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Culture - Profil

Chez Nayla Khayat, au bonheur des enfants...

Sur les genoux de leurs mamans ou de leurs nounous, les jambes croisées en tailleur, couchés par terre sur le ventre, les yeux rivés sur le castelet, les enfants sont suspendus aux mains et à la voix de la marionnettiste pour suivre les aventures de Tine et Zbib, et cela dure depuis plus de 25 ans...

Les enfants suspendus aux mains et à la voix de Nayla Khayat. Et cela fait plus de 25 ans que ça dure… Photo DR

Il est très rare d’évoquer l’établissement scolaire dans lequel on a évolué en termes élogieux et encore plus rare de reconnaître ce que l’on doit à son école. Et pourtant… C’est avec nostalgie et amour que Nayla Khayat se remémore le Collège protestant de Beyrouth où elle a grandi. « À l’époque, dit-elle, nous avions comme directrice Louise Wegman elle-même, une maîtresse extraordinaire, passionnée de botanique et d’animaux qui nous avait sensibilisés au vivant : les arbres, les plantes, les fleurs... Par journée de grand soleil, elle suspendait les compas et les équerres et nous sommait de refermer nos livres pour nous emmener gambader dans le jardin avec Samuel le jardinier qui se joignait à nous. Je ne me souviens pas avoir passé une journée entière entre quatre murs. En fin d’année, le flamboyant, le sapin argenté, le mimosa et le jacaranda n’avaient plus de secrets à nos yeux, et nous rentrions à la maison les cheveux encombrés de brindilles et les ongles noircis de boue. »

Au commencement était la musique

Nayla Béchara était encore en classe de philosophie quand elle décide, avec deux amies, de monter un récital de poésie et de le présenter en spectacle : ce sera Divers Soleils avec musique et chansons à l’appui (et Leila Haddad à la guitare). « Une amie à nous qui connaissait Samy Khayat (déjà sur scène) l’invite à venir voir le spectacle. Je récite le poème de Paul Fort Le Bonheur, et Samy, ébloui par ma prestation, me propose de travailler avec lui. Mais il me fallait d’abord obtenir mon bac. C’est ainsi que l’année suivante, je rejoins la troupe pour le rôle de présentatrice. Je chantais en présentant sur des airs de chansons françaises connues. » L’école achevée, elle accomplit des études supérieures en pédagogie et en psychomotricité. Elle choisit pour son diplôme le thème de la musique : « J’ai toujours eu beaucoup d’oreille, et petite, il m’arrivait souvent d’abandonner mes études pour me consacrer à la musique. Ma mère, très artiste, m’encourageait. Plus tard dans mon métier d’éducatrice, j’inventais mon propre matériel. » Toute cette expérience lui servira pour le spectacle de Tine et Zbib. Lorsqu’on lui propose un poste d’enseignement pour les élèves de CM2, c’est vers le grand jardin qu’elle se tourne : « Je voulais plonger mes mains dans la terre glaise et la pâte à modeler, laisser leurs petites menottes barbouiller les murs de peinture et leur apprendre à être libres. »

Je lui dois tout...

Samy Khayat présentait le spectacle Salam Use accompagné d’André Bekhazi. « La pièce était un grand succès et moi j’étais chargée de la présentation. Pour avoir accompagné Samy et ses partenaires sur scène, aujourd’hui je suis fière de le dire, je lui dois la rigueur et la précision dans mon travail : être toujours dans les temps, le changement de costume en trois minutes, le passage d’un personnage à un autre, arriver à meubler les espaces morts, rebondir toujours et surtout maîtriser la technique. Tout cela va s’avérer indispensable pour mes futurs spectacles de marionnettes et pour les contes musicaux qui suivent chaque spectacle. J’étais déjà rodée pour faire tout, toute seule et vite. »

Lorsque Nayla Khayat se lance dans l’écriture de Tine et Zbib (« Figue et Raisin sec », titre inspiré par l’odeur des enfants lorsqu’une maman les embrasse), son frère établi au Luxembourg et travaillant pour le journal Zac (un journal pour enfants écrit en luxembourgeois) lui propose une petite collaboration. Zac voulait initier les enfants au français et voilà comment Tine et Zbib visiteront le Luxembourg. Elle continue à accompagner Samy Khayat et sa troupe, poursuit sa carrière d’éducatrice jusqu’en 1995, date à laquelle son époux prend la décision de commencer à se produire seul sur scène. Le grand saut pour le one man show, pour elle et pour lui.

Et toi tu es Figue et Raisin ?

D’abord inspiré par ses propres enfants, ensuite par l’environnement dans lequel elle vit (en pleine nature entourée d’animaux, un amour qui lui a été inculqué par sa mère et par Samy). Voilà le point de départ de Tine et Zbib.

Tine l’aînée est la fille sage et responsable, Zbib son petit frère est espiègle et aventurier, le loup, la souris (Souricette) et le coq qui les réveille sont les constantes du spectacle, auxquels viendront se joindre Pouet Pouet le perroquet (inspiré d’une histoire vraie), Patapouf l’éléphant, la méchante sorcière, le guitariste aveugle et tant d’autres. « Je n’ai jamais écrit en réfléchissant à un thème. L’histoire coule naturellement », confie-t-elle. Nayla enregistre le son, le bruitage et sa voix en studio, et utilise des marionnettes à gaine. Après 15 minutes de spectacle, elle sort de derrière le castelet avec Tine et Zbib, présente durant 5 minutes un jeu de rythme sur le pays que les enfants ont visité durant le spectacle pour enfin leur lire un conte musical et provoquer leur interaction. Quand elle investit le Musée de la découverte, c’est un grand succès. Aujourd’hui elle se produit au Talent Square du Village à Dbayé et chez Fox & Frog à Achrafieh.

Dans ses histoires, Nayla Khayat aborde le courage, l’entraide, l’acceptation de soi, l’amitié, la solidarité et l’amour. À la regarder de plus près, on réalise qu’elle est tout cela. Ses yeux brillent d’une innocence désarmante et la pureté de l’enfance souligne encore son sourire communicatif.

Il est très rare d’évoquer l’établissement scolaire dans lequel on a évolué en termes élogieux et encore plus rare de reconnaître ce que l’on doit à son école. Et pourtant… C’est avec nostalgie et amour que Nayla Khayat se remémore le Collège protestant de Beyrouth où elle a grandi. « À l’époque, dit-elle, nous avions comme directrice Louise Wegman elle-même, une...

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Bravo.

Eddy

09 h 45, le 19 février 2020

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  • Bravo.

    Eddy

    09 h 45, le 19 février 2020

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