Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale en vue des législatives du 2 mars, a promis jeudi la construction de milliers de nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, une annonce aussitôt dénoncée par les Palestiniens.
Le statut de Jérusalem est l'une des pierres d'achoppement du conflit israélo-palestinien, les Palestiniens entendant faire de la partie orientale de la ville, occupée et annexée par Israël, la capitale de leur futur Etat alors que les autorités israéliennes considèrent l'ensemble de la ville comme leur capitale. Et le développement des colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, deux territoires palestiniens occupées par Israël depuis 1967, demeure un sujet de vives tensions entre les deux camps.
"J'ai de grandes nouvelles aujourd'hui. Nous ajoutons 2.200 logements à Har Homa", a déclaré M. Netanyahu à 11 jours des troisièmes législatives en moins d'un an, un scrutin clé à la survie politique du Premier ministre inculpé pour corruption. "J'ai fondé ce quartier en 1997 lorsque j'ai été élu Premier ministre, malgré les objections du monde entier", a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par son bureau, apparaissant à proximité de cette colonie. "Il y a aujourd'hui 40.000 habitants, et nous en ajoutons 10.000. Har Homa sera composée de 50.000 habitants, comme une ville israélienne moyenne".
M. Netanyahu a aussi annoncé la construction de milliers de logements à Givat Hamatos, un autre secteur de Jérusalem-Est. "Cela signifie 4.000 nouveaux logements, 1.000 pour les habitants arabes de Beit Safafa (secteur palestinien à proximité, NDLR) et 3.000 pour des habitants juifs", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre avait déjà donné son accord "définitif" e 2014 à la construction de plus de 2.000 logements à Givat Hamatos, quelques mois avant des élections législatives, sans qu'aucun logement n'y soit finalement construit.
"La tentative de Netanyahu de remporter les voix de la droite israélienne à la veille des élections au détriment des droits des Palestiniens ne mènera pas à la paix et à la stabilité, mais à plus de tensions et de violences dans la région", a réagi Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, dans un communiqué.
Le Premier ministre israélien courtise ouvertement les électeurs de la droite nationaliste face à la formation de son rival centriste Benny Gantz, après deux élections n'ayant pas réussi à les départager clairement. Ces élections sont d'autant plus cruciales pour M. Netanyahu qu'il doit faire face, à partir de la mi-mars, à la justice qui l'accuse de corruption, malversation, abus de confiance dans trois affaires. La loi israélienne prévoit que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner de ses fonctions, mais cette mesure ne s'applique pas au Premier ministre.
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"Netanyahu fait des promesses qu'il ne pourra pas tenir", estime l'alliance des partis israéliens de gauche, réagissant à l'annonce du Premier ministre sur les nouveaux logements de colonisation, qu'elle dénonce comme "une provocation irresponsable destinée à attraper quelques voix à droite".
Selon l'ONG israélienne anticolonisation "La paix maintenant", "la construction à Givat Hamatos est un sérieux coup porté à la solution à deux Etats", soit un Etat palestinien indépendant et viable aux côtés d'Israël.
Plus de 600.000 personnes habitent dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Illégale au regard du droit international, la colonisation des territoires occupés s'est accélérée ces dernières années sous l'impulsion de M. Netanyahu et de son allié à Washington, le président Donald Trump. Ce dernier a présenté fin janvier son plan pour le Proche-Orient qui prévoit notamment de faire de Jérusalem la capitale "indivisible" de l'Etat d'Israël et de créer une capitale d'un Etat palestinien dans des faubourgs de Jérusalem.
Pour l'Autorité palestinienne, l'annonce jeudi de nouveaux logements dans les colonies de Jérusalem-Est "participe de la mise en œuvre" du projet de Trump, jugé "historique" par les autorités israéliennes.
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