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Culture - Rencontre

Maestro Gianluca Marcianó : Le Festival d’al-Bustan est un des piliers de la culture libanaise

Ce soir, mardi 18 février, s’ouvre en grande pompe, contre vents et marées, le 27e Festival d’al-Bustan* calfeutré sur les hauteurs de Beit-Méry au cœur d’un écrin de verdure. En préambule, pour des partitions portant toutes la signature de Ludwig Van Beethoven, rencontre avec son directeur artistique depuis une bonne décennie.

Gianluca Marcianó. Photo DR

Quarante-trois ans, allure dynamique et sportive, le chef d’orchestre est un Libanais de cœur, Arménien par alliance (il habite Erevan avec sa jeune épouse violoniste) et Italien de souche. Né près de Gênes dans la commune de Lerici, où ont vécu lord Byron et le poète Shelley, maestro Gianluca Marcianó, quoique polyglotte (six langues à son actif, dont le russe, le français, le slovène…) a gardé un délicieux accent italien qui vient ensoleiller son interview en anglais.

Ce soir, le maestro donnera le « la » du 27e Festival d’al-Bustan dont il est également le directeur artistique, pour une édition en hommage à Ludwig Van Beethoven, à l’occasion du 250e anniversaire de la naissance du génial pianiste et compositeur allemand.

Petit survol de la carrière de cet ami du Liban, que la plupart des mélomanes connaissent, sans vraiment le connaître… Pianiste prodige à dix ans, Gianluca Marcianó donne ses premiers concerts très tôt en se penchant aussi sur la musique de chambre. Mais le virage dans sa carrière s’opère en 2001 lorsque, engagé comme répétiteur au Festival de Verdi à Parme, il découvre les beautés de l’art lyrique.

Il reprend alors des études dirigées vers le monde du bel canto à Lubiana en Slovénie. Ses débuts à Zaghreb en Croatie avec Nabucco de Verdi sont chaleureusement applaudis. Et de là, c’était déjà glisser vers l’univers des symphonies pour une communion musicale entière qui dure depuis trente-trois ans.

Ne lui demandez pas ce qu’il pense du Liban et des Libanais ! C’est une cascade d’éloges, un vrai cri du cœur. « Je suis totalement amoureux du Liban. C’est l’amour au premier regard », dit-il spontanément dans un grand sourire. Et de poursuivre : « D’abord, cette capacité des Libanais de passer si facilement d’une langue à une autre, cette étonnante flexibilité culturelle. Mon séjour ici pour la saison du festival m’accompagne toute l’année. C’est un sentiment qui perdure… Tant de similarité avec l’Italie, le vin, l’aspect des lieux historiques, l’amabilité des gens. J’aime cette tradition méditerranéenne mêlée à ce qui est oriental… »


Le destin et L’empereur

Pour cette soirée d’ouverture, deux œuvres du génie de Bonn avec le concours de l’Orchestre philharmonique libanais : La symphonie n° 5 dite Le Destin et le concerto pour piano n° 5 dit L’Empereur avec la soliste Gloria Campaner qui revient pour la troisième fois au Bustan. Et bien sûr, le tout sous la houlette de maestro Gianluca Marcianó.

Pourquoi le choix du Destin ? « C’est une signature de paix de Beethoven. Tout le monde connaît ces coups de la destinée. C’est une manière fascinante et inspirante d’ouvrir le festival. Je trouve incroyable le pouvoir de Beethoven d’utiliser le contrepoint. Comme on tricote… En même temps, au 4e mouvement, il y a les cors en tonalité majeure. Un son massif comme un grand moment de joie. On commence avec une interrogation et on a la réponse en do majeur. C’est comme passer de l’ombre à la lumière. C’est un message au monde : de la confusion à la clarté », explique le musicien

Rencontrée à Tbilissi en Géorgie pour un concerto aussi de Beethoven (le n°3), Gloria Campaner est devenue une amie du musicien avec qui il a souvent travaillé. Quid de ce concerto dit L’Empereur que la brillante pianiste va interpréter ? « Tout d’abord, c’est l’idée de Myrna Bustany d’associer, sous le même numéro, symphonie et concerto, explique le maestro. Cela se coordonne parfaitement. Quand Beethoven a composé ce concerto et l’a donné en public, c’était, pour l’époque, de l’avant-garde… Avec le temps, l’œuvre a pris sa place. C’est monumental, avec un 2e mouvement incroyablement intime. Une ouverture en puissance et explosive, le public est captivé dès les premières mesures… Gloria Campaner est l’interprète parfaite pour ce concerto pour un jeu plein de maturité dans une œuvre de Beethoven faisant surgir tout son aspect à la fois classique et précurseur du romantisme… »

Pour ce chef d’orchestre féru de la musique de Tchaïkovski, Beethoven, Schumann, Brahms, Mahler, mais aussi de jazz, Miles Davis, Cole Porter, Charles Fitzgerald et, note inattendue, Charles Aznavour, Pink Floyd, Rolling Stones et Bob Dylan, de toute évidence de la musique avec un grand M, l’opéra garde une place spéciale dans son cœur et ses préoccupations. Son premier CD enregistré se trouve dans les bacs, il est intitulé Momento immobile, contenant des extraits de Bellini et Rossini Donizetti, avec la soprane Venera Gimadieva.

Beit-Méry, ce haut lieu de la culture, « ce lieu devenu image de marque et pilier de la scène culturelle libanaise, dit Gianluca Marcianó, ce lieu où les rêves deviennent réalité, s’épanouit depuis plus de deux décennies. Y fleurit l’amitié pour (et par) les musiciens à travers les horizons du monde. Dans cet hôtel, se retrouve une grand famille. C’est un lieu de loyauté. Tous demandent à y revenir. Khatia Buniatishvili, Renaud et Gautier Capuçon sont les ambassadeurs de ce festival… ». D’ailleurs, les deux frères musiciens sont à l’affiche de ce festival le 29 février et le 2 mars.

Après le 22 mars prochain, date de clôture du festival, maestro Gianluca Marcianó s’envolera vers Budapest et Dansk où l’attendent d’autres événements musicaux. Ensuite, il y a Grange Park Opera au Royaume-Uni avec le ténor Joseph Calleja pour le lever de rideau de La Joconda d’Amilcare Ponchielli.

Dernier mot au public pour cette ouverture si attendue en ces moments de troubles politiques, économiques et sociaux au Liban ?

« Il faut venir à tous les concerts de ce festival. Il ne faut rien rater ! »


*Soirée du mardi 18 février à l’auditorium Émile Bustani à 20h30 précises. Programme : « Symphonie n° 5 » et « concerto pour piano n° 5 » de Beethoven avec l’Orchestre philharmonique libanais dirigé par Gianluca Marcianó et la soliste pianiste Gloria Campaner.


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