat hébreu, qui a officiellement recensé plus de 10.000 cas de personnes contaminées par le nouveau coronavirus, dont plus de 90 décès, a fermé tous les lieux de culte, en plus des commerces, écoles et lieux de loisirs, pour freiner la propagation de la pandémie. Côté palestinien, plus de 250 cas dont un décès ont été officiellement identifiés. Le mot d'ordre est donc clair pour les Pâques catholique et juive, qui ont lieu cette semaine, et orthodoxe, qui sera fêtée le 19 avril : restez chez vous !



(Lire aussi : Pâques en temps de coronavirus : le sens d’une résurrection)



"Cœur brisé" 
Regarder la messe en ligne sera la seule façon dont Francis Gharfah célébrera Pâques cette année. Ce Palestinien de Jérusalem-Est a laissé les décorations dans les cartons et n'a pas non plus pris le temps de préparer les pâtisseries habituelles. "La situation est dramatique", souffle à l'AFP cet homme, qui dit craindre pour son emploi dans une ONG en raison de l'impact du virus sur l'économie. Il a été "très touché" par les images du pape François célébrant le début de la semaine sainte dans une basilique Saint-Pierre du Vatican déserté par les fidèles, seulement accompagné de religieux et religieuses, avec une seule personne par banc.

"Les gens ont soif de spiritualité", note M. Chomali, qui se réjouit d'un "retour de la foi" en ces temps de crise sanitaire.

"Tout arrive pour une raison", estime Sawsan Bitar. "J'espère que nous serons des gens différents, que nous apprécierons les choses différemment", une fois la crise terminée. Pour marquer cette Pâques si inhabituelle, elle a tendu, à l'entrée de sa maison, un tissu avec des imprimés de petits poussins jaunes et d’œufs multicolores. Par terre, elle a disposé des lapins en peluche et des bouquets de fleurs. Toute sa famille a posé dans ce studio photo improvisé. Mais ces photos sont d'un maigre réconfort, reconnaît-elle, car rien ne vaut de prier à l'église pour Pâques.

Cœur chrétien de Jérusalem, le Saint-Sépulcre avait déjà été fermé en 2018 pour protester contre des impôts locaux ou pour des travaux de réfection. Mais c'est la première fois en au moins un siècle qu'il est fermé pour Pâques, assure l'historien palestinien Johnny Mansour.

"Nous vivons à cinq minutes du Saint-Sépulcre et nous ne pouvons pas y aller", regrette Mme Bitar. "Cela me brise le cœur."



Lire aussi
Pour Pâques, des fêtes confinées et inédites, partout dans le monde

Pèlerinage de Pâques inédit à Lourdes... sans fidèles

Figurines en forme d'oeufs sur la table et lapins en peluche sur la commode: Sawsan Bitar s'efforce d'apporter un semblant de normalité pour Pâques à Jérusalem où, pour la première fois en plus d'un siècle, le Saint-Sépulcre est fermé durant le weekend pascal, coronavirus oblige.Dans le quartier chrétien de la Vieille ville où réside Mme Bitar, les rues sont désertes et la plupart...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut