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Société - Social

Un gîte pour les sans-abri se transforme en maison familiale à Choueifate

Abbas aidant Hala dans la cuisine pour déballer les gâteaux préparés par elle.

Des sans-abri, des personnes dans le besoin matériel ou moral ont désormais une nouvelle adresse pour les accueillir à bras ouverts. C’est une petite maison, un rez-de-jardin à Choueifate qui a été progressivement aménagé grâce à des dons de bienfaiteurs pour se transformer en un centre d’accueil. À l’origine de l’initiative se trouvent trois anges gardiens : Hala Dahrouj, Joanna Francis Atik et Amir Chouiti. « Au début, nous avons assuré des chambres dans des pensions à Gemmayzé pour plusieurs personnes à 15 000 LL le lit par jour. Mais par la suite, nous n’arrivions plus à gérer le nombre et la distance entre les pensions. Nous avons alors décidé de trouver une maison à louer pour rassembler toutes les personnes sous un même toit, de manière à mieux contrôler notre budget serré, collecté à partir de donations offertes par des particuliers via notre page Facebook LibanTROC », explique Hala Dahrouj. Cette maison, c’est une veuve, Nada, mère de trois enfants et ancienne bénéficiaire des services de LibanTROC, qui a aidé à la trouver. Nada, qui a été coachée par Hala et s’est lancée dans une petite affaire de vente de bouchées libanaises, est désormais la voisine des sans-abri, elle leur fait la cuisine et s’occupe autant que possible d’eux avec l’aide des trois activistes qui se relaient à la maison et pour l’approvisionnement.

Dans ce logis composé de deux chambres à coucher, une salle de séjour, deux salles de bains et une grande cuisine, et qui peut héberger jusqu’à 12 personnes, vivent actuellement six hommes : Joseph, Khalil, Samer, Salim, Majid et Abbas. Mais la gérante du projet insiste sur le fait que cette maison, dont le loyer s’élève à 800 000 LL par mois, est une solution provisoire pour les sans-abri, le temps que ces personnes trouvent du travail et par la suite un domicile fixe. Salim Frem, 60 ans, célibataire, au chômage depuis un moment et à la recherche d’un travail de concierge, a été récupéré par Amir Chouiti de l’hôpital Hariri après que la Croix-Rouge libanaise l’a transporté suite à une chute sur la voie publique. « Je n’y ai pas cru au début quand Amir m’a approché en me consolant et me disant que tout sera pris en charge par lui et que j’allais retrouver un endroit où dormir et manger gratuitement », dit l’homme en sirotant tranquillement son lait accompagné d’un morceau de gâteau préparé par Hala. « Tout nous est assuré ici, même nos paquets de cigarettes et avec la plus grande gentillesse, sinon je ne saurai où aller ni comment me payer le loyer des chambres insalubres entre lesquelles je me déplaçais à Nabaa (quartier pauvre de Bourj Hammoud) », affirme-t-il. Le loyer du centre d’accueil est assuré pour les trois mois à venir en attendant des donations supplémentaires et le financement assuré sur la page Facebook de LibanTROC à travers la mise en vente de bracelets en tissu dans des points de vente précis au Liban ainsi qu’à l’étranger. Khalil Afriti, 65 ans, a eu des problèmes familiaux et financiers qui l’ont forcé à quitter Tyr, laissant derrière lui sa femme et ses quatre filles mariées. Khalil avait « élu domicile » à la place des Martyrs. Il s’abritait dans l’entrée d’un des immeubles durant les mouvements de protestation. « C’est une personne qui m’a vu dormir durant plusieurs jours à la place des Martyrs qui m’a présenté à Amir et, depuis, je suis accueilli par Mme Hala dans ce lieu de grâce, loin de la rue. Ils m’ont offert des habits et un logement sans rien en contrepartie et je n’aimerai plus retourner à Tyr avant que je ne puisse rassembler la somme du loyer que je n’ai pu payer depuis plusieurs mois », explique-t-il les yeux larmoyants.

Abbas s’occupe actuellement du ménage et de la préparation des plats quand aucune autre alternative ne s’offre aux membres du groupe. Peintre en bâtiment à la base, Abbas s’est retrouvé au chômage depuis Noël. Il n’avait plus les moyens de payer son lit dans une pension à Achrafieh. « Le propriétaire est gentil et généreux, et il m’a offert quelques nuitées gratuites, mais finalement j’ai dû sortir et dormir sous le pont Fiat en face de Souk el-Ahad pendant une dizaine de jours avant d’aller vers Beit el-Aatak où j’ai pris mon premier bain. C’est là qu’on m’a mis en contact avec LibanTROC. Ici, avec mes potes, je me sens bien entouré, mieux que je ne l’étais avec ma famille qui a été à l’origine de mon divorce et de ma situation lamentable », raconte-t-il en regardant tristement sa cigarette qui s’est éteinte dans sa main tremblant d’émotion. « J’ai beaucoup de fierté et je veux à tout prix trouver du travail, j’ai même accepté de prendre en charge un chantier en construction à mi-tarif juste pour redevenir productif et essayer d’aider dans le financement de nos dépenses quotidiennes ici », conclut-il. C’est à ce moment que Hala Dahrouj reçoit un appel téléphonique lui assurant que Thérèse, une jeune fille de 7 ans admise à l’hôpital al-Salam, dirigé par le Dr Gabriel Sabeh, pour des brûlures du troisième degré, est sortie de l’hôpital grâce aux dons du médecin et de dix-huit autres personnes qui ont pu couvrir la somme de 5 millions de LL d’une facture réduite presque de moitié par la direction de l’hôpital. C’est dans cette ambiance de joie et de soulagement qu’arrive une autre personne se joindre au groupe rassemblé autour d’un café. Joseph Makhlouf, 53 ans, écrivain et ancien journaliste, s’était retrouvé sans ressources après la fermeture du groupe de presse Dar al-Sayad, il y a quelques années. Il a dormi quatre nuits sous une tente place des Martyrs avant de rencontrer Amir, qui l’a pris en charge et l’a accueilli dans la maison de Choueifate. Joseph, traité actuellement pour des problèmes cardiaques et dont un groupe de médecins volontaires de LibanTROC se charge, a déjà signé quatre ouvrages en arabe. Il prépare un cinquième livre en attendant un financement. Les murs de cette petite maison à Choueifate cachent beaucoup d’autres histoires non racontées par pudeur et des blessures profondes que la crise actuelle dans le pays ne fait qu’aggraver. Ses locataires ont besoin d’un soutien financier et logistique urgent. Toute personne intéressée est invitée à se connecter sur la page Facebook de LibanTROC.



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