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Économie - Crise

Hausse des prix : le ministère de l’Économie et certains changeurs ciblés par des manifestants

Les prix ont augmenté de façon chaotique ces derniers mois. Photo P.H.B.

Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés hier à Beyrouth devant la Direction de la protection du consommateur, rattachée au ministère de l’Économie et du Commerce, pour réclamer un renforcement des moyens de cette administration dont la principale mission consiste à faire remonter à la justice les infractions aux droits des consommateurs (consacrés dans la loi n° 659 du 4 février 2005).

Face aux manifestants, le ministre de l’Économie, Raoul Nehmé, et la directrice générale du ministère, Alia Abbas, sont tous deux montés au créneau pour assurer que leur département s’investissait pleinement dans sa mission de surveillance des prix sur le marché local et avait verbalisé plusieurs centaines de commerces qui augmentent leurs prix de façon illégale, dont une soixantaine récemment. À quelques heures d’intervalle, d’autres contestataires se sont mobilisés devant les locaux de certains bureaux de change dans le quartier de Hamra, toujours dans la capitale, qu’ils ont forcés à fermer leurs portes. Une scène qui s’est répétée à plusieurs reprises ces dernières semaines, alors que le pays subit les répercussions d’une grave crise économique et financière dont les effets se sont accrus en 2019 et qui a servi de terreau à une mobilisation quasi continue depuis le 17 octobre d’une partie de la population contre la classe politique du pays, jugée corrompue.

Compétences limitées

Les restrictions sur les transferts à l’étranger et les retraits d’espèce en dollar adoptées par les autorités bancaires depuis fin août ont contribué à augmenter la demande du billet vert chez les changeurs et donc le taux livre/dollar alors que la parité officielle est restée fixée à 1507,5 livres pour les transactions bancaires. En janvier, le syndicat des bureaux de change et la Banque du Liban (BDL) ont tenté de reprendre le contrôle du marché en fixant à 2 000 LL le taux livre/dollar à l’achat. Sans succès, la mesure ayant finalement contribué à créer un troisième taux parallèle, autour de 2 500 livres pour un dollar cette semaine.

La conjonction de ces facteurs a contribué à augmenter les prix de façon chaotique dans les commerces, notamment pour les produits importés. Le phénomène a été amplifié par une partie des commerçants qui augmentent leur prix de façon excessive ou illégale et que la Direction de la protection du consommateur a vocation à contrôler et déférer devant la justice. Mais les compétences de cette direction se limitent à verbaliser les contrevenants pour les déférer devant la justice, tandis que ses effectifs, composés d’une centaine d’inspecteurs pour le contrôle de l’ensemble du territoire, sont insuffisants pour exercer efficacement la mission qui leur est attribuée. Celle-ci inclut par exemple le contrôle de l’application par les propriétaires de générateurs des tarifs fixés par l’État, entre autres.

Enfin la loi libanaise est très flexible en matière de fixation des prix et ne prévoit que certaines limites, dont le fait de les augmenter de manière « injustifiée » ou de pratiquer des tarifs supérieurs au double de son coût réel du prix ou du service vendu. Si la Direction de la protection du consommateur est compétente pour verbaliser les infractions à ces règles, elle ne peut en revanche empêcher les commerçants de calculer leurs prix en livres en utilisant le taux officiel, si ces derniers justifient le surcoût lié au change. Les boutiques hors taxe situées dans les zones franches du pays échappent également à son contrôle, tout comme les changeurs.

En début de semaine, le procureur financier Ali Ibrahim a pour sa part lancé des poursuites contre plusieurs dizaines de bureaux de change, accusés d’enfreindre la loi régissant leurs activités. Si ces derniers peuvent en principe ajuster les prix en fonction de l’offre et de la demande, ils peuvent en revanche être poursuivis pour d’autres infractions, notamment au pénal.Enfin au-delà des répercussions de la crise sur les consommateurs, c’est bien l’ensemble des secteurs de l’économie, commerçants en tête, qui sont affectés. Une délégation représentant ce dernier secteur s’est d’ailleurs réunie hier avec le Premier ministre Hassane Diab au Grand Sérail pour aborder ces difficultés. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre d’une série d’entretiens du chef du gouvernement avec les différents acteurs économiques du pays.

P.H.B.

Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés hier à Beyrouth devant la Direction de la protection du consommateur, rattachée au ministère de l’Économie et du Commerce, pour réclamer un renforcement des moyens de cette administration dont la principale mission consiste à faire remonter à la justice les infractions aux droits des consommateurs (consacrés dans la loi n° 659 du 4...

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