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Nos Lecteurs ont la Parole - Pascale STEPHAN

Nos jeunes, ces grands hommes

Depuis le début de la révolte du 17 octobre, la démarche de nos jeunes incarne la grandeur de l’homme dans son humilité, la persévérance dans son appauvrissement, l’espoir dans ses blessures, l’aspiration vers un meilleur avenir dans ses souffrances, la lucidité dans l’incertitude. Quoi de plus noble !

Nos jeunes sont en train de devenir le miroir intellectuel auquel aspirent les peuples de toute cette partie du monde, grâce à leur vaillance et leur ténacité qui relèvent du mystique, et grâce à leur créativité et leur ingéniosité qui relèvent grandement de leur humanité.

Leur sentiment national admirable a survécu. Il a survécu aux tergiversations de ceux à la tête du pays, au féodalisme, au clientélisme et à la corruption de tout un système mal conçu et malmené. Il a survécu aux manœuvres de ces déplorables zaïms argentés, qui ont très peur en ces moments, car ils voient leurs comptes bancaires se rétrécir et leur pouvoir s’étrécir, et qui malgré toutes leurs âneries et leurs imbécilités, se jouaient des pauvres et des moins pauvres, de leurs voix et de leur voix. Oui de leur voix, avec ce double sens, celui de leur vote et celui de leur liberté d’expression et de parole.

Très ouvertement exprimés lors de cette révolte, les idéaux et les valeurs auxquels aspirent nos jeunes l’ont été avec courage et perspicacité. Ces idéaux qui nous lient ensemble en tant que peuple libanais, nos révoltés les ont énoncés tout haut et très fort. Ils ont dénoncé l’illégalité des actions de leurs représentants, ils ont simplement dit de façon retentissante ce que la plupart des Libanais pensaient discrètement et silencieusement.

Nos jeunes sont des hommes et des femmes engagés, ils luttent par tous les moyens civilisés pour des valeurs transcendantes. Et quoi de plus civilisé que la liberté de parole et d’expression. Ils ont cassé la mutité qui nous a été imposée sur certains sujets qui étaient tabous et interdits. Ils ont poussé certains hommes politiques à oser, à défier et à nommer les responsables de cette situation par leurs noms. Déchaînée, la parole s’est libérée, et Voltaire, Hugo, Martin Luther King et Gandhi renaquirent, mais aussi Coluche, grâce à leur humour.

Certains jeunes malgré toute l’agressivité à laquelle ils ont dû faire face exaltèrent la tolérance dans les comportements des uns à l’égard des autres comme Voltaire dans l’un de ses meilleurs livres, Traité sur la tolérance. D’autres prônèrent la non-violence et la civilité comme réponse à la brutalité et à l’hostilité comme Gandhi et Martin Luther King. Puisque comme les grands penseurs et les grands hommes, ils sont convaincus que « la non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit », comme l’a excellemment exprimé Martin Luther King.

Ils dénoncèrent, comme Victor Hugo en son temps, les pratiques moyenâgeuses de répression et d’injustice. Et comme lui, ils ont critiqué un système judiciaire biaisé et ils ont persiflé l’hérédité dans la transmission du pouvoir et ils ont dénoncé la corruption et les pratiques illégales des politiciens qui ont entraîné l’appauvrissement de toute une population.

Et à chaque occasion qui se présente, nos jeunes surgissent avec des commentaires et des analyses de situations qui nous étonnent par leur maîtrise des sujets, par leur clairvoyance, par leur maturité et par leur plume bien trempée dans leur vie bien agitée.

Et le plus surprenant, c’est la rapidité avec laquelle ils réagissent face aux événements et l’humour noir qui se dégage de leurs textes, dessins, commentaires et autres moyens de communication qui enflamment la Toile. Comme pour dire que voilà notre situation est dramatique, on la dénonce avec beaucoup d’esprit, de légèreté et de façon comique. Pour dire aussi qu’on en a marre, mais notre pensée est libre et on se marre.

Ils dépeignent l’absurdité de leur état dans la dérision et la gaieté, et c’est l’une des choses les plus difficiles; faire rire les gens sur des choses sérieuses et inquiétantes. Coluche, le fameux humoriste français qui attaquait bien souvent les hommes politiques, disait : « Le mois de l’année où le politicien dit le moins de conneries, c’est le mois de février, parce qu’il n’y a que vingt-huit jours. » Nos jeunes aussi comme Coluche ont critiqué la classe politique et nous ont fait rire, puisque comme l’a dit Eugène Ionesco : « Où il n’y a pas d’humour, il n’y a pas d’humanité. »

J’espère dire un jour que tout un livre de notre honteuse histoire, ils ont brûlé, nos jeunes, non sans difficulté, pour qu’un autre livre dans la gloire et en toute indépendance, ils écriraient. Et plus fumeux que jamais notre Liban déchaîné sera bientôt doré et encore plus adoré.

Et d’ici là, éblouissez-nous encore et toujours par vos écrits, l’écriture oriente l’âme vers la lumière.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Depuis le début de la révolte du 17 octobre, la démarche de nos jeunes incarne la grandeur de l’homme dans son humilité, la persévérance dans son appauvrissement, l’espoir dans ses blessures, l’aspiration vers un meilleur avenir dans ses souffrances, la lucidité dans l’incertitude. Quoi de plus noble ! Nos jeunes sont en train de devenir le miroir intellectuel auquel aspirent les...

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