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Lifestyle - Bande dessinée

Une nouvelle vie pour le classique « Tif et Tondu »

Le Festival d’Angoulême ouvre une année du 9e art en France.

Des amateurs du 9e art visitant l’exposition « Robert Kirkman, Walking Dead et autres mondes pop ». Yohan Bonnet/AFP

Grand rendez-vous annuel des amoureux du 9e art, le Festival d’Angoulême a officiellement lancé jeudi l’année de la BD en France, marquée toutefois par l’inquiétude de dessinateurs et scénaristes peinant à vivre de leurs planches. Le ministre français de la Culture, Franck Riester, présent à Angoulême, l’a proclamé : « La France aime le 9e art ! » Signe de cet intérêt, le président Emmanuel Macron a fait le déplacement et a déjeuné avec des auteurs. La dernière visite d’un chef d’État au Festival d’Angoulême remonte à 1985, avec François Mitterrand. M. Macron a ainsi célébré un « art majeur », « un art qui fédère » les générations et les milieux, et dont la vitalité actuelle est « extraordinaire ».

Symbole de cette vitalité, des séries classiques de la BD franco-belge tombées en désuétude s’offrent une nouvelle jeunesse. Ainsi, Tif et Tondu, personnages nés en 1938, renaissent sous le pinceau magique de Blutch et la plume déliée de son frère Robber. « Je n’ai jamais trouvé Tif et Tondu ringards et démodés », soutient Blutch, dessinateur sachant pratiquement tout faire et lauréat du Grand Prix d’Angoulême en 2009. Onze ans après cette consécration, Blutch est de retour pour la 47e édition du festival, où il a présenté Mais où est Kiki (Dupuis), nouvelle aventure des deux héros créés par Fernand Dineur et dont le dernier album, porté par le dessinateur Will (disparu en 2000), est paru en 1997. « C’est pour ça que c’était tentant de reprendre Tif et Tondu », s’amuse Blutch. « Tif et Tondu étaient oubliés, au placard, abandonnés », s’indigne en souriant le dessinateur.

Tif, le chauve, et Tondu, le barbu, revus par Blutch et Robber, sont devenus des écrivains, « des justiromanciers », précise Robber, fier de la trouvaille de ce mot-valise. D’ailleurs, un roman écrit par Tif et Tondu existe bel et bien. Tiré à peu d’exemplaires par Dupuis, ce roman, intitulé L’antiquaire sauvage, peut se lire comme un préquel de la BD. C’est surtout un formidable roman policier que l’on lit avec délectation. Le texte (signé en réalité par Robber) est digne des meilleurs bouquins de Donald Westlake tant les dialogues sont vifs, drôles et percutants.

Effet miroir, l’album commence au cours d’une séance de signature du vrai-faux roman dans une librairie. Blutch et son frère (l’un est chauve et l’autre est barbu !) n’ont pas voulu faire un pastiche. Autant lecteurs qu’auteurs, leur album peut se lire comme un hommage sincère aux créateurs de la série et notamment à Will, Maurice Rosy et Maurice Tillieux. « J’ai tenté de maintenir l’émerveillement du lecteur que j’étais », explique Blutch. L’action se déroule à la fin des années 1980. On croise des malfrats coriaces, des policiers largués, un sosie de Pierre Bellemare, tenancier du louche Goulag Klub, une cape d’invisibilité et bien sûr la comtesse Amélie, dite Kiki, enlevée et retenue prisonnière. Le récit est mené tambour battant.



Les héros oubliés
Amateur de jazz, Blutch avait déjà revisité ses classiques dans l’album Variations où il rendait hommage aux titres qui l’avaient le plus influencés, des Pieds Nickelés à Lucky Luke. Sa passion pour Picsou est restée intacte. L’idée de revisiter Tif et Tondu « remonte à loin » se souvient Blutch. À la demande de son frère, Robber s’est lancé dans ce « pari un peu fou » d’écrire un scénario (son premier scénario de BD). Blutch reconnaît avoir mis « trois à quatre ans » pour dessiner cette histoire. Le résultat est magnifique, mais il n’est pas question de reprendre la série. L’album restera unique. Un autre roman signé Tif et Tondu n’est en revanche pas exclu. « J’écrirais avec plaisir un second roman », confirme Robber.

Ce nouvel album d’un duo mythique de la BD est le dernier avatar d’une forte tendance du 9e art : ressusciter les héros oubliés de la bande dessinée. Ces derniers mois, des auteurs contemporains ont repris à leur compte de grands classiques. Le Spirou d’Émile Bravo est en passe de devenir lui-même un classique, Joann Sfar et Christophe Blain ont repris le Blueberry de Charlier et Jean Giraud, Blake et Mortimer se sont offert une nouvelle jeunesse, Jul est devenu scénariste de Lucky Luke qui poursuit son chemin solitaire sans Morris, Mickey a été revisité par des dessinateurs comme Cosey ou Lewis Trondheim. Corto Maltese, Ric Hochet, Alix et évidemment Astérix répondent toujours présent.

Quelque 2 000 auteurs et auteures sont à Angoulême jusqu’à demain. De nombreuses expositions dont, pour la première fois en France, une rétrospective consacrée à l’Américain Robert Kirkman, créateur de la série Walking Dead, sont présentées au public. Première dessinatrice de BD nommée à l’Académie des beaux-arts, Catherine Meurisse (par ailleurs en lice pour le Grand Prix d’Angoulême) a également droit à une grande exposition. Le Fauve d’or, prix très convoité attribué au meilleur album de l’année, sera décerné ce soir. Quarante-trois albums sont en lice. Jeudi, le prix Jeunesse du festival a été décerné à l’autrice Camille Jourdy pour son album Les vermeilles (Actes Sud BD), un livre pour les enfants à partir de 7 ans.


Grand rendez-vous annuel des amoureux du 9e art, le Festival d’Angoulême a officiellement lancé jeudi l’année de la BD en France, marquée toutefois par l’inquiétude de dessinateurs et scénaristes peinant à vivre de leurs planches. Le ministre français de la Culture, Franck Riester, présent à Angoulême, l’a proclamé : « La France aime le 9e art ! »...

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