Donald Trump persiste et signe: vendredi, il a nommé un de ses fervents partisans, l'élu républicain John Ratcliffe, à la tête des services de renseignement américains, un peu plus de six mois après avoir été contraint de renoncer à lui confier ce poste délicat.
Le président a annoncé sur Twitter la nomination de cet élu de la Chambre des représentants, âgé de 54 ans, comme directeur du renseignement (DNI). "John est un homme exceptionnel de grand talent", a-t-il assuré.
La cheffe de l'opposition démocrate au Congrès Nancy Pelosi a dénoncé cette nomination arguant que le président américain était en train "d'ignorer des réserves sérieuses" et laissait "la politique et non pas le patriotrisme, guider la sécurité nationale (des Etats-Unis)".
Donald Trump avait déjà fait part début août de son intention de le promouvoir à ce poste chargé de superviser et de coordonner les activités de la CIA, de la NSA et de 15 autres agences de renseignement. Mais cet ancien maire d'une banlieue aisée de Dallas, et procureur fédéral pendant tout juste un an, en 2007, avait été critiqué notamment par l'opposition démocrate, en raison de son manque d'expérience et de son dévouement envers le président. Il avait également été accusé d'avoir exagéré certains faits d'armes et, même dans les rangs républicains, l'enthousiasme était resté mesuré.
Le milliardaire républicain avait finalement renoncé à choisir M. Ratcliffe, dénonçant au passage "la manière très injuste" dont il avait été traité par les médias.
"La dernière fois que sa nomination a été envisagée, des questions sérieuses avaient été soulevées par les deux partis", a rappelé le sénateur démocrate Mark Wagner. "J'ai du mal à voir ce qui a changé depuis", a assené dans un communiqué l'élu, numéro deux de la commission sénatoriale du renseignement.
Colère
Suite à cet échec, Donald Trump avait chargé Joseph Maguire, alors chef de l'antiterrorisme, d'assurer l'intérim après le départ le 15 août du DNI Dan Coats avec lequel il avait fréquemment été en désaccord notamment sur la Russie ou la Corée du Nord.
M. Maguire était pressenti pour être confirmé à ce poste, mais un briefing au Congrès par ses services le 13 février a, selon les médias américains, déclenché la colère du président à son encontre. Lors de cette réunion, une conseillère de M. Maguire aurait fait état devant des élus démocrates de nouvelles ingérences russes dans la campagne de 2020 destinées à favoriser la réélection de l'impétueux président.
Le 19 février, Donald Trump a annoncé qu'il remplaçait M. Maguire par Richard Grenell, l'actuel ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne.
Agé de 53 ans, ce fidèle soutien de Donald Trump avait fâché de nombreux responsables allemands par ses prises de position peu diplomatiques et son arrivée avait été perçue comme une reprise en main de la part des services de renseignement par la Maison Blanche.
"Impartial"
John Ratcliffe doit encore être confirmé par le Sénat, où les républicains sont majoritaires.
Le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer les a appelés à joindre leurs voix à celle de l'opposition pour rejeter sa candidature. "A un moment où les Russes interviennent dans nos élections, nous avons besoin d'un leader impartial à la tête de la communauté du renseignement, qui voit le monde avec objectivité et dise la vérité au pouvoir. Malheureusement ni le directeur par intérim Grenell ni l'élu Ratcliffe ne s'en approchent", a-t-il écrit dans un communiqué.
Le chef républicain de la commission du renseignement de la chambre haute, Richard Burr est resté prudent. "Nous avons besoin d'un directeur national du renseignement permanent, et non intérimaire. J'attends de recevoir la nomination officielle de l'élu Ratcliffe pour l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat", a-t-il simplement commenté.