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Moyen-Orient - Interview express

Le coronavirus n’est pas encore une pandémie, mais a le potentiel de le devenir

Nada Melhem, professeure associée spécialisée en maladies infectieuses et microbiologie et directrice de la division des professions de la santé à l’AUB, répond aux questions de « L’OLJ » sur l’ampleur de la crise du Covid-19.


Des passagers en provenance du Kurdistan irakien se faisant examiner à leur arrivée en bus dans le Kurdistan syrien, hier, par le poste-frontière de Semalka. Delil Souleiman/AFP

Le coronavirus (Covid-19) continue de se propager à travers les continents alors que la maladie a atteint l’Amérique latine hier par le biais du Brésil et que de nouveaux cas ont été signalés en Europe et en Asie. Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus a déjà fait 2 700 morts, et plus de 80 000 personnes ont été infectées par le virus. Interrogée par L’Orient-Le Jour, Nada Melhem, professeure associée spécialisée en maladies infectieuses et microbiologie et directrice de la division des professions de la santé à l’Université américaine de Beyrouth, fait le point sur la crise du coronavirus (Covid-19) dans le monde et les mesures mises en place dans la région.


Avec plus de 80 000 personnes infectées et 2 700 morts des suites du coronavirus (Covid-19) selon les derniers chiffres de l’OMS, comment qualifieriez-vous l’ampleur de la crise ?

Les épidémies causées par de nouveaux virus sont toujours considérées comme étant un problème de santé publique. Les risques et l’ampleur des crises sont associés aux caractéristiques du virus, au mode de transmission, à la sévérité de la maladie et, bien sûr, aux mesures disponibles pour lutter contre le virus (par traitement ou vaccin). Le fait que le Covid-19 ait entraîné des maladies, des décès et une transmission interhumaine a suscité une inquiétude accrue. Quant à la menace pour la santé publique posée par le Covid-19, elle est en effet élevée et nous nous attendons à une augmentation du nombre de cas dans le monde.


(Lire aussi : "Coronavirus en Italie : les pays voisins gardent les frontières ouvertes")


Bien que l’OMS estime qu’il est trop tôt pour parler de pandémie, différents experts ont exprimé leur désaccord et estiment qu’elle est inévitable. Qu’en pensez-vous ?

L’OMS définit une pandémie comme étant la propagation de maladies à travers le monde, c’est-à-dire sur différents continents. En plus de la propagation, l’OMS pourrait prendre en considération le fardeau global que représente la maladie. Selon l’OMS, il ne s’agit pas encore d’une pandémie car il n’y a pas encore un grand nombre de personnes gravement infectées ni de décès à grande échelle. Toutefois, le Covid-19 dispose d’un potentiel pandémique.


Les mesures mises en place sur le plan international ont-elles été adéquates ? La coopération entre États est-elle suffisante dans le contexte actuel ?

Les mesures de confinement devraient être les objectifs premiers des pays où des cas de Covid-19 sont présents et il y a un certain nombre de pays qui n’ont pas enregistré de cas au cours de la semaine qui s’est écoulée ou des deux dernières semaines. Il s’agit d’un très bon signe, qui résulte de la bonne mise en œuvre des instructions et des mesures en place. En bref, celles-ci incluent que des cas confirmés soient détectés et mis en quarantaine ; que les personnes suspectées d’être infectées ou qui ont été exposées à la maladie s’isolent chez elles – soit les personnes venant de zones où une transmission locale a été signalée comme la Chine, le Japon, l’Italie et l’Iran – ; porter des masques, se couvrir la bouche et le nez en cas de toux et d’éternuements; se laver les mains et éviter de partager des outils ménagers ; en plus de surveiller les symptômes pendant 14 jours (la période d’incubation du Covid-19 est de 1 à 14 jours). Surtout, un suivi quotidien avec les autorités de santé publique est nécessaire pour surveiller l’apparition de symptômes. Les États qui sont membres de l’OMS sont mandatés par le Règlement sanitaire international pour coopérer afin d’atténuer et de contenir les épidémies de toute sorte pour maintenir la sécurité sanitaire.


(Lire aussi :"Virus : la contagion hors de Chine fait craindre une pandémie")

De nouveaux cas ont été signalés à travers le Moyen-Orient. Dans quelle mesure les infrastructures en place dans la région peuvent-elles les gérer ? Comment diffèrent-elles d’un pays à l’autre ?

Il est important de se rendre compte que chaque pays devrait avancer ou faire sa propre évaluation des risques, y compris au Moyen-Orient, et, en conséquence, concevoir et adapter les mesures de préparation et de confinement. Cela dit, les pays devraient accorder la priorité aux personnes les plus à risque d’être touchées par le Covid-19, y compris les travailleurs du domaine de la santé s’occupant de cas suspects ou confirmés ainsi que les personnes vulnérables et plus âgées souffrant de problèmes de santé. Les ressources diffèrent certainement d’un pays à un autre. Cependant, nous disposons d’un peu plus d’informations à l’heure actuelle sur la propagation du Covid-19 et sur la manière dont les pays à travers le monde la contiennent. Au Liban, nous avons réagi à l’épidémie en mettant en place un contrôle des passagers entrant à l’aéroport depuis des zones où il y a eu des contacts prolongés et rapprochés et en surveillant les personnes qui pourraient avoir été exposées à la maladie avec un confinement à domicile et un suivi quotidien de l’apparition de signes et de symptômes. Jusqu’à présent, nous avons deux cas confirmés de Covid-19 qui sont mis en quarantaine à l’hôpital universitaire Rafic Hariri de Beyrouth, et le ministère de la Santé publique surveille ceux qui ont eu des contacts rapprochés avec ces cas. Différents pays de la région peuvent s’appuyer sur l’OMS pour chercher du soutien et des ressources, à l’instar des kits de tests PCR gratuits (test de détection du génome d’un micro-organisme) que nous avons à l’hôpital Rafic Hariri, entre autres.



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