Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ni pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cela fait au moins 30 ans, si ce n’est plus, qu’on demande aux mutants qui se sont succédé aux commandes de ce pays de mettre en place des réformes structurelles, avant de songer à tendre la main et engager le sprint de la mendicité. Des instances internationales aux pays amis, en passant par les relations de passage, tous sans exception leur ont tenu le même langage. Sauf peut-être la Micronésie et les îles Wallis-et-Futuna. Mais tiens, fume ! C’est le dialogue du sourd-muet unijambiste et de l’aveugle cul-de-jatte…
Et d’abord commencer par Électricité du Liban, grippée depuis bien avant le coronavirus. Privatiser ce vieux chauffe-bain déglingué devenu « sévice » public ne doit pas signifier cependant le livrer au pompage des grands benêts de la politique, ce qui suppose un appel d’offres transparent et une ouverture du capital aux compagnies spécialisées et aux particuliers. Mais dans un Liban qui galope à reculons, autant promettre plus de soleil le lundi.
Idem pour l’eau, le téléphone et tout le tintouin brinquebalant de ces officines gérées par cet État inepte, qui à coups d’embauche et de débauche en a fait un repaire du clientélisme politique et communautaire. Sans oublier la Sécurité sociale, ce machin futuriste qui, après moult paperasses et interrogatoires sous la torture, rembourse avec un siècle de retard les 75 % de la facture du siècle précédent. Bref, un État-monstre peu ragoûtant, devenu au fil des ans marchand d’eau, d’essence, de tabac et d’allumettes, pourvoyeur de service postal, opérateur téléphonique… jusqu’à négliger son véritable rôle d’État.
Force est donc d’attendre le plan de réforme sur lequel phosphorent les ministres, en espérant seulement qu’il ne fasse pas l’effet d’un diamant tombé dans un étron. Visiblement, ce gouvernement a fait son deuil des fonds publics volés et volatilisés, puisque plus personne n’en parle. Alors les naïfs peuvent toujours se gratter s’ils pensent que les brigands d’hier et d’aujourd’hui vont cracher au bassinet.
Pendant ce temps, Tonton Hassane rame pour faire quelque chose et quémande la solidarité de ses parrains d’en haut. Un pour tous, tous purins! Le problème, c’est qu’avec une dette de 92 milliards, il n’y a plus personne en haut et il n’y a plus grand-chose à faire.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (9)
Un pour tous et tous purin. ...... Un diamant tombé dans un etron. ... À toi Gaby , les palmes académiques et de l'habit vert. ..... Dommage tu es confiné au Liban, quoique petit pays mais grosses ressources naturelles de purin et d'etron , aucun pays au monde ne possède autant de mat 1eres.
FRIK-A-FRAK
12 h 24, le 10 avril 2020