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Une jeune chercheuse libanaise valorise les micro-algues du Litani

Une thèse de doctorat de Sara Obeid sur l’exploitation des déchets agricoles lui a valu le prix Léopold Escande, délivré par l’Institut national polytechnique de Toulouse.

Dans le cadre de sa mission de sensibilisation sur l’importance des micro-algues, en particulier ceux présents dans le Litani, Sara Obeid a participé à diverses activités de dissémination des informations et de vulgarisation scientifique, dont le GTALKS, plate-forme mondiale pour la promotion de la recherche doctorale et des chercheurs. Photo Bassem Zeineddine

Le Litani recouvre des potentialités méconnues du grand public, grâce une espèce de micro-algues dont ce fleuve est particulièrement riche. C’est ce qu’affirme Sara Obeid qui a consacré sa thèse à l’étude des algues microscopiques, dans le cadre de son doctorat à l’École nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques de l’Institut national polytechnique de Toulouse, en cotutelle avec l’École doctorale de l’Université libanaise.

Sélectionnée parmi une centaine de doctorants, Sara Obeid est lauréate, avec 23 autres chercheurs, du prix Léopold Escande 2019. Cette docteure en science de la matière et en biotechnologie a étudié trois espèces de micro-algues, dans sa thèse intitulée « Écoconception d’un procédé de fractionnement de micro-algues : utilisation de CO2 supercritique, technique membranaire et ultrasons à basse fréquence ». « Ma thèse traite d’un sujet d’actualité, consistant à valoriser les déchets agricoles », note Sara Obeid. En effet, celle-ci a travaillé en particulier sur la simplification du processus de la valorisation des micro-algues, en optimisant la sélectivité de l’extraction de leurs principaux composants, les protéines et les lipides. « Les micro-algues présentent différents avantages. Les lipides sont utilisés comme fuel. Comme l’énergie fossile est en train de s’épuiser, l’unique alternative dans le domaine de l’énergie renouvelable et végétale est représentée par les micro-algues, ceux-ci étant compétitifs au niveau du coût et du rendement », assure la docteure Obeid. Quant aux protéines, ils sont utilisés dans l’industrie alimentaire ou dans les domaines cosmétique et pharmaceutique. D’ailleurs, « certaines protéines de micro-algues constituent un moyen de prévention contre le cancer, ainsi qu’un traitement anticancéreux », continue-t-elle.


Investir dans les eaux du fleuve

L’une des espèces d’algues microscopiques que cette docteure a étudiée renferme, en effet, des protéines antioxydantes et anticancéreuses dont les pigments sont de couleur bleue. À l’aide de la technique de l’ultrafiltration, elle a pu séparer les pigments et extraire en grande quantité les bleus. « L’espèce de micro-algues contenue dans le Litani présente une quantité énorme de pigments anticancéreux. Si on arrive à extraire ces derniers et à les utiliser, on pourrait prévenir plusieurs cas de cancers ou même les traiter », affirme Sara Obeid, évoquant le nombre élevé de mortalité, au Liban, suite à cette maladie. « Nous avons impérativement besoin de trouver des solutions et investir dans les eaux du Litani. Actuellement polluées, elles peuvent en revanche constituer une alternative pour le traitement contre le cancer », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, dans le cadre de son étude, Sara Obeid a utilisé différentes techniques vertes d’extraction des constituants des micro-algues, dont un processus d’extraction des lipides, appelé supercritique, qui consiste à liquéfier le gaz carbonique, ou la technique membranaire, grâce à laquelle elle a pu extraire plus de 80 % des protéines. Afin d’extraire les protéines d’une façon sélective et efficace, elle a aussi utilisé la technique de l’ultrason, à la fréquence basse de 12KHz qu’elle a brevetée, en 2018. « Je suis la première à utiliser cette fréquence, la limite minimale communément adoptée étant de 20KHz », note-t-elle.

Depuis son retour au Liban, Sara Obeid s’est fixé comme mission la sensibilisation de l’opinion publique sur la valorisation des micro-algues, cet « or vert » dont elle est passionnée. « Notre but en tant que chercheurs ne se limite pas à publier des articles, mais à effectuer une vulgarisation scientifique afin d’informer les gens sur la portée des études que nous entreprenons. » Son objectif actuel, c’est d’essayer de trouver un financement et des partenariats, afin d’établir des laboratoires pour effectuer des extractions des micro-algues du Litani à une échelle industrielle. « Lorsque je vois la situation de notre pays, qui se dégrade, je ressens le besoin d’agir, d’une façon ou d’une autre (...) », dit-elle.



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