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Société - Régions

Malgré des mesures drastiques, Bécharré rattrapé par l’épidémie

Jeudi, l’hôpital gouvernemental a annoncé avoir enregistré quatre nouveaux cas de contamination au coronavirus, portant le nombre total de cas dans le village à onze.

Un immeuble de l’hôpital gouvernemental de Bécharré consacré au traitement des personnes porteuses du coronavirus. Photo fournie par la municipalité de Bécharré.

Après la détection du premier cas de coronavirus dans le pays, le 21 février, Bécharré a réussi pendant quelques semaines à rester à l’abri de la pandémie. Dans ce village du Liban-Nord perché à quelque 1 500 mètres d’altitude, la municipalité a vite réagi dès le début de la crise en prenant des mesures drastiques : les entrées du caza ont été notamment bloquées et un bureau de gestion de crise a été créé par l’union des municipalités.

« Dès le début, nous avons cherché à contrôler les entrées au caza où plusieurs points de contrôle ont été installés », explique le président de la municipalité de Bécharré, Freddy Keyrouz, joint au téléphone par L’Orient-Le Jour. « À l’entrée du caza, les voitures sont stérilisées, la température des passagers est prise et leurs noms et adresses enregistrés. » Toujours selon le président de la municipalité, ces mêmes mesures sont prises à l’intérieur même du caza, entre les différents villages. « Quant aux commerces et places du village de Bécharré, ils sont régulièrement stérilisés par la municipalité », ajoute-t-il.

Malgré ces mesures strictes prises par la municipalité, l’épidémie n’a pas épargné ce village qui compte environ 10 000 habitants en hiver, et entre 15 000 et 20 000 en été. Jeudi, l’hôpital gouvernemental de Bécharré a annoncé avoir enregistré quatre nouveaux cas de contamination au coronavirus, portant le nombre total de cas dans le village à onze. En outre, six cas ont été signalés dans d’autres villages du caza : trois à Barhelyoun, deux à Hadchite et un à Hasroun. La quasi-totalité des dix-sept cas ont réalisé le test PCR à l’hôpital gouvernemental de Bécharré. « Les tests sont réalisés à l’hôpital puis envoyés aux laboratoires de l’hôpital Mazloum à Tripoli ou l’hôpital Albert Haykal à Koura, précise Freddy Keyrouz. Les personnes suspectées d’être porteuses du coronavirus n’ont donc pas à se déplacer en dehors de leurs villages et sont appelées à rester à l’isolement total le temps que les résultats leur soient livrés. ».


(Pour mémoire : Coronavirus au Liban : un total de 11 cas à Bécharré)


L’hôpital Mar-Méma, centre d’isolement

Selon M. Keyrouz, il suffit que la personne désirant se faire tester pour le coronavirus entre en contact avec le bureau de gestion de crise aménagé par l’union des municipalités de Bécharré pour qu’il lui facilite le processus. « Les municipalités de Bécharré sont également prêtes à aider les personnes ne pouvant pas payer les frais du test qui varient, selon l’hôpital, entre 130 000 et 165 000 livres libanaises », ajoute-t-il.

En ce qui concerne les cas de contamination, la municipalité a établi un processus pour suivre la piste du virus. « Dès que nous apprenons qu’une personne vient d’être testée positive, nous lui demandons de nous dresser une liste des personnes qu’elle aurait côtoyées pendant les quinze derniers jours », explique-t-il, avant d’enchaîner : « Nous entrons en contact avec toutes ces personnes et leur donnons les directives nécessaires. »

Comment font les personnes qui n’ont pas les moyens de s’isoler totalement des membres de leur famille à la maison ? « L’hôpital Mar-Méma sert actuellement de centre d’isolement pour les personnes porteuses du coronavirus », précise M. Keyrouz. L’établissement, qui compte 22 chambres équipées chacune d’une télévision, accueille les malades de tous les villages du caza. Actuellement, trois personnes sont en quarantaine à l’hôpital Mar-Méma.

« À Bécharré, les habitants respectent le confinement à 90, voire 95 % », assure le président de la municipalité. « Nous avons juste du mal à convaincre les personnes testées de s’isoler complètement le temps que les résultats soient annoncés », déplore-t-il, précisant que l’analyse et l’annonce des résultats peuvent prendre parfois plus de 24 heures.


L’hôpital de Bécharré, origine de la propagation du virus ?

Selon le directeur de l’hôpital gouvernemental de Bécharré, Eddy Lozom, parmi les dix-sept cas de contamination au coronavirus dans le caza, l’on compte deux infirmières de l’établissement et un médecin. L’hôpital serait-il à l’origine de la propagation du Covid-19 à Bécharré ? « Nous ne pouvons pas confirmer ou démentir ces informations parce que nous ne pouvons pas encore déterminer quelle a été l’origine du premier cas », répond M. Lozom, avant de poursuivre : « Mais cette probabilité est très faible puisque l’hôpital a pris des mesures très strictes dès l’apparition du premier cas au Liban. »

M. Lozom précise à L’OLJ que l’hôpital peut recevoir jusqu’à 25 personnes contaminées au coronavirus. « Ces personnes seront reçues dans l’un des immeubles récemment construits et seront donc loin des autres patients », assure-t-il. « Avec l’hôpital de Hadchite, nous pourrons recevoir un total de 35 personnes au cas où les chiffres grimperaient. » Toujours selon lui, quatre à cinq respirateurs artificiels seront disponibles très bientôt. Quant aux cas graves, ils seront transférés dans des hôpitaux comprenant une unité de soins intensifs.


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commentaires (1)

Dans ces villages lointains et froids il faudra bien convaincre le peuple des mesures pour les protéger . Mission presque impossible .

Antoine Sabbagha

12 h 22, le 05 avril 2020

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Commentaires (1)

  • Dans ces villages lointains et froids il faudra bien convaincre le peuple des mesures pour les protéger . Mission presque impossible .

    Antoine Sabbagha

    12 h 22, le 05 avril 2020

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