Le gouvernement était supposé plancher hier sur les nominations des vice-gouverneurs de la Banque du Liban et des membres de la Commission de contrôle des banques, dont le mandat est venu à expiration mercredi. Le Premier ministre Hassane Diab a décidé cependant de les ajourner à la semaine prochaine. L’explication officielle est que le ministre des Finances, Ghazi Wazni, n’a pas remis à la présidence du Conseil les CV des candidats et que ces documents doivent être distribués aux ministres pour que leur choix s’opère en fonction des compétences.
Or il semble que la véritable raison du report soit ailleurs. Le dossier des nominations financières fait l’objet d’une querelle politique qui met en relief surtout la dégradation des rapports entre le courant du Futur et son ancien partenaire, le Courant patriotique libre. Celui-ci est accusé par le parti de l’ancien chef de gouvernement, Saad Hariri, d’essayer de mettre la main, en cette période critique économiquement et financièrement pour le Liban, sur le centre de décisions financières et de profiter du fait que le pays dans son ensemble est pris par l’épidémie du coronavirus, pour essayer d’« encercler et de neutraliser Riad Salamé », le gouverneur de la BDL. Réuni hier sous la présidence de la députée Bahia Hariri, le groupe parlementaire du courant du Futur s’est déchaîné contre le chef du CPL, Gebran Bassil, et le président Michel Aoun, mais sans les nommer. « On s’efforce dans certaines chambres gouvernementale et présidentielle de fomenter un plan qui n’a rien d’innocent pour mettre en place une nouvelle structure du gouvernorat de la BDL et de la commission de contrôle des banques, devant répondre aux vœux d’une partie politique qui a toujours voulu mettre la main sur ce secteur vital et sensible », souligne le texte des députés du Futur qui juge « regrettable et suspect que cette opération se déroule sournoisement alors que le pays est occupé par les risques liés au coronavirus et les difficultés socio-économiques ». Le courant du Futur a souligné, sur un ton presque menaçant, qu’il n’accepte pas « que des postes de l’État, et plus particulièrement la BDL, soient galvaudés par des parties politiques, aussi importantes soient-elles » et qu’il n’est pas question pour lui de « garder les bras croisés devant ces agissements ».
Selon notre chroniqueur politique Philippe Abi Akl, le président de la Chambre, Nabih Berry, le chef des Marada, Sleiman Frangié, et celui du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, sont dans le même état d’esprit. Ils reprochent à Gebran Bassil d’essayer de « monopoliser » la représentation chrétienne au niveau des nominations financières et d’essayer de rogner celle des musulmans, à travers les deux ministres de l’Économie Raoul Nehmé et des Finances Ghazi Wazni, que M. Joumblatt a désigné comme étant « le troisième homme » de Bassil, durant un entretien hier soir à la MTV. Parmi les candidats soutenus par M. Bassil, trois seraient issus de la Cedrus Bank, la banque à laquelle M. Nehmé appartenait et dont le PDG est un proche du CPL. M. Nehmé devait d’ailleurs rejeter ces accusations dans un communiqué, soulignant que « la compétence est le seul critère retenu pour les nominations ».
Quant à M. Berry, il a évoqué ce dossier au cours de son entretien mercredi avec le Premier ministre et insisté pour que les nominations financières soient réalisées suivant un mécanisme que le gouvernement s’était engagé à mettre en place, au cours de sa première réunion, mais qui se fait toujours attendre.
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commentaires (6)
Psst... quelqu'un devrait leur expliquer qu'il ne reste plus rien à voler, et qu'il n'y a donc plus besoin de se disputer...
Gros Gnon
16 h 12, le 27 mars 2020