Le coordinateur des Nations unies au Liban, Jan Kubis, s’est rapidement imposé sur la scène diplomatique. Succédant à Pernille Kardel, il a très vite donné un nouveau style à la représentation de l’ONU au pays du Cèdre en adoptant un ton pour le moins direct et franc dans l’approche de la crise libanaise. Invité par l’ordre des rédacteurs à une rencontre-débat hier, M. Kubis s’est prêté au jeu, tout en insistant sur le fait qu’il croyait avoir été invité pour discuter des problèmes de la presse. Il a rappelé la position des Nations unies à l’égard du Liban : « Si vous voulez être aidés, vous devez vous aider vous-mêmes ! » Il a ajouté que la composition et la forme du gouvernement de Hassane Diab sont des questions internes et que ce qui compte pour la communauté internationale, c’est le programme de ce cabinet et sa détermination à mener des réformes, dont la plus pressante porte sur le dossier de l’électricité. « C’est une honte que le Liban n’ait pas encore du courant électrique 24h sur 24 », a déclaré le diplomate, qui a toutefois refusé de trop entrer dans les questions politiques.
Prié de définir les conditions exigées par la communauté internationale pour aider le Liban, M. Kubis a répondu : « Les réformes, les réformes et encore les réformes », avant d’ajouter qu’il ne peut pas entrer dans les détails avant que le gouvernement n’obtienne la confiance du Parlement. Il a aussi encouragé les journalistes à lire les réformes demandées par le Groupe international de soutien au Liban (GISL) et rappelé que les manifestants expriment à leur tour les réformes exigées, comme le dossier de l’électricité... Selon le coordinateur de l’ONU au Liban, pour que l’action des Nations unies soit efficace, elle a besoin « d’un partenaire, et cela ne peut être que le gouvernement ». Dans ce contexte, l’ONU ne s’intéresse pas à la forme du gouvernement. Elle souhaite simplement qu’il travaille pour le Liban, « qu’il écoute les revendications du peuple et qu’il mette au point une feuille de route claire pour résoudre la crise économique et sociale. C’est ce qu’avaient réclamé les Nations unies depuis le premier jour des protestations ».
Selon lui, le rôle des Nations unies au Liban ne se limite pas à la surveillance. L’ONU cherche à jouer un rôle plus efficace pour pousser vers l’amélioration de la situation sans que cela ne constitue une intervention dans les affaires libanaises internes ou dans toute question sensible pour la souveraineté du pays. Pour M. Kubis, une des grandes réalisations de l’ONU au Liban s’est faite à travers la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), qui contribue à maintenir le calme au Sud et dont le rôle est salué par les autorités libanaises.
(Lire aussi : « Et le Liban est mon unique allégeance », Impression de Fifi ABOU DIB)
Dossier des réfugiés
M. Kubis a souligné qu’au cours des derniers mois, les Nations unies ont intensifié leur rôle au Liban en augmentant les aides et en assurant un contact avec la communauté internationale. Il a rappelé à cet égard que les Nations unies essaient également d’aider autant que possible les réfugiés pas seulement syriens, mais aussi palestiniens. Il a rappelé que l’ONU est avec le droit au retour des Palestiniens et des Syriens, mais un retour volontaire, digne et sûr. « Nous sommes conscients du poids que représente pour le Liban la présence de ces réfugiés et nous essayons de faciliter la situation », a-t-il dit.
Auparavant, le président de l’ordre des rédacteurs Joseph Kossaïfi a prononcé un mot de bienvenue dans lequel il a rappelé le rôle du Liban dans la fondation de l’ONU, ainsi que le rôle de Charles Malek dans l’élaboration de la Déclaration des droits de l’homme, ajoutant que le Liban et l’ONU ont des relations étroites, notamment par le biais de la Finul au Sud. Kossaïfi s’est toutefois posé des questions sur l’efficacité du rôle des Nations unies face aux « violations israéliennes de la résolution 1701 » et dans leur approche du dossier des déplacés syriens.
De son côté, M. Kubis a confié sa joie de constater que les médias au Liban ont réussi, depuis le début des événements, « à jouer un rôle important et à participer au changement ». Il a précisé à cet égard que dans ses rencontres avec les autorités politiques, il insiste sur la nécessité de préserver les droits des journalistes. Le diplomate a déploré la fermeture de plusieurs journaux et revues, surtout dans un pays comme le Liban où la presse a joué un grand rôle, tout en précisant que l’ONU n’a pas les moyens nécessaires pour aider la presse. Il a toutefois invité les journalistes à informer les Nations unies des exactions et des agressions qu’ils subissent, notamment le coordinateur humanitaire de l’ONU au Liban, Philippe Lazarini.
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commentaires (8)
Ce n'est pas en dénigrant constamment ce que disent ou conseillent les autres que l'on peut escamoter l'effroyable situation dans laquelle nous ont menés nos responsables libanais qui sont au pouvoir depuis des années ! Irène Saïd
Irene Said
16 h 38, le 06 février 2020