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Politique - Décryptage

Amer Fakhoury, un dossier épineux entre Washington et Beyrouth

Avec l’arrivée imminente de la nouvelle ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, en remplacement d’Elizabeth Richards, le dossier de l’ancien responsable de la prison de Khiam au sein de l’Armée du Liban-Sud, Amer Fakhoury, risque de revenir en tête des préoccupations des responsables libanais. En effet, depuis l’arrestation de Fakhoury par la Sûreté générale, juste après son arrivée au Liban le 12 septembre dernier, ce dossier pèse sur les relations libano-américaines. Au point que, selon des sources diplomatiques, il serait même en tête des sujets et questions que les Américains comptent aborder avec les responsables libanais, avant même ceux relatifs au maintien des réfugiés syriens au Liban, à l’implantation des réfugiés palestiniens ou encore au tracé des frontières maritimes et terrestres.

Dès les premiers instants de l’arrestation de Amer Fakhoury, l’ambassade des États-Unis au Liban s’est mobilisée pour obtenir sa libération. Une avocate américaine, Me Céline Atallah, inscrite au barreau du Massachusetts, a même été envoyée à Beyrouth pour le défendre. Mais le juge d’instruction militaire lui avait refusé la permission d’assister à son interrogatoire. En réalité, au moment de son arrestation – grâce à la curiosité d’un officier de la Sûreté générale de service à l’aéroport, qui s’était aperçu que le nom de Fakhoury figurait sur la liste des personnes condamnées par la justice, avant d’être biffé –, les responsables libanais n’avaient pas encore compris l’importance de la personne ainsi arrêtée. Il a fallu les interventions américaines répétées et insistantes pour qu’ils se penchent un peu plus sur le dossier.


(Lire aussi : Affaire Fakhoury : deux sénateurs US proposent des sanctions contre des responsables libanais)



En fait, Amer Fakhoury, en charge de la prison de Khiam pour le compte de l’ALS, avait fui vers Israël après avoir achevé sa mission. Déjà condamné par contumace en 1996 à 15 ans de prison, il avait obtenu, en 2000, des autorités israéliennes une attestation d’identité (mais non un passeport) qui lui avait permis de se rendre aux États-Unis et de s’y installer. Ses avocats lui ayant affirmé que le jugement porté contre lui en 1996 tombait sous le coup de la prescription au bout de 20 ans, c’est-à-dire en 2016, il pensait pouvoir revenir au Liban sans y être inquiété. Voilà pourquoi il s’était décidé à regagner le Liban. Toutefois, lors de l’interrogatoire préliminaire effectué par la Sûreté générale, Fakhoury a reconnu s’être rendu aux États-Unis grâce à un document israélien, ce qui est un crime imprescriptible aux yeux de la justice libanaise.

Entre-temps, la nouvelle de son arrestation a fuité dans la presse, suscitant une grande émotion chez les anciens détenus de la prison de Khiam, qui ont immédiatement déposé de nouvelles plaintes contre lui pour tortures et tentatives d’assassinat. Ce qui a forcément alourdi son dossier judiciaire, et obligé la justice libanaise à ouvrir de nouvelles procédures à son encontre.Selon les sources diplomatiques précitées, il ne s’agissait probablement pas d’un mouvement spontané mais, au contraire, d’une manœuvre destinée à empêcher sa remise en liberté. Car même si la première condamnation datant de 1996 était tombée sous le coup de la prescription (il y a un débat sur le sujet en raison de la nature des crimes qui lui sont attribués), les nouvelles plaintes exigeaient son maintien en détention.

En dépit de cette réalité judiciaire, les Américains ont continué à exiger sa remise en liberté, allant même jusqu’à régulièrement évoquer cette question avec tous leurs interlocuteurs libanais.

Selon les sources précitées, le président américain Donald Trump aurait personnellement exigé son rapatriement vers les États-Unis, alors que le président du Conseil de sécurité nationale américain Robert O’Brien aurait contacté par téléphone des responsables libanais, dont le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, pour réclamer sa remise en liberté.

Désormais, avec l’arrivée de la nouvelle ambassadrice Dorothy Shea, considérée comme une proche de la Maison-Blanche, les demandes américaines devraient devenir encore plus insistantes. D’autant que, selon les sources diplomatiques précitées, l’affaire Amer Fakhoury est devenue un élément de la polémique politique interne aux États-Unis à la veille des élections de novembre.

En effet, la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen a présenté un projet de loi, avec un collègue républicain Ted Cruz, réclamant des sanctions contre tous les responsables impliqués dans les arrestations de citoyens américains à l’étranger. En outre, la sénatrice Shaheen est mariée à un Américain d’origine libanaise et le frère de l’avocate envoyée au Liban pour défendre Amer Fakhoury, Me Céline Atallah, fait partie de son équipe rapprochée. Si ce projet de loi qu’on appelle le « Zero Tolerance Act » est adopté, à l’initiative des démocrates, cela pourrait nuire à l’image des républicains et de leur candidat à la présidence, l’actuel président Donald Trump, estiment les sources diplomatiques précitées. Pour cette raison, sa remise en liberté est pratiquement devenue un enjeu politique interne aux États-Unis.

L’insistance des parties américaines à obtenir gain de cause sur ce dossier place les autorités libanaises devant un véritable dilemme : au-delà de l’émotion que le cas de Amer Fakhoury a suscitée chez une partie non négligeable de la société, comment le Liban pourrait-il libérer un détenu dont le procès est en cours ? Ce serait une violation des lois et des institutions. Après le jugement, s’il s’agit d’une condamnation, le chef de l’État dispose d’un droit de grâce qu’il pourrait utiliser en faveur du condamné, mais avant la fin de la procédure judiciaire déclenchée contre Fakhoury, aucune disposition légale ne permet une remise en liberté. En attendant, l’état de santé de Fakhoury semble s’être détérioré. Ce qui ajoute un nouveau problème aux précédents, et complique encore plus le dossier.


Pour mémoire

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Avec l’arrivée imminente de la nouvelle ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, en remplacement d’Elizabeth Richards, le dossier de l’ancien responsable de la prison de Khiam au sein de l’Armée du Liban-Sud, Amer Fakhoury, risque de revenir en tête des préoccupations des responsables libanais. En effet, depuis l’arrestation de Fakhoury par la Sûreté générale, juste...

commentaires (3)

hahahaha ! dame haddad et consorts pleurent amerement les interventions des USA dans nos affaires ! Wow quelle effronteries ces americains !

Gaby SIOUFI

15 h 25, le 04 mars 2020

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Commentaires (3)

  • hahahaha ! dame haddad et consorts pleurent amerement les interventions des USA dans nos affaires ! Wow quelle effronteries ces americains !

    Gaby SIOUFI

    15 h 25, le 04 mars 2020

  • Ce serait une violation des lois et des institutions. Ah bon? Les lois et ;es institutions au Liban sont de ja pas mal bafouees! Alors une de plus.....

    IMB a SPO

    18 h 22, le 03 mars 2020

  • Quand les yankys ont sous la main un traître à son pays, il lâche difficilement prise . Et alors , vous PUBLIEZ mon commentaire réduit au minima de son expression ?

    FRIK-A-FRAK

    12 h 05, le 03 mars 2020

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