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Société - Loisirs

Aïn el-Mreissé, une oasis hivernale pour des nageurs irréductibles

Certains habitués se connaissent depuis plus de quarante ans.

À Aïn el-Mreissé, certains s’amusent à plonger, tête la première, dans l’eau froide. Les plus frileux se contentent de pêcher.

Un escalier en fer, difficilement repérable depuis la corniche de Aïn el-Mreissé, mène vers une plage rocheuse communément connue sous le nom de plage de l’AUB (Université américaine de Beyrouth). De novembre jusqu’en mars, alors que les températures sont le plus souvent basses, un groupe de nageurs irréductibles occupent les lieux, qu’il fasse beau, qu’il pleuve ou qu’il vente, que la mer soit calme ou démontée.

Ces derniers ont en partage leur passion pour la natation hivernale en Méditerranée, ainsi que leur attachement à cette étendue rocheuse en particulier. Ils préfèrent les rochers au sable et, en dépit du taux de pollution maritime élevé dans le secteur, ils trouvent la mer de ce côté de la corniche plus propre qu’ailleurs.

Joe, Mohammad, Hassan et plusieurs autres viennent de Beyrouth, mais aussi de Baabda, Broummana, Khaldé et d’ailleurs. Au fil des ans, une forte amitié s’est tissée entre eux. Installé à Broummana, Joe vient trois fois par semaine depuis plus de 45 ans, pour s’adonner à son sport favori. D’autres sont là durant les week-ends seulement ou à chaque fois qu’ils ont un moment libre. Ils viennent d’horizons différents : coiffeurs, plombiers, chefs pâtissiers, employés, universitaires et d’autres. La plage de l’AUB est devenue leur lieu de rencontre privilégié pour nager, jouer à la palette ou tout simplement bavarder.

« Personne ne connaît le plaisir de la natation hivernale que celui qui l’a expérimentée », assure Mohammad, fidèle au rendez-vous chaque fin de semaine depuis neuf ans. « L’ambiance ici est populaire et agréable. Les gens sont sociables, aimables et se désintéressent complètement de l’appartenance communautaire ou politique des uns et des autres », poursuit-il, avant d’insister sur le fait que « la natation est une cure pour toute maladie ». En ces temps de crise que traverse le Liban, elle est pour le groupe le moyen idéal pour se détendre et oublier les soucis du quotidien. Hassan ne tarit pas d’éloges d’ailleurs sur ses bienfaits : « Elle me tonifie le corps et me débarrasse du stress de la semaine. » Lui est là régulièrement depuis dix ans, à chaque fois qu’il a du temps libre.

Ces gens simples, en quête de repos et de tranquillité dans un environnement chaleureux, se contentent d’une chaise en plastique pour chacun. D’autres n’ont aucun problème à étendre leur serviette directement sur le béton. Ils ont une table en plastique pour jouer aux cartes et une deuxième pour tout autre usage. Ils ne ressentent pas le besoin d’améliorer les lieux pour plus de confort.


Une même famille
Ensemble, ils constituent une communauté qui n’hésite pas à accueillir les nouveaux venus en son sein. Si, de loin, on les voit parfois chacun occupé à une tâche déterminée, dès qu’on les aborde, la solidité des liens qui les unissent est vite tangible. « Ici nous sommes une famille. » Une phrase répétée par chacun d’eux. Les plus vieux se connaissent depuis des décennies. Leur « doyen », Abou Khodr, un homme qui a dépassé les 80 ans et surnommé « le amid », fréquente cet espace depuis 30 ans. « Cette plage est ma vie, ma femme, mon tout, j’y viens quotidiennement et cela m’est égal qu’il fasse mauvais », assure-t-il.

« Certains parmi nous dorment parfois ici à la belle étoile », renchérit Ali. « Il y en a qui préfèrent la famille que nous constituons à la leur, la vraie », confie à son tour Imad. Ils ont tissé cette amitié au fur et à mesure de leurs visites à la plage. Le rendez-vous n’est jamais prévu à l’avance.

Abou Wissam, un ancien coureur de marathon et membre à la Fédération libanaise de triathlon, fait partie de cette famille. Âgé de plus de 70 ans, il vient depuis 50 ans à Aïn el-Mreissé, et estime à 30 le nombre des irréductibles de cette communauté. « J’ai les moyens d’aller dans les plages privées, mais je préfère nager ici, où les gens sont sociables, où l’on se connaît tous et où l’on se comporte sans chichi », affirme-t-il. Machhour Farhat, un champion en natation (qui a fait le parcours Saïda-Beyrouth à la nage), est presque toujours présent et assume le rôle de maître-nageur bénévole.

Lorsqu’en été la plage devient strictement réservée aux étudiants de l’AUB, les nouveaux venus vont vers les plages privées alors que les plus vieux « migrent », selon leurs propos, à 100 mètres des lieux, prenant d’assaut les rochers alentour qui, l’espace de la saison, prennent divers noms, dont celui de leurs occupants : « Abou Riad », « al-Daraj », « Chakket el-Krad », « Riviera », « Saïfé » « Abdallah ». Il suffit que quelqu’un lance : « J’étais à al-Daraj », pour que tous sachent de quel rocher il s’agit. Et pour y accéder, ils ne lésinent pas sur les moyens : une corde, des planches de métal insérées dans le mur de la corniche, un escalier de fortune. Chacun d’eux a aussi un surnom : le doyen, le « captain », le géant… Aujourd’hui, avec les journées qui s’allongent, leur plaisir est prolongé.

Un escalier en fer, difficilement repérable depuis la corniche de Aïn el-Mreissé, mène vers une plage rocheuse communément connue sous le nom de plage de l’AUB (Université américaine de Beyrouth). De novembre jusqu’en mars, alors que les températures sont le plus souvent basses, un groupe de nageurs irréductibles occupent les lieux, qu’il fasse beau, qu’il pleuve ou qu’il vente, que la mer soit calme ou démontée. Ces derniers ont en partage leur passion pour la natation hivernale en Méditerranée, ainsi que leur attachement à cette étendue rocheuse en particulier. Ils préfèrent les rochers au sable et, en dépit du taux de pollution maritime élevé dans le secteur, ils trouvent la mer de ce côté de la corniche plus propre qu’ailleurs.Joe, Mohammad, Hassan et plusieurs autres viennent de Beyrouth, mais aussi...
commentaires (1)

C'est sympa, en effet la natation hivernale c'est tres bien pour la peau ... Les plages les plus beaux c'etait a Saida et a Tyr mais aussi la mer et les rochers de Beyrouth sont tres beaux.

Stes David

11 h 38, le 06 mars 2020

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Commentaires (1)

  • C'est sympa, en effet la natation hivernale c'est tres bien pour la peau ... Les plages les plus beaux c'etait a Saida et a Tyr mais aussi la mer et les rochers de Beyrouth sont tres beaux.

    Stes David

    11 h 38, le 06 mars 2020

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