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Monde - Éclairage

Le désengagement militaire du Moyen-Orient, la plaie de Trump ?

Plus que son prédécesseur Barack Obama, l’actuel locataire de la Maison-Blanche a fait du retrait américain de la région l’une de ses principales priorités.

Le président américain Donald Trump évoquant les tensions avec l’Iran à la Maison-Blanche, à Washington, DC, le 8 janvier 2020. AFP/Saul Loeb

Les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. Il y a encore quelques semaines, en octobre 2019, lors du « retrait » des troupes américaines de Syrie, la presse américaine – et anglophone en général – parlait du début de l’ère « postaméricaine » au Moyen-Orient. « La dissuasion américaine au Moyen-Orient s’effondre », soulignait ainsi le 30 octobre dernier le magazine américain Foreign Policy. « Nous assistons à l’émergence d’un Moyen-Orient postaméricain, avec diverses puissances régionales en quête d’influence, principalement l’Arabie saoudite et l’Iran », expliquait de son côté le Washington Post le 1er novembre 2019.

Une scène similaire s’était déjà produite en décembre 2018 lors d’une précédente annonce d’un retrait de Washington de Syrie. Dans un tweet, Donald Trump avait annoncé le désengagement complet des forces américaines basées dans le pays, entraînant dans la foulée une levée de boucliers, notamment marquée par la démission de son secrétaire à la Défense, James Mattis. Le président américain avait néanmoins rapidement fait volte-face et finalement conservé ses troupes spéciales sur le sol syrien. « Alors que les États-Unis quittent la Syrie, le Moyen-Orient fait face à une (nouvelle) ère », évoquait alors le New York Times un mois plus tard. Les Américains conservent, en ce début d’année 2020, près d’un millier d’hommes en Syrie.

Bien qu’il ait montré à maintes reprises sa volonté de le dépasser et faire mieux que lui dans de nombreux domaines, Donald Trump a, malgré lui, deux points communs avec son prédécesseur Barack Obama : la volonté de se désengager militairement du Moyen-Orient, mais aussi la difficulté pour y parvenir. L’actuel locataire de la Maison-Blanche en avait même fait l’une des priorités de son mandat, voulant absolument quitter la région et ses « guerres inutiles » coûtant des milliards de dollars.

En octobre, lors de ce qui s’est avéré au final être un « redéploiement » des forces américaines en Syrie, Donald Trump n’y était pas allé par quatre chemins. « Les États-Unis ont dépensé HUIT TRILLIONS DE DOLLARS pour se battre et faire la police au Moyen-Orient. Des milliers de nos grands soldats sont morts ou ont été gravement blessés. Des millions de personnes sont mortes de l’autre côté. ENTRER AU MOYEN-ORIENT EST LA PIRE DÉCISION JAMAIS PRISE DANS L’HISTOIRE DE NOTRE PAYS! » avait-il twitté le 9 octobre 2019. « Nous sommes allés à la guerre avec une justification fausse et maintenant réfutée, DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE. Il n’y en avait AUCUNE ! Maintenant, nous amenons lentement et soigneusement nos grands soldats et militaires chez eux. Notre accent est mis sur la GRANDE IMAGE ! LES USA SONT PLUS GRANDS QUE JAMAIS ! » avait-il ajouté.

Mais force est de constater que, trois ans après son installation dans le bureau Ovale, et à moins d’un an de l’élection présidentielle américaine, l’homme qui s’était fait le « président du désengagement » a au final mobilisé encore plus de soldats dans la région.

Ne pas quitter la région

Dès le début de son mandat, Donald Trump avait une stratégie régionale que l’on pourrait qualifier de « contradictoire », à savoir mettre l’Iran au pas en usant de moyens limités, compte tenu du désengagement. Cela passait par des sanctions contre Téhéran – réimposées juste après la sortie de Washington de l’accord sur le nucléaire en mai 2018 – qui certes font très mal à la République islamique, sans pour autant lui faire courber l’échine, bien au contraire. Une bête sauvage peut s’avérer encore plus dangereuse lorsqu’elle est blessée. « L’échec » de cette politique, combiné avec l’escalade irano-américaine ravivée dans le Golfe et à l’échelle régionale, ont poussé le locataire de la Maison-Blanche à s’y réengager militairement. Des milliers d’hommes ont ainsi été déployés dans la région ces derniers mois et d’autres risquent de les rejoindre si les tensions ne se dissipent pas.Vendredi soir, quelques heures après l’attaque américaine qui a tué le général iranien Kassem Soleimani, Washington a annoncé déployer 3 500 soldats dans la région pour y renforcer la sécurité des positions américaines. Ils s’ajouteront aux milliers d’autres venus en renfort aux mois de juin, puis de décembre 2019, pour protéger la région « contre l’action hostile de l’Iran et de ses proxies (ses milices) ». Les nouvelles troupes évoquées vendredi seront déployées en Irak, au Koweït et dans d’autres parties de la région, a rapporté la chaîne américaine NBC News.

Les Américains n’ont ainsi aucune intention de quitter la région, du moins pas pour l’instant. Malgré la décision émise dimanche par le Parlement irakien visant à débarrasser le pays de toute présence militaire étrangère, le secrétaire à la Défense, Mark Esper, a déclaré le lendemain que les États-Unis n’avaient pas pris de décision de quitter l’Irak, où plus de 5 200 soldats américains sont déjà stationnés. «  Aucune décision n’a été prise de quitter l’Irak. Point!  » a-t-il asséné. Recevant mardi le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à la Maison-Blanche, Donald Trump a confirmé cette version, expliquant qu’un retrait américain d’Irak « serait la pire chose » pour le pays, affirmant qu’« à un moment donné nous partirons » mais que « ce moment n’est pas encore venu ». Au contraire, hier, le président américain a appelé ses partenaires de l’OTAN – organisation qu’il ne se prive pas de critiquer – à s’investir de façon « beaucoup plus » importante dans la région aux côtés des Américains.

Les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. Il y a encore quelques semaines, en octobre 2019, lors du « retrait » des troupes américaines de Syrie, la presse américaine – et anglophone en général – parlait du début de l’ère « postaméricaine » au Moyen-Orient. « La dissuasion américaine au Moyen-Orient s’effondre », soulignait...

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LA PARISIENNE: En stratégie militaire, pourquoi s'entêter à confondre : "retrait " et "redéploiement" des forces américaines au M-O ?

Saab Edith

10 h 46, le 09 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • LA PARISIENNE: En stratégie militaire, pourquoi s'entêter à confondre : "retrait " et "redéploiement" des forces américaines au M-O ?

    Saab Edith

    10 h 46, le 09 janvier 2020

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