Rechercher
Rechercher

Des masques, pour quoi faire...

À l’heure où l’Organisation mondiale de la santé s’alarme des risques de pandémie, cet accessoire fait désormais partie intégrante de la panoplie vestimentaire dans plus d’une partie du monde. Les modèles et les prix vont du basique bout de tissu ou de gaze au gadget haut de gamme doté d’un filtre et d’une coquille résistant aux chocs, de soupapes pour l’évacuation de la chaleur du souffle et même de coussinets amortisseurs en mousse acrylique pour le confort. Patience, peut-être proposera-t-on même bientôt des exemplaires aromatisés à la rose ou au lilas…

Si terrifiant est ce Covid-19, si acharnée est la ruée sur les masques protecteurs que de nombreux pays sont déjà en rupture de stock, y compris cette gigantesque fourmilière industrielle qu’est la Chine, infortunée patrie du terrible virus. Comment, dès lors, des négociants sans scrupules auraient-ils pu résister à l’appât du lucre, à cette tradition de mercantilisme qui nous colle à la peau depuis l’ère des Phéniciens ? Certains importateurs de matériel médical attendent ainsi une hausse sensible des prix pour écouler leurs produits. Plus scandaleux encore, certains autres n’ont pu se retenir de chercher à réexporter sur-le-champ, avec de gros bénéfices, un lot de ces mêmes équipements tout juste débarqué au port de Beyrouth, infamie miraculeusement avortée à temps.


Mais ne nous emballons pas. Après tout, le Liban actuel est un de ces États faillis où irrégularités et carences n’encourent pas de sanctions, où la médiocrité n’a donc que faire de masques, déguisements et autres astuces de camouflage. Seul cède à de tels artifices le discours officiel, autrement dit la langue de bois. D’une brûlante actualité est ainsi le jargon qui accompagne épisodiquement l’alerte au coronavirus. C’est entendu, le Liban, plongé de surcroît dans une grave crise

socio-économique et financière, n’est certes pas seul dans le monde à avoir été pris de court par le redoutable phénomène. Les autorités n’ont eu d’autre choix que de recommander une quarantaine volontaire aux voyageurs en provenance des foyers de la maladie, seules les personnes suspectes de contamination étant placées en isolement à l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri.


Près d’une semaine cependant après le dépistage d’un cas libanais avéré, c’est avec mille précautions de style qu’était annoncée hier la décision, prise en Conseil des ministres, de limiter, au gré des impératifs, le trafic aérien avec les pays où s’est déclarée l’épidémie, ainsi que de suspendre les vols de pèlerins. Cette dernière mesure vise à l’évidence l’Iran, d’où revenait une voyageuse infectée : l’Iran accusé de dissimuler l’ampleur de l’épidémie, notamment dans la ville sainte de Qom ; l’Iran avec lequel sa demi-douzaine de voisins se sont empressés de boucler leurs frontières ; l’Iran que l’État libanais ne saurait néanmoins désigner nommément car ce serait là, nous assure-t-on, une prise de position politique aux graves conséquences !


C’est d’ailleurs d’une telle politisation du virus que se plaignaient tour à tour, hier, le chef du gouvernement et le Hezbollah. Motus général, en revanche, sur cette outrageuse politisation qu’était l’agression commise la veille, en pleine aérogare et en toute impunité, contre une journaliste de notre confrère an-Nahar qui couvrait le retour de pèlerins au pays.


Fait de discorde à propos de tout et de rien, le mal libanais vient de s’enrichir d’un nouveau, d’un très réel fléau.


Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

À l’heure où l’Organisation mondiale de la santé s’alarme des risques de pandémie, cet accessoire fait désormais partie intégrante de la panoplie vestimentaire dans plus d’une partie du monde. Les modèles et les prix vont du basique bout de tissu ou de gaze au gadget haut de gamme doté d’un filtre et d’une coquille résistant aux chocs, de soupapes pour l’évacuation de la...