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Lifestyle - Insolite

Le Liberland en quête de citoyens : un demi-million de demandes

La micronation autoproclamée (et non reconnue) sur la rive du Danube octroie la « nationalité » en échange de 5 000 dollars.

Vit Jedlicka, président autoproclamé du Liberland, devant le drapeau de « son » pays. Photo tirée de la page Facebook Liberland

Situé à la frontière de la Serbie et de la Croatie, le Liberland, micronation régie par les doctrines libertariennes, a été créé en 2015 par un politicien et économiste de nationalité tchèque, Vit Jedlicka, sur un territoire non habité. D’une superficie de 7 km2 de forêts, de canaux, des plages de sable fin sur les rives du Danube, cet « État » (non reconnu) a reçu « un demi-million de demandes de citoyenneté, dont 100 000 du Moyen-Orient et 18 000 des États-Unis », selon l’hebdomadaire Le Point.

Vit Jedlicka, dont l’idée à terme serait de transformer ce bout de terre en « Hong Kong des Balkans », attire les ultralibéraux des différentes parties du monde qui croient en « une terre promise » où l’État aurait un rôle minimal, exception faite pour les affaires étrangères, la gestion de la citoyenneté et le cadastre. Le millionnaire danois Niklas Nikolajsen, fondateur du Bitcoin suisse, est l’un des principaux financiers du projet.

Les informations piochées dans Slate, Libération, BBC Magazine, Le Monde et le blog de Johan Rivalland, ancien élève de l’École normale supérieure de Cachan et titulaire d’un DEA en microéconomie, révèlent que la République libre du Liberland est née officiellement sous l’impulsion du Tchèque libertarien Vit Jedlicka qui décide de planter son rêve sur une terra nullius (terre sans maîtres) que ni la Serbie ni la Croatie ne réclament. Ce no man’s land où flotte, depuis avril 2015, un drapeau or barré de noir, « symbole du libre-échange et de la rébellion contre le système », sera une micronation dont la devise est « vivre et laisser vivre ». Vit Jedlicka revendique en effet « une société où les honnêtes citoyens peuvent prospérer sans lois, sans règlements ni impôts d’État inefficaces et contraignants ».

Définissant les contours du nouvel État, le Tchèque décide que la monnaie officielle sera basée sur un système de cryptomonnaie, mais toutes les autres devises seront autorisées. Les responsables auront l’obligation constitutionnelle d’interdire l’endettement de la nation.

Toute personne qui souhaite demander la citoyenneté est la bienvenue (d’après Johan Rivalland, ils étaient déjà environ 200 000 à la mi-2015 et son initiateur en espérerait un million). Avec toutefois une restriction : les réfugiés ne sont pas les bienvenus et les communistes, les néonazis et les extrémistes de tous poils ne sont pas admis. Sinon, il suffit de débourser l’équivalent de 5 000 dollars ou de militer pour la cause pour acquérir la citoyenneté et un document diplomatique. Quelque 150 000 personnes sont actuellement éligibles. Un site internet existe et permet à la fois de se renseigner sur Liberland comme d’y adhérer le cas échéant.


Accès interdit

Un an plus tard, alors que les artisans du Liberland s’appliquent à gagner une reconnaissance diplomatique internationale, ils se heurtent au refus des autorités croates de voir un tel État prendre forme à sa frontière. D’ailleurs, l’accès à ce territoire est actuellement interdit, même pour Vit Jedlicka. La police croate a l’ordre d’arrêter quiconque tenterait de s’en approcher. La Croatie, 28e État membre de l’Union européenne depuis 2013 et toujours candidate à l’espace Schengen, ne badine pas avec ses frontières, qui comptent parmi les mieux défendues de la « forteresse Europe », écrit Philippe Bertinchamps, correspondant du journal Libération à Belgrade. Pourtant, le territoire n’apparaît pas sur le cadastre de la Croatie, pas plus que sur celui de la Serbie.

N’empêche, la Croatie ne semble pas avoir vraiment envie « de voir une utopie libertarienne autorisant le port d’armes sur le pas de sa porte. Les autorités croates arrêtent et délivrent des amendes à tous ceux qui tentent de s’y rendre à pied ou par le fleuve », relate le BBC Magazine.

Mais le président autoproclamé Vit Jedlicka ne baisse pas les bras. Il parcourt le monde pour participer à des conférences sur ce sujet. En tournée, il multiplie les rencontres avec des ministres étrangers et s’active sur les réseaux sociaux pour mettre en avant son projet. En mai 2016, il lance un concours invitant des architectes à imaginer leur Liberland.

Se référant à Wikipédia, Johan Rivalland explique qu’une micronation est une « entité créée par un petit nombre de personnes qui prétend au statut de nation indépendante ou qui en présente des caractéristiques, mais n’est pas formellement reconnue comme telle par des nations officielles ou par des organismes transnationaux (…). Généralement de petite taille (géographiquement et démographiquement), les micronations se caractérisent le plus souvent par une volonté de reconnaissance de leur souveraineté, par l’intermédiaire d’émission de passeports, de timbres, de monnaie et de titres de noblesse. Pour la plupart, faute de reconnaissance extérieure, elles n’ont d’activité visible que sur des publications papier ou internet (…) ».

Cependant Vit Jedlicka croit dur comme fer que dans quelques années son pays sera un membre à part entière de la communauté internationale. En attendant, le Liberland est confiné à une micronation virtuelle et ses citoyens munis du passeport « diplomatique » se heurtent à la libre circulation régulée au sein de l’espace Schengen, révèle Le Point. L’entrée en France est donc refusée aux « ressortissants » du Liberland. La police considère les documents administratifs en leur possession comme fantaisistes et par définition non reconnus par l’Hexagone.

Le Liberland, qui fêtera son cinquième anniversaire en avril, n’a pas encore réagi face à la fermeture des frontières.

Situé à la frontière de la Serbie et de la Croatie, le Liberland, micronation régie par les doctrines libertariennes, a été créé en 2015 par un politicien et économiste de nationalité tchèque, Vit Jedlicka, sur un territoire non habité. D’une superficie de 7 km2 de forêts, de canaux, des plages de sable fin sur les rives du Danube, cet « État » (non reconnu) a reçu...

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