Rechercher
Rechercher

Société - Formation

Inauguration d’une antenne libanaise de l’Institut de recherche sur les cancers et l’appareil digestif

À cette occasion, la première opération chirurgicale robotisée a été retransmise en direct à partir du Liban vers les différents centres Ircad du monde.

À l’occasion de l’inauguration de l’antenne libanaise d’Ircad, une opération chirurgicale menée par Alexandre de la Taille a pour la première fois été réalisée à Beyrouth et diffusée vers les différents centres de l’institut dans le monde. Photo M. L.

Après Strasbourg, Taïwan, Sao Paulo et Rio de Janeiro, le Liban vient d’inaugurer la cinquième antenne de l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad). Fondé en 1994 par Jacques Marescaux, le centre de recherche et de formation est dédié aux nouvelles technologies chirurgicales de lutte contre le cancer. Chaque année, il accueille 6 200 chirurgiens de 116 pays différents.

C’est à l’hôpital français du Levant à Sin el-Fil que vient d’ouvrir cette cinquième antenne. Dirigé par Antoine Maalouf, l’hôpital affiche clairement son objectif, celui de devenir la référence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en matière de chirurgie robotisée et mini-invasive de lutte contre les cancers de l’appareil digestif.

Pour inaugurer le lancement de l’institut, une opération chirurgicale menée par Alexandre de la Taille a pour la première fois été réalisée au Liban et retransmise en direct vers les différents centres Ircad dans le monde. Ces centres collaborent en partageant leurs opérations et en organisant des réunions de concertation pluridisciplinaire. Ces réunions permettent aux centres de travailler en coopération entre Taïwan, le Brésil et la France pour débattre et apprendre des pratiques de chacun. L’événement a accueilli 150 personnes dans le nouvel auditorium de l’hôpital, réunissant de nombreux professionnels de santé venus assister à la retransmission.

D’autres pays étaient intéressés

L’installation d’une antenne Ircad au Liban est pour Jacques Marescaux « un hasard ». La collaboration entre le fondateur de l’institut et Antoine Maalouf a été rendue possible grâce à Élie Aboud, médecin et ancien député de Montpellier. « Je suis venu ici pour tisser des passerelles entre le Liban et la France », déclare l’ancien homme politique français. Il explique sa motivation par le lien fort qui unit les deux pays et par sa volonté de promouvoir le modèle français dans sa terre natale. Pour M. Aboud, « il n’y a qu’un seul pays, un seul peuple qui traite avec les Libanais de façon désintéressée, c’est la France ».

Les discussions autour de la création du centre au Liban ont débuté il y a trois ans. « Les autres pays arabes étaient intéressés, surtout la Turquie », explique Antoine Maalouf. L’État turc a proposé un chèque de vingt millions de dollars à l’Ircad pour être choisi comme antenne au Moyen-Orient. Antoine Maalouf confie : « Je n’ai pas payé la franchise, je n’ai pas pu payer. » Il souligne que Jacques Marescaux a préféré s’implanter dans un établissement francophone. Il se félicite que son choix se soit porté sur « les gens et non l’argent ». Le fondateur de l’Ircad a quant à lui déclaré que l’hôpital libanais est composé « d’une équipe forte, motivée et qui a cette générosité de partager la connaissance en chirurgie ».

En revanche, l’inauguration d’Ircad Liban s’est vu perturber par la crise économique qui secoue le pays. Initialement, l’inauguration était prévue pour octobre. Et Bruno Foucher, ambassadeur de France au Liban, espérait même la venue d’Emmanuel Macron. Mais les événements récents dans le pays ont contraint l’hôpital à retarder les débuts de l’institut. La première formation n’a eu lieu que la semaine dernière en présence de 25 chirurgiens du Liban, d’Égypte et de Jordanie.

Interrogé sur la situation du pays, Jacques Marescaux se dit confiant concernant l’implantation d’Ircad Liban : « La définition d’une crise, c’est qu’elle est passagère, sinon elle ne s’appellerait pas crise. » Pour le médecin français, « si on arrêtait la dynamique parce qu’il y a une crise, on ne ferait plus jamais rien ». Il se déclare prêt pour l’étape suivante, même s’il constate quelques complications en matière d’approvisionnement et de fonctionnement. « L’hôpital français du Levant n’a fermé qu’un ou deux étages, le reste est plein et continue à fonctionner », dit-il encore.


Un énorme potentiel humain

Ce nouveau centre de recherche et de formation est un enjeu important pour le futur du Liban. L’hôpital français du Levant considère qu’il permettra à l’avenir d’endiguer la fuite des jeunes médecins libanais, mais également de ramener tous ceux qui exercent actuellement à l’étranger. Il estime que 40 % des médecins formés depuis 25 ans au Liban travaillent désormais en Europe ou aux États-Unis.

La présence de Martine Orio, présidente de l’Hôtel-Dieu, illustre l’importance de cet objectif. Les deux hôpitaux souhaitent coopérer pour assurer un enseignement complet, permettant à chaque étudiant de bénéficier de l’Ircad et de ses nouvelles technologies. « Je vais permettre à tous les étudiants, dans toutes les universités de pouvoir assister aux cours qui sont assurés par l’Ircad », a promis Antoine Maalouf. « L’auditorium est ouvert à tout le monde, les chirurgiens ou les étudiants peuvent venir ici et se former, ils peuvent bénéficier de toutes les retransmissions en direct des meilleures chirurgiens dans le monde, toutes spécialités confondues », abonde Jacques Marescaux.

L’hôpital mise aussi sur le retour de milliers de médecins libanais partis exercer à l’étranger. Antoine Maalouf assure que nombre d’entre eux affichent la volonté de rentrer au Liban depuis l’arrivée de l’Ircad. Le centre permet l’acquisition de robots facilitant et perfectionnant le travail des chirurgiens. « Le potentiel humain est énorme », se réjouit Élie Aboud. Il en est sûr, grâce à l’Ircad, le Liban est en passe de retrouver sa vraie place « pour pouvoir former les chirurgiens arabes du Moyen-Orient ».

Après Strasbourg, Taïwan, Sao Paulo et Rio de Janeiro, le Liban vient d’inaugurer la cinquième antenne de l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad). Fondé en 1994 par Jacques Marescaux, le centre de recherche et de formation est dédié aux nouvelles technologies chirurgicales de lutte contre le cancer. Chaque année, il accueille 6 200 chirurgiens...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut